• Du vent dans mes mollets

    Réalisé par Carine Tardieu

    Avec Agnès Jaoui, Denis Podalydès, Isabelle Carré

    Synopsis et détails

    Prise en sandwich entre des parents qui la gavent d'amour et de boulettes, Rachel, 9 ans, compte les minutes qui la séparent de la liberté. Jusqu'au jour où son chemin croise celui de l’intrépide Valérie.
     

    Synopsis - 2

    Rachel Gladstein a neuf ans, une maman merveilleusement étouffante, un papa drôlement cynique, et une mémé adorablement mortifère. Rachel rêve d’être aimée de sa blonde et vacharde maîtresse, de faire partie du club des amies de Barbie, et de devenir l’unique amie de Marina Campbell parce que sa maman est morte et que son papa est un baron anglais. Mais c’est la rentrée des classes, Rachel dort avec son cartable et pisse au lit, sa mère lui impose de commencer une thérapie avec une psy hors du commun et par dessus le marché, Valérie, la petite grosse effrontée la harcèle pour devenir sa copine.
     Quand l’adversité s’acharne, à quoi bon lutter ?...

    --> Un beau film sur l'enfance, l'éducation, l'amour des adultes, le sexe, l'héritage de l'histoire familiale et ... la mort. Un condensé dans ce film, même la vieillesse trouve sa place.

    J'ai particulièrement aimé une phrase vers la fin: Je ne pesnais pas qu'on pouvait mourir quand on est une enfant. Je pensais qu'il fallait être un peu d'accord.

    Et puis le titre aussi. Je restait vivante, je sentais le vent dans mes mollets.


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  • En vieillissant les hommes pleurent

    deJean-Luc Seigle

    Présentation de l'éditeur

     9 juillet 1961. Dès le lever du jour, il fait déjà une chaleur à crever. Albert est ouvrier chez Michelin. Suzanne coud ses robes elle-même. Gilles, leur cadet, se passionne pour un roman de Balzac. Ce jour-là, la télévision fait son entrée dans la famille Chassaing. Tous attendent de voir Henri, le fils aîné, dans le reportage sur la guerre d'Algérie diffusé le soir même. Pour Albert, c'est le monde qui bascule. Saura-t-il y trouver sa place? Réflexion sur la modernité et le passage à la société de consommation, En vieillissant les hommes pleurent jette un regard saisissant sur les années 1960, théâtre intime et silencieux d'un des plus grands bouleversements du siècle dernier.

     Biographie de l'auteur

    Jean-Luc Seigle est romancier, auteur dramatique et scénariste. En vieillissant les hommes pleurent est son troisième roman après La Nuit dépeuplée (Pion, 2000) et Le
    Sacre de l'enfant mort (Pion, 2007).

    --> Dans ce roman, on apprend avec pudeur à connaitre Gilles, l'enfant de 10 ans lecteur d'Eugénie, comme un récit initiatique. Albert, le personnage principal, ouvrier à l'usine Michelin, qui vit sa dernière journée. Suzanne, sa femme, qui attend chaque jour des nouvelles de leur fils Henri en Algérie.

    Le roman est le récit d'une journée, celle où Albert a vraisemblablement décidé de mourir, celle où l'on attend, installe et regarde la télévision pour la première fois. Une journée où Albert lavera le corps de sa mère malade, où sa soeur viendra déjeuner et où il sera question de remembrement des terres agricoles qui appartiennent à leur mère. Pendant cette journée, Albert confiera la future instruction de son fils Gilles à Monsieur Antoine pour que Gilles n'arrête pas de lire, contrairement à ce qu'il vient d'écrire à ses parents. Suzanne trompera pour la première fois son mari dans un accord parfait avec son amant.

    Le récit est chargé d'émotion, les phrases riches de métaphores renouvelées. On pense comprendre beaucoup, et puis le dénouement nous plonge dans une intrigue plus historique qu'on ne le pensait depuis le début.

    Un beau roman, à recommander.

    ...qui donne envie de (re)lire Eugénie Grandet


    Citations:

    - Tout à l'heure je ne serai plus. Je ne serai plus ce que je suis maintenant et que je n'aime pas être. Je n'aime pas qui je suis. Je n'aime pas ce qu'il faudrait que je sois, je n'aime pas me réjouir de cette vie-là, je ne suis pas de cette vie, je suis d'un autre temps que je n'ai pas su retenir.

    - Quelque chose trembla en lui qu’il ne connaissait pas, qu’il n’avait jamais ressenti et qui le débordait. Ça hérissait ses poils jusqu’à la racine de ses cheveux. Les larmes inondèrent ses yeux noirs en même temps qu’il s’avouait son admiration pour son gamin. C’était effrayant. [ ..] In extremis, il réussit il réussit à ravaler ses pleurs sous ses paupières et à les manger dans ses yeux. Ça le brûlait tellement qu’au moment où il les rouvrit, il crut avoir perdu la vue.

