• Blog

    de Jean-Philippe Blondel

    Révolté par cette trahison, par ce " viol virtuel ", le narrateur décide de ne plus adresser la parole à son père. Pour se racheter, ce dernier lui fait un don... une plongée dans le passé qui ne sera pas sans conséquence. Un roman de la filiation et de l'écriture intime.

    --> Le père du narrateur est allé lire son blog et il décide de ne plus parler à son père. Pour renouer avec son fils, le père dépose devant sa chambre un carton rempli de souvenirs. Il va découvrir des secrets, qui vont lui permettre de revenir vers son père. C'est un court roman, auquel il manque quelque chose pour que je le conseille. Je l'ai trouvé un peu "fade". Alors que les ingrédients ado, blog, filiation, secret, mort avaient beaucoup pour me plaire.


    Citation:

    - C'est étrange, ces moments-là, quand, soudain, on devient les parents de ses parents. Quand, soudain, les aînés n'assurent plus. Fugitivement, je me suis vu dans trente ou quarante ans, en train de lui rendre visite, dans une maison de repos semblable à celle où croupit sa mère. Et lui, tête folle, souriant, incapable de se souvenir de mon nom - mon visage lui dit bien quelque chose, mais le nom alors là...
    C'est cette image-là, plutôt que son discours, qui m'a ébranlé. Ebranlé, mais pas au point de me faire oublier mon serment. Je ne parjure pas, moi. Enfin, pas tout de suite.

     


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  • ou l'enterrement de Mémé

    Adieu Berthe (2012)

    Réalisateur: Bruno Podalydès

    Avec Valérie Lemercier, Denis Poldalydès, Isabelle Candelier... 

    Synopsis et détails

     

    Mémé is dead. Berthe n'est plus. Armand avait "un peu" oublié sa grand-mère… Pharmacien, il travaille avec sa femme Hélène à Chatou. Dans un tiroir de médicaments, Armand cache ses accessoires de magie car il prépare en secret un tour pour l'anniversaire de la fille… de son amante Alix. Et mémé dans tout ça ? On l'enterre ou on l'incinère ? Qui était Berthe ?

    --> ça démarre bien, et même très bien. De l'humour pour distiller quelques vérités. La réalisation nous laisse libre de choisir dans le film ce qui nous touche le plus: la mort, la rupture de la quarantaine, les ados à la maison, la place de l'épouse et de la maîtresse, la bellemère "supérieure", les pompes funèbres... Quel dommage que passé la belle surprise je me sois ennuyée dans la deuxième moitié du film.


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  • Anthony Browne

    --> 4 points de vue narratifs pour une même histoire, des illustrations très riches. C'est un album riche par son récit et ses références culturelles, pas toujours perçues au premier coup d'oeil : un album vers lequel on aime retourner.
    Petite aversion pour les singes au début, que j'ai bien fait de dépasser.

    Anthony Browne

    --> Et oui, on dit tellement que l'arrivée d'un enfant va tout changer. Mais comment ça va changer? On ne découvre qu'à la fin que c'est un bébé qui va arriver, et en attendant, on se demande vraiment ce qui va changer, comment ça va changer. Un de mes favoris chez Antony Browne.

    Anthony Browne

    --> Un conte qui raconte les différences et les conflits d'un frère et d'une soeur et leur réconciliation dans l'épreuve. Les illustrations évoquent l'imaginaire de l'enfance. A lire en famille!


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  • Les lettres de mon moulin

    d'après Alphonse Daudet

    de Thouret et Duthil

    Résumé de"Les lettres de mon moulin en BD"

     

    Adaptation joyeuse et pittoresque des célèbres nouvelles d'Alphonse Daudet en BD !
    Partez à la rencontre du berger de La Chèvre de Monsieur Seguin, du Curé de Cucugnan et de bien d'autres personnages pittoresques à l'accent chantant !
    Des petites histoires pour se ressourcer au chant des cigales et à l'ombre des oliviers.

    --> un dessin doux, un texte raffiné. Les auteurs ont voulu coller au texte original d'Alphonse Daudet. Mais cela rend les histoires incompréhensibles à qui ne connait pas déjà ces magnifiques lettres. A lire donc éventuellement en prolongement du chef d'oeuvre original, sinon à éviter.


