• Les enfants Tanner

    "Les Enfants Tanner" est le premier roman d'un "marginal" né en suisse il y a un siècle. Robert Walser, entré dans l'oubli bien avant sa mort en 1956, est revenu aujourd'hui au rang des plus modernes de ses contemporains, Franz Kafka, Robert Musil, Walter Benjamin.

    "De tous les endroits où j'ai été, poursuivit le jeune homme, je suis parti très vite, parce que je n'ai pas eu envie de croupir à mon âge dans une étroite et stupide vie de bureau, même si les bureaux en question étaient de l'avis de tout le monde ce qu'il y avait de plus relevé dans le genre, des bureaux de banque par exemple. Cela dit, on ne m'a jamais chassé de nulle part, c'est toujours moi qui suis parti, par pur plaisir de partir, en quittant des emplois et des postes où l'on pouvait faire carrière, et le diable sait quoi, mais qui m'auraient tué si j'étais resté. Partout où je suis passé, on a toujours regretté mon départ, blâmé ma décision, on m'a aussi prédit un sombre avenir, mais toujours on a eu le geste de me souhaiter bonne chance pour le reste de ma carrière.

     

    Citation: (incipit)

    "Un beau matin, un jeune homme ayant plutôt l'air d'un adolescent entra chez un libraire et demanda qu'on voulût bien le présenter au patron. Ce que l'on fit. Le libraire, un vieil homme très digne, dévisagea avec attention ce garçon qui se tenait devant lui un peu gêné, et l'invita à parler. « Je veux être libraire, dit le jeune homme, c'est une envie que j'ai et je ne vois pas ce qui pourrait m'empêcher de la suivre jusqu'au bout. je me suis toujours imaginé le commerce des livres comme quelque chose de merveilleux, un bonheur, et il n'y a aucune raison pour que j'en sois privé plus longtemps. Regardez, monsieur, comme je suis là devant vous, je me sens une extraordinaire aptitude à vendre des livres dans votre magasin, en vendre autant que vous pourriez souhaiter. Je suis un vendeur-né : affable, vif, poli, rapide, parlant peu, décidant vite, comptant bien, attentif, honnête, mais pas non plus aussi bêtement honnête que j'en ai peut-être l'air. Je sais baisser un prix quand j'ai affaire à un pauvre diable d'étudiant et je sais aussi le faire monter s'il ne s'agit que de rendre service aux riches, dont je vois bien que parfois ils ne savent que faire de leur argent. Je crois malgré mon jeune âge posséder une certaine connaissance des hommes. D'autre part, j'aime les hommes, si différents soient-ils : je ne me servirais donc jamais de ma connaissance des hommes pour avantager l'un plutôt que l'autre, pas plus que mes concessions aux pauvres diables n'iraient jusqu'à nuire à l'intérêt de vos affaires, monsieur. En un mot : sur ma balance de vendeur l'amour des hommes sera en parfait équilibre avec la raison commerciale, laquelle me paraît tout aussi importante et nécessaire à la vie qu'une âme aimante et généreuse. Je saurai trouver le juste milieu, soyez-en dès maintenant convaincu. »


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  • Les frères Tom et Nathan ne font rien moins que définir la littérature ado avec laquelle ils ont grandi. Ils ont été tout d'abord lecteurs au contact des salons et des auteurs, ils ont choisi les métiers du livre et exercent au plus près de cette foisonnante littérature: éditeurs, prescriptions, auteurs n'ont plus de secret pour eux et ils nous livrent les clés pour mieux s'y retrouver. Avec mes 25 ans de plus, c'est une génération qui nous sépare: merci, je vais nettement mieux m'y retrouver. Votre livre est très agréable à lire, instructif et c'est un outil pour tout professionnel en charge d'un rayon ado.