    - ..Ces livres sans étagères, c'était moins impressionnant, moins intimidant qu'une bibliothèque. Ce désordre créait une proximité qui donnait immédiatement envie de lire. Trois gravures sous verre accrochées au mur représentaient des personnages antiques, un homme robuste, un jeune homme ravissant et une femme étrange portant un casque sur la tête, une chouette posée sur l'épaule. Gilles ne savait pas qu'il s'agissait de personnages de la mythologie grecque, que le plus âgé s'appelait Ulysse ; le plus jeune, Télémaque, et la femme, Athéna.
    -je sais aussi que tu aimes l'Histoire.
    -Oui, plus que la géographie.
    -En général, c'est ainsi. La géographie, il faut voyager pour l'aimer. L'histoire, elle vit avec nous, même si on reste sur place toute sa vie. Qu'on le veuille ou non, elle finit par s'asseoir à notre table...


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  • Les lits en diagonale

    d'Anne Icart

    Je préfère la photo où tu me serres dans tes bras. On a l'air de s'aimer à la folie. On s'aime à la folie. » De l'enfance à aujourd'hui, l'histoire bouleversante d'une petite s ur « normale » et de son frère « pas comme les autres ».


    Il a cinq ans de plus qu'elle, ils dorment dans la même chambre, leurs lits en diagonale, et il est son grand frère adoré, son héros. Anne a à peine sept ans - « l'âge de raison » - quand sa mère lui dit que Philippe est malade, et qu'il ne guérira pas. Elle ne comprend pas tout, elle est trop petite, mais elle reçoit l'essentiel, de plein fouet : elle comprend qu'il faudra toujours veiller sur lui. Ne jamais le laisser seul. L'aimer plus fort que les autres. De ce jour, elle va grandir le c ur accroché à son frère, « son héros aux ailes brisées », handicapé mental à cause d'une césarienne faite trop tard lors de sa naissance.
    Comme des instantanés ultrasensibles de leurs vies, les souvenirs affluent, mêlant passé et présent, parfois cruels et douloureux, le plus souvent tendres et joyeux, voire cocasses. Et avec eux des sentiments extrêmement forts, le désir sauvage de protéger, la honte, le remords, la rage impuissante, la culpabilité, la peur, la difficulté à construire sa vie à soi, à aimer d'autres hommes - mais surtout l'amour, cet amour plus fort que les autres. « Personne ne peut imaginer comme je suis nouée à toi ; même pas moi » : c'est ce qu'elle raconte ici, de leur enfance dans les années 1970 à aujourd'hui où « tout va bien », parce que le regret de ce qui aurait pu être a laissé la place à l'acceptation de ce qui est vraiment.
    Portée par une écriture lumineuse, l'émotion vous prend dès les premières pages et vous mène d'une traite jusqu'à la dernière ligne de ce récit aussi fort que bref : c'est rare.

    --> C'est un récit qui nous emporte, dans lequel on s'identifie, à tous les âges de la vie. Mais la narratrice ici nous raconte surtout son regard, sa vie avec ce frère, handicapé. Les phrases sont courtes, chacune pleine de puissance. Cela en fait un récit rapide, fort, dans lequel les citations pourraient être multiples. Un récit bouleversant.


    Citations:

     J'ai compris qu'on pouvait aimer et haïr à la fois. Et le dire . Regretter, en vouloir, mais admirer. Et le dire. Qu'être la sœur d'un handicapé, ce n'est pas plus facile que d'en être le mère ou le père. Et le dire. Que c'est différent. Qu'on s'en prend aussi pour toute la vie. De sa naissance à sa mort. Qu'on passe par tous les états. Mais que l'éventail de sentiments , du pire au meilleur, qu'offre cette fraternité bancale est un véritable don. Et le dire . Je le dis .

    - Ton lit est en diagonale du mien.J'aime y venir et m'endormir avec toi.Ce sentiment de quiétude,de sécurité que j'éprouve quand nous sommes collés l'un à l'autre me suivra pendant de longues années.Allongée contre toi, il me semblait que rien ne pouvait m'arriver.La nuit,je pouvais bien venir, je ne risquais rien puisque tu étais là.

    - La honte à l'adolescence d'avoir un frère handicapé, le remords ensuite, comme elle s'en est voulu, la fierté maintenant. Les regrets de tout ce qui aurait pu être et de tout ce qui est vraiment.

    - Rien ne peut être plus dur pour une mère et un père que d'enfanter un être diminué.C'est vrai.Surtout dans une société qui accepte si mal la différence.

    - Je voudrais que tu sois parfait. Mais tu ne l'es pas . Ça n'existe pas un handicapé parfait. Surtout si ça veut dire normal. Même si ç' aurait pu être pire .

     


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