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  • Veuf

    de Jean Louis Fournier

    Présentation de l'éditeur

     « Je suis veuf, Sylvie est morte le 12 novembre, c’est bien triste, cette année on n’ira pas faire les soldes ensemble. Elle est partie discrètement sur la pointe des pieds, en faisant un entrechat et le bruit que fait le bonheur en partant. Sylvie m’a quitté, mais pas pour un autre. Elle est tombée délicatement avec les feuilles. On discutait de la couleur du bec d’un oiseau qui traversait la rivière. On n’était pas d’accord, je lui ai dit tu ne peux pas le voir, tu n’as pas tes lunettes, elle ne voulait pas les mettre par coquetterie, elle m’a répondu je vois très bien de loin, et elle s’est tue, définitivement. 
    J’ai eu beaucoup de chance de la rencontrer, elle m’a porté à bout de bras, toujours avec le sourire. C’était la rencontre entre une optimiste et un pessimiste, une altruiste et un égoïste. On était complémentaires, j’avais les défauts, elle avait les qualités. Elle m’a supporté quarante ans avec le sourire, moi que je ne souhaite à personne. Elle n’aimait pas parler d’elle, encore moins qu’on en dise du bien. Je vais en profiter, maintenant qu’elle est partie. »

    Jean-Louis Fournier souhaitait mourir le premier, il a perdu. Sa femme partie, il n’a plus personne avec qui parler de lui. Alors pour se consoler, ou pour se venger, en nous parlant d’elle, il nous parle de lui.

    Biographie de l'auteur

    Jean-Louis Fournier est l’auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels Grammaire française et impertinente, Il a jamais tué personne, mon papa, Le CV de Dieu, Poète et paysan… Il a reçu le prix Femina pour Où on va, papa ? (2008).;.

    --> avec une écriture fort semblable à Où on va papa?; Jean-Louis Fournier, toujours à la première personne du singulier, nous parle du départ de sa compagne. Un bien bel hommage, mais j'ai trouvé l'ensemble assez inégal, avec des longueurs. Je n'irai pas lire un troisième livre sur cette lancée: le style s'essouffle.

    CITATIONS:

    - Le jour où l'eau courante ne court plus on regrette sa fraîcheur, quand la lampe s'éteint on regrette sa lumière, et le jour où sa femme meurt, on se rend compte à quel point on l'aimait. C'est triste de penser qu'il faut attendre le pire pour enfin comprendre. Pourquoi le bonheur, on le reconnaît seulement au bruit qu'il fait en partant?

    - Si je dis que je vais bien, ce n'est pas vrai; si je dis que je vais mal, ce n'est pas vrai non plus. Je vais.

    - Sur mon téléphone portable, j'ai retiré ton nom de mes contacts. J'ai appuyé sur "chercher", j'ai fait dérouler tous les noms jusqu'à "Sylvie", puis j'ai appuyé sur "option" et là j'ai choisi "supprimer". Mon écran a affiché une terrible question : "Supprimer Sylvie ?". J'ai hésité longtemps. Finalement, j'ai enfoncé avec émotion la touche "OK". J'avais l'impression d'être le président de la République qui appuyait sur le bouton rouge de la bombe atomique. Est apparu alors sur l'écran une petite poubelle avec un couvercle sautillant qui s'est posé dessus pour la fermer. Voilà, c'était fait, je t'avais mise à la poubelle.

    - Sylvie est partie discrètement sur la pointe des pieds , en faisant un entrechat et le bruit que fait le bonheur en partant. Elle ne voulait pas déranger, elle m'a dérangé au-delà de tout.

    - Elle a été ma cale, elle m’a empêché de tomber, je me suis tenu droit à ses côtés. Elle m’a décapé, elle m’a poli, elle m’a fait briller. En échange, je l’ai fait rire. Pleurer aussi.

    - Si tu lis tout ce que j'ai écrit, tu vas avoir envie de revenir. Je pense ne t'avoir jamais dit autant de choses agréables, sans doute à cause de mon imbécile pudeur. Autant je suis habile pour dire des choses désagréables, autant les choses agréables restent bloquées dans ma gorge. Maintenant que tu n'es plus là, j'ai moins honte. Et puis j'ai l'impression que c'est plus facile d'écrire que de dire.