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  • Femmes puissantes

    Lorsque, à l'été 2019, Léa Salamé donne rendez-vous aux auditeurs de France Inter avec des entretiens intimistes autour de la puissance des femmes, personne n'imagine l'impact de ces émissions. Elles battent aussitôt des records d'écoute et suscitent des milliers de commentaires enthousiastes. Une seconde vague d'entretiens sera diffusée entre Noël et le jour de l'An. Une nouvelle saison sera lancée à l'été 2020.
    Ces entretiens frappent par la liberté et l'authenticité que permettent Léa Salamé et ses questions autour de la puissance des femmes : quelle est sa nature ? comment l'exercent-elles ? Quels sont les rapports entre féminité et pouvoir ? Comment ces femmes se sont-elles construites Si les femmes interviewées ont en commun d'être connues, elles n'en sont pas moins toutes différentes. Christiane Taubira explique comment elle a survécu à la Manif' pour tous et au déluge de haine misogyne et raciste ; Nathalie Kosciusko-Morizet s'adresse à toutes les femmes désireuses de devenir puissantes ; Laure Adler évoque comment elle a surmonté la mort d'un enfant ; Leïla Slimani parle de ses origines familiales et de la confiance en soi.
    Retravaillés pour ce livre afin d'en restituer toute l'intimité, les entretiens sont précédés d'un long texte très personnel de Léa Salamé qui se prête au jeu de l'introspection. Des femmes puissantes est la rencontre d'une personnalité hors norme avec son époque.

    On dit des femmes qu'elles sont belles, charmantes, piquantes, délicieuses, intelligentes, vives, parfois dures, manipulatrices ou méchantes. "Hystériques" lorsqu'elles sont en colère. "Arrivistes" lorsqu'elles réussissent. Mais on dit rarement d'elles qu'elles sont puissantes. Chez un homme, la puissance est légitime. Chez une femme, elle parait suspecte, contre-nature. J'ai voulu savoir pourquoi, et j'ai entamé un voyage dans les mystères du pouvoir au féminin. On se construit en se confrontant à d'autres vies que la sienne. J'ai rencontré des femmes dont j'admirais le courage, la liberté et la singularité. Ecrivaine, médecin, femme politique, cheffe d'entreprise, rabbine, sportive, jeunes ou plus âgées, de droite ou de gauche... elles ont toutes un point commun : leur force intérieure et leur influence dans la société, en un mot, leur puissance. Elles m'ont transformée, profondément. Ont fait voler en éclats mes préjugés. Mais surtout, comme à beaucoup d'auditrices, elles m'ont fait du bien.

     --> Un avis mitigé sur cette série d'entretiens que je suis contente d'avoir lus.
    En posant ses questions, Léa Salamé semble préjuger des réponses. Il semble qu'elle puisse également rapporter des propos d'une interview en préjugeant de leur interprétation. Du moins c'est ce que je ressens et qui m'agace particulièrement: je ne suis pas amatrice du genre, ni de la journaliste.
    Cependant...
    J'ai bien aimé lire les propos de ces femmes diverses. J'aime qu'on leur propose de définir la puissance. J'aime leurs réponses variées. Finalement j'ai été bien plus tolérante avec le travail de Léa Salamé à l'écrit... pourtant dans ce livre, on lit de la radio. Tout comme avec les podcasts, la parole est ici fixée, on (lecteur) peut revenir dessus.
    Je me suis surprise à écouter volontairement les émissions de cette année. Elles ont l'avantage de présenter un éventail de personnalités très différentes, dans un format finalement plutôt plaisant. Il faut reconnaître là le travail de L.Salamé.

    Léa Salamé: Est-ce que vous ne retenez du phénomène #MeToo que ses excès? J'ignore si c'est la cas autour de vous, mais j'ai vu des jeunes femmes me dire qu'elle avaient été touchées, harcelées, placées sous emprise ou qu'elles avaient été la cible du chantage d'un homme. Sans aller jusqu'au viol, la domination de l'homme sur le femme peut parfois prendre des aspects très subtils.
    Elisabeth Badinter: J'aime bien qu'on soit rigoureux avec les concepts. Celui d'emprise est incalculable et totalement personnel. Je trouve que c'est un peu facile.
    (...)
    Elisabeth Badinter: Vous m'avez mal entendue. Le fait que des femmes aient pu parler est un soulagement inouïe. De ce point de vue, je trouve #MeToo positif. Ce mouvement aura effectivement amélioré le sort des femmes victimes de violences physiques, en leur permettant de parler et en montrant l'ignominie qu'est le viol. #MeToo aura aussi amélioré leur sort dans le monde du travail. En revanche, il faut cesser de penser que la femme est une victime-née. Ou que es hommes sont tous des agresseurs potentiels, comme le dit Caroline De Haas. Ce n'est pas vrai. Laisser entendre cela est absolument dégueulasse et aura des conséquences très graves.
    Léa Salamé: Craignez-vous une guerre des sexes?
    Elisabeth Badinter: Je crains le séparatisme et la méfiance réciproque. J'entends beaucoup de jeunes hommes qui ne savent plus comment faire, quoi dire.
    (...)
    pp.127-128


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    Réalisé par Etienne Chaillou et Mathias Théry (2016)

    De septembre 2012 à mai 2013, la France s'enflamme sur le projet de loi du Mariage pour tous. Pendant ces neuf mois de gestation législative, Ia sociologue Irène Théry raconte à son fils les enjeux du débat. De ces récits nait un cinéma d’ours en peluches, de jouets, de bouts de cartons.
    Portrait intime et feuilleton national, ce film nous fait redécouvrir ce que nous pensions tous connaître parfaitement : la famille.

    --> "Les vrais parents sont les parents biologiques." vs "Les vrais parents sont ceux qui ont souhaité l'enfant."

    Au delà du mariage pour tous, c'est bien évidemment la question de la PMA, de la GPA.

    "J'ai changé, beaucoup de monde a changé... ce n'est pas passer de l'erreur à la vérité."


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  • Les âmes grises

    Une jeune enfant est retrouvée morte, assassinée sur les berges engourdies par le gel d’un petit cours d’eau. Nous sommes en hiver 1917.

    C’est la Grande Guerre. La boucherie méthodique. On ne la voit jamais mais elle est là, comme un monstre caché. Que l’on tue des fillettes, ou que des hommes meurent par milliers, il n’est rien de plus tragiquement humain.

    Qui a tué Belle de Jour ? Le procureur, solitaire et glacé, le petit Breton déserteur, ou un maraudeur de passage ?
    Des années plus tard, le policier qui a mené l’enquête, raconte toutes ces vies interrompues: Belle de jour, Lysia l’institutrice, le médecin des pauvres mort de faim, le calvaire du petit Breton... Il écrit avec maladresse, peur et respect. Lui aussi a son secret.

    Les âmes grises sont les personnages de ce roman, tout à la fois grands et méprisables. Des personnages d’une intensité douloureuse dans une société qui bascule, avec ses connivences de classe, ses lâchetés et ses hontes.

    La frontière entre le Bien et le Mal est au cœur de ce livre d’une tension dramatique qui saisit le lecteur dès les premières pages et ne faiblit jamais. Jusqu’à la dernière ligne.

    --> Après La petite fille de Monsieur Linh me voilà à la découverte de cet auteur. Un conteur, raconteur d'histoires. Rien n'est tout noir ni tout blanc: c'est Joséphine qui le dit et la narrateur qui le reprend. Son récit nous emmène au temps de la grande guerre dans la petite ville de V. La grande guerre avec ses meurtris et ses "lâches". Une époque avec ses notables et ses petites gens. Ses personnages avec leurs âmes ni blanches ni noires... mais grises. Claudel a l'art de nous transporter des ses histoires. Il donne à voir au travers d'un narrateur témoin de la vie de la ville. C'est parfois ironique et désabusé. On se sent sur le chemin de la vérité, mais l'auteur garde des surprises jusqu'au bout. Sans être moralisatrice, cette histoire nous mène à explorer de sombres replis de l'âme.

    Des personnages:

    Pierre-Ange Destinat, procureur, soixantenaire, Bois-le-sang son surnom par les prisonniers, Monsieur le Procureur, homme non pas méprisant, mais détaché

    Bourrache, patron du Rébillon, face à la cathédrale pour se restaurer. Père de 3 filles: Aline, Rose et Belle.. Destinat a sa table au Rébillon.

    Le juge Mierck déjeune au Rébillon 4 fois par semaine. Un pète-sec.

    Le juge et le procureur ne s'apprécient pas.

    Crouteux le greffier de Merck

    Grosspeil et Berfuche , deux argousiers

    Le fils Bréchut a découvert le corps.

    Victor Desharet, médecin de V. ami de lycée du juge.

    Barbe et Grave, domestiques du château

    Fracasse, 1er instit, remplacé par Contre et enfin par Lysia Verhareine

    La mercerie d'Augustine Machoprat, amie de Mélanie Bonnipeau

    Louisette la bonne du Maire

    Martial Maire l'Innocent (dépose des fleurs devant l'école)

    Le bistro de Fermillin

    Clémence, enceinte du narrateur

    Colonel Matziev

    Bassepin loue une chambre au Colonel

    Joséphine connait le narrateur depuis l'enfance. S'est confié à lui le lendemain du meurtre: a vu le procureur en compagnie de Belle de jour. Appelé par les gosses La Peau

    Elphège Crochemort tanne des pièces. Vient rarement en ville. Pue.

     Citations:

    Joséphine haussa les épaules:

    "Les salauds, les saints, J'en ai jamais vu. Rien n'est ni tout noir,  ni tout blanc, c'est le gris qui gagne. Les hommes et leurs âmes, c'est pareil... T'es une âme grise, joliment grise, comme nous tous..."

    p.136

     

     


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  •  

    Eric Fottorino

     

     

     

    Citations:

    - Les souvenirs sont tissés d’imagination, voilà tout. Et plus nous racontons nos souvenirs rêvés, plus ils deviennent vrais, y compris pour les autres. Ils ne naissent plus du réel mais de l’image déformée que nous en avons tirée. C’est probablement ainsi que naissent les romans.

    - Un livre est un essaim de mots parfaitement alignés, sans hésitations ni repentirs.

    - Ma mère disait que j'étais un enfant débrouillard, car je savais faire chauffer mon lait sur la gazinière, moi j'entendais que j'étais un enfant des brouillards, perdu dans le monde des adultes...

    - Je crois qu'écrire c'est repartir chaque fois de sa faiblesse. Je passe en revue mes pages comme une armée en déroute, et quand je tombe sur un passage qui appelle à l'aide, je prends mon courage à deux mains, enfin surtout avec la main droite, et je redresse les phrases à coups d'imagination. Ca ne paie pas de mine mais ça produit son effet. L'espoir renaît précisément là, dans le maquis des mots mal fichus qui ont besoin de mots. Un stylo n'a de stylo que l'apparence. C'est une pelle et une pioche. Une plume, sûrement pas. Ou alors au moment des finitions, pour effacer le travail et faire croire au crime parfait.

    - L'écriture c'est la ligne de l'horizon. Elle s'éloigne à peine vous l'approchez. Ecrire est un commerce avec l'inaccessible qui vous laisse totalement démuni.

    - Chaque page blanche est une robe de mariée.
    J'ai épousé l'écriture, on s'est beaucoup trompés.

    - La majorité était alors fixée à vingt et un ans. Il tenait à devenir, avait-il prétendu, un écrivain mineur.

    - Je me suis souvent demandé pourquoi "cadeau" se dit aussi "présent". Je sais désormais. Le seul cadeau qui vaille, c'est de pouvoir dire maintenant "je suis, je vis". Hier est déjà mort et demain si incertain.

    - Pourquoi associez-vous la mémoire et la peur? (...)
    - Elles vont ensemble, elles viennent à l'aube ou à la tombée du jour. Elles vous font trembler. C'est terrible de se souvenir, passé un certain âge, surtout quand on a beaucoup aimé la vie.

    - Je vivais avec une femme sauvage. Une femme attirante comme le sont souvent les êtres désaxés. Elle était de ces créatures qui vous accrochent et vous écorchent dans un même regard.

    - Je ne suis pas un buveur, je suis un buvard.

    - Il n'avait d'armure que l'humour, celui qu'il retournait contre lui.


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  • Dossier secret/Mr Arkadin

    Réalisé par Orson Welles (1955)
    Avec Orson Welles, Michael Redgrave, Patricia Medina

     

    Le richissime M. Arkadin, menacé d'un chantage par un jeune homme qui courtise sa fille, enquête sur son propre passé. En Espagne, à Paris, Tanger, Amsterdam, Munich, Arkadin retrouve ainsi d'anciens complices

    --> Un jour, un roi demanda à un poète: "De tout ce que j'ai, que puis-je vous offrir?"

    Le poète répondit: "Tout, monsieur, sauf votre secret."


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  • EHPAD une honte française

    Anne-Sophie Pelletier ouvre les portes vers une humanité qu'on oublie voire met de côté, et dévoile les secrets des EHPAD, lieux où souvent les mots " humain ", " dignité " sont sacrifiés sur l'autel de la rentabilité et du profit.

    " Je me souviens des chansons désuètes que me chantait ma grand-mère quand nous marchions dans les montagnes du Jura. De Ray Ventura à Georges Guétary, je les connais par cœur. Cette grand-mère je l'adorais. Et j'ai pris soin d'elle, sur la fin de sa vie. Ainsi que de nombreuses autres personnes âgées, à domicile ou en EHPAD. C'est cette vérité-là, ce lien unique avec nos aînés comme les coulisses de lieux pas toujours humains les accueillant, que ce livre vérité raconte.
    " Vieillir ", " le troisième âge ", " le quatrième âge ", pourquoi ces mots font-ils si peur ? Pour certains de nos " vieux ", ils sont synonymes d'une indépendance sans faille, d'une autonomie qui permet de profiter des années de labeur en partant en croisières, en voyages organisés, que sais-je encore. Mais pour tant d'autres, c'est la dure réalité d'une existence fragilisée qui s'impose, avec perte de l'autonomie, maladie, dépendance. Dans cet ouvrage, c'est de ceux-là que je souhaite narrer le quotidien, un quotidien dur, touchant, terrible vu par une soignante ayant décidé de les accompagner au mieux. Petits bonheurs, grandes tristesses face à l'institution qui ne met pas les moyens en place en fonction des véritables besoins, j'ai tout vécu et dévoile tout.
    Avec ce livre, j'ouvre les portes vers une humanité qu'on oublie voire met de côté, et dévoile les secrets des EHPAD, lieux où souvent les mots " humain ", " dignité " sont sacrifiés sur l'autel de la rentabilité et du profit. "

    --> Un titre trop accrocheur et choc, une couverture dans la même veine, tellement moche... mais un récit qui doit exister. Le témoignage de l'auteure doit être entendu.

    Je n'ai pas aimé les regards sur d'autres qu'elle-même: les juges des tutelles, les infirmières (p. 78-79) qui montrent une colère brute, humaniste et légitime mais ignore les personnes et le système qui se cachent derrière. Nous pourrions écrire de même sur les aides ménagères... cela reste un récit sans analyse, ce sont ses limites.


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  • Le monde en 33 questions

     de Marc Levy Provençal

     Entre deux et cinq ans, un enfant pose en moyenne 40 000 questions. Cette faculté disparaît au cours préparatoire, quand l'école met l'accent sur la connaissance des réponses, la mémorisation et la discipline. Progressivement, nous perdons l'habitude de « remettre en question » notre monde. Les vingt prochaines années seront façonnées par des révolutions multiples, technologiques, sociales, environnementales, politiques et économiques. À quoi voulons nous que notre monde ressemble ? Comment agir, à l'échelle individuelle et collective, pour saisir les opportunités et éviter les risques ? Voici 33 interrogations clefs dans tous les domaines : santé, éducation, énergie, transport, agriculture, travail... Pour la première fois, un livre donne la faculté de comprendre le monde qui vient en se posant les bonnes questions.

    --> Ainsi va le monde….

    Il se globalise, tout va plus vite, plus loin, plus fort.

    Nous sommes entrés dans la civilisation du « choix permanent, de l’hyperpersonalisation et de l’individualisation à outrance ».

    Cette accélération s’accompagne d’un un sentiment d’injustice lié l’accroissement des inégalités entre individus : les gagnants et les perdants.

    Le monde avance avec son lot de frustrations, de révoltes des laissés « sur le côté » de cette accélération de l’histoire.

    Comment éviter la déflagration, la barbarie et la disparition de la civilisation.

    MLP décrit le monde tel qu’il est, et tel qu’il va être en 33 questions fondamentales.

    Il met le lecteur en face des mutations et de défis abyssaux et lui propose de se poser les bonnes questions pour pouvoir devenir un acteur éclairé du changement.

    33 questions en 4 thèmes :

    ·         Nos territoires et la gestion des ressources : l’énergie de demain, nos territoires abandonnés…

    ·         La révolution politique : la fin du travail, les biens communs…

    ·         La révolution de la vie et du vivant : la génétique de demain…

    ·         La révolution cognitive : l’intelligence artificielle…

    Menaces ou opportunités….

    33 questions, quelques pistes pour des solutions.

    Le livre se termine sur l’éloge du doute… « seul remède contre la folie et la barbarie ».


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  • Nevada Smith

     

    Réalisé par Henry Hattaway (1966)
    Avec Steve McQuenn, Karl Malden, Brian Keith

     

    Max vit avec son père, un blanc, et sa mère, une Kiowa. Ils habitent une maison isolée dans les collines où ils cherchent désespérément de l'or.

     --> Des très beaux paysages, une qualité d'image remarquable pour l'époque. Encore une histoire de vengeance. Bien


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    J'aimerais lire

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

    Hatoko a vingt-cinq ans et la voici de retour à Kamakura, dans la petite papeterie que lui a léguée sa grand-mère. Le moment est venu pour elle de faire ses premiers pas comme écrivain public, car cette grand-mère, une femme exigeante et sévère, lui a enseigné l'art difficile d'écrire pour les autres.
    Le choix des mots, mais aussi la calligraphie, le papier, l'encre, l'enveloppe, le timbre, tout est important dans une lettre. Hatoko répond aux souhaits même les plus surprenants de ceux qui viennent la voir : elle calligraphie des cartes de voeux, rédige un mot de condoléances pour le décès d'un singe, des lettres d'adieu aussi bien que d'amour. A toutes les exigences elle se plie avec bonheur, pour résoudre un conflit, apaiser un chagrin.
    Et c'est ainsi que, grâce à son talent, la papeterie Tsubaki devient bientôt un lieu de partage avec les autres et le théâtre de réconciliations inattendues.

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

    Plus rien n'est acquis. Plus rien ne protège. Pas même les diplômes. À 17 ans, Léa ne s'en doute pas encore. À 42 ans, ses parents vont le découvrir.
    La famille habite dans le nord de l'Oise, où la crise malmène le monde ouvrier. Aline, la mère, travaille dans une fabrique de textile, Christophe, le père, dans une manufacture de bouteilles.
    Cette année-là, en septembre, coup de tonnerre, les deux usines qui les emploient délocalisent. Ironie du sort, leur fille se prépare à passer le bac, section « économique et social ». Pour protéger Léa et son petit frère, Aline et Christophe vont redoubler d'imagination et faire semblant de vivre comme avant, tout en révisant avec Léa ce qui a fait la grandeur du monde ouvrier et ce qui aujourd'hui le détruit. Comme le paradoxe d'Anderson, par exemple.
    « C'est quoi, le paradoxe d'Anderson ? » demande Aline. Léa hésite. « Quelque chose qui ne va pas te plaire », prévient-elle. Léon, dit Staline, le grand-père communiste, les avait pourtant alertés : « Les usines ne poussent qu'une fois et n'engraissent que ceux qui les possèdent. »

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

    Vendredi 13 novembre 2015. L'air est encore doux pour un soir d'hiver. Tandis que les Bleus électrisent le Stade de France, aux terrasses des brasseries parisiennes on trinque aux retrouvailles et aux rencontres heureuses. Une ceinture d'explosifs autour de la taille, Khalil attend de passer à l'acte. Il fait partie du commando qui s'apprête à ensanglanter la capitale.
    Qui est Khalil ? Comment en est-il arrivé là ?
    Dans ce nouveau roman, Yasmina Khadra nous livre une approche inédite du terrorisme, d'un réalisme et d'une justesse époustouflants, une plongée vertigineuse dans l'esprit d'un kamikaze qu'il suit à la trace, jusque dans ses derniers retranchements, pour nous éveiller à notre époque suspendue entre la fragile lucidité de la conscience et l'insoutenable brutalité de la folie.

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

    « Drôle, mordant, poétique, politique, alarmant, inspirant, Les Heures rouges révolutionne la fiction de notre époque. » Maggie Nelson (Une partie rouge, Les Argonautes)

    États-Unis, demain. Avortement interdit, adoption et PMA pour les femmes seules sur le point de l’être aussi. Non loin de Salem, Oregon, dans un petit village de pêcheurs, cinq femmes voient leur destin se lier à l’aube de cette nouvelle ère.

    Ro, professeure célibataire de quarante-deux ans, tente de concevoir un enfant et d’écrire la biographie d’Eivør, exploratrice islandaise du xixe.

    Des enfants, Susan en a, mais elle est lasse de sa vie de mère au foyer – de son renoncement à une carrière d’avocate, des jours qui passent et se ressemblent.

    Mattie, la meilleure élève de Ro, n’a pas peur de l’avenir : elle sera scientifique. Par curiosité, elle se laisse déshabiller à l’arrière d’une voiture... Et Gin.

    Gin la guérisseuse, Gin au passé meurtri, Gin la marginale à laquelle les hommes font un procès en sorcellerie parce qu’elle a voulu aider les femmes.

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

    Les mots des autres m’ont nourrie, portée, infusé leur énergie et leurs émotions. Jusqu’à la mort de mon frère, le 14 octobre 2015 à Montréal, je ne voyais pas la nécessité d’écrire. Le suicide d’Alex m’a transpercée de chagrin, m’a mise aussi dans une colère folle. Parce qu’un suicide, c’est la double peine, la violence de la disparition génère un silence gêné qui prend toute la place, empêchant même de se souvenir des jours heureux.
    Moi, je ne voulais pas me taire.
    Alex était un être flamboyant, il a eu une existence belle, pleine, passionnante, aimante et aimée. Il s’est battu contre la mélancolie, elle a gagné. Raconter son courage, dire le bonheur que j’ai eu de l’avoir comme frère, m’a semblé vital. Je ne voulais ni faire mon deuil ni céder à la désolation. Je désirais inventer une manière joyeuse d’être triste.
    Les morts peuvent nous rendre plus libres, plus vivants. »

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

    Cyril Avery n’est pas un vrai Avery et il ne le sera jamais – ou du moins, c’est ce que lui répètent ses parents adoptifs. Mais s’il n’est pas un vrai Avery, qui est-il ?
    Né d’une fille-mère bannie de la communauté rurale irlandaise où elle a grandi, devenu fils adoptif d’un couple dublinois aisé et excentrique par l’entremise d’une nonne rédemptoriste bossue, Cyril dérive dans la vie, avec pour seul et précaire ancrage son indéfectible amitié pour le jeune Julian Woodbead, un garçon infiniment plus fascinant et dangereux.
    Balloté par le destin et les coïncidences, Cyril passera toute sa vie à chercher qui il est et d’où il vient – et pendant près de trois quarts de siècle, il va se débattre dans la quête de son identité, de sa famille, de son pays et bien plus encore.
    Dans cette œuvre sublime, John Boyne fait revivre l’histoire de l’Irlande des années 1940 à nos jours à travers les yeux de son héros. Les Fureurs invisibles du cœur est un roman qui nous fait rire et pleurer, et nous rappelle le pouvoir de rédemption de l’âme humaine.

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

    À Pointe-Noire, dans le quartier Voungou, la vie suit son cours. Autour de la parcelle familiale où il habite avec Maman Pauline et Papa Roger, le jeune collégien Michel a une réputation de rêveur. Mais les tracas du quotidien (argent égaré, retards et distractions, humeur variable des parents, mesquineries des voisins) vont bientôt être emportés par le vent de l'Histoire. En ce mois de mars 1977 qui devrait marquer l'arrivée de la petite saison des pluies, le camarade président Marien Ngouabi est brutalement assassiné à Brazzaville. Et cela ne sera pas sans conséquences pour le jeune Michel, qui fera alors, entre autres, l'apprentissage du mensonge. Partant d'un univers familial, Alain Mabanckou élargit vite le cercle et nous fait entrer dans la grande fresque du colonialisme, de la décolonisation et des impasses du continent africain, dont le Congo est ici la métaphore puissante et douloureuse. Mêlant l'intimisme et la tragédie politique, il explore les nuances de l'âme humaine à travers le regard naïf d'un adolescent qui, d'un coup, apprend la vie et son prix. Alain Mabanckou est né en 1966 à Pointe-Noire, au Congo-Brazzaville. Ses ?uvres sont traduites dans le monde entier. Il enseigne la littérature