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  • L'empreinte de l'ange

    de Nancy Huston

    "Ch. b. à tt f. pour petit ménage, logée, sach. cuisiner." Saffie a vingt ans. Elle est allemande. À peine arrivée à Paris, elle répond à l'annonce du jeune musicien, Raphaël. Celui-là même qui lui ouvre la porte et qui reste médusé devant ces yeux de silence et cette présence-absence de la jeune femme. Amoureux, oui, déjà. Il lui propose le mariage quelques semaines plus tard. Elle accepte comme elle le fait de tout le reste : passivement. Son mutisme sec, pierreux, ne s'ébranle pas même à la naissance de leur fils. Il faut attendre LA rencontre, avec András, le luthier. Lui sait dialoguer avec le silence. En elle alors tombe la peur, comme une pluie ; se lève l'amour, comme le soleil... et fond le secret.
    Nancy Huston aime ses personnages. C'est pour cela sans doute que dès les premières lignes, on s'y attache avec une telle force. Comme dans Trois fois septembre (1989) ou La Virevolte (1994), elle rend admirablement dans L'Empreinte de l'ange (Grand Prix des Lectrices de Elle en 1998), et sans jamais juger, les passions, parfois dévastatrices, des êtres authentiques. --Laure Anciel --Ce texte fait référence à lédition Poche .

    Quatrième de couverture

    Paris, 1957. Saffie, vingt ans, arrive d'Allemagne. Rien ne semble lui donner l'envie de profiter de la vie. Elle s'éveille pourtant lorsqu'elle rencontre András, un juif hongrois émigré lui aussi. Ensemble, ils font face aux souvenirs, aux traumatismes que la guerre leur a fait subir à l'un comme à l'autre. Ce roman questionne l'Histoire, celle du passé, celle à venir, qui en découle. Il montre comment elle imprègne nos vies, sans distinction, sans récompense, et nous pousse subrepticement à toujours rester sur nos gardes.

    --> Bouleversante histoire construite par la féministe Nancy Huston. et ancrée à Paris entre 1957 et 1962, il y est question de migrants, d'Algérie, du génocide juif et surtout d'amour et de passion. J'ai été happée par les histoires de Saffie, Andras, Raphaël et Emil. Héritiers de leur histoire, chaque personnage suit sa propre logique, et on peut y croire. Comment vaincre ses peurs, sont-elles vaincues définitivement? On ne peut ignorer son passé. Qu'offre la passion? Cela peut-il durer?

    CITATIONS:

    - Dans chaque histoire d'amour fou il y a un tournant ; cela peut venir plus ou moins vite mais en général cela vient assez vite ; la plupart des couples ratent le tournant, dérapent, font un tonneau et vont s'écrabouiller contre le mur, les quatre roues en l'air.
    La raison en est simple : contrairement à ce qu'on avait cru pendant les premières heures, les premiers jours, tout au plus les premiers mois de l'enchantement, l'autre ne vous a pas métamorphosé. Le mur contre lequel on s'écrase après le tournant, c'est le mur de soi. Soi-même : aussi méchant, mesquin et médiocre qu'auparavant. La guérison magique n'a pas eu lieu. Les plaies sont toujours là, les cauchemars recommencent. Et l'on en veut à l'autre de ce qu'on n'ait pas été refait à neuf ; de ce que l'amour n'ait pas résolu tous les problèmes de l'existence ; de ce que l'on ne se trouve pas en fin de compte au Paradis, mais bel et bien, comme d'habitude, sur Terre.

    - Faut-il le lui dire? Après tout, se dit Andras, je pourrais m'inventer une autre autobiographie. Les compatriotes de Saffie n'auraient pas gazé les miens. Je n'aurais jamais eu de tantes ni d'oncles ne de grands-parents, chacun avec sa forme du nez, sa courbe du cou, sa couleur des yeux, ses rides de rire, les balles dans la nuque, le visage broyé sous des bottes... Je ne serais même pas d'origine hongroise, je ne m'appellerais pas Andras... Pourquoi lui dire ces choses là plutôt que d'autres? Sous prétexte qu'elles sont vraies? En quoi, au fond, cette vérité la concerne-t-elle? De quelles vérités se doit-on d'être au courant, et lesquelles peut-on se permettre d'ignorer? Puis-je me foutre de ce qui s'est passé ce matin, mais à l'autre bout du monde - ou alors ici même, mais en l'an mille? Saffie connaît-elle seulement le nom de Hiroshima? De quoi, se demande Andras, toujours dans la même fraction de seconde, a-t-on le droit de se foutre?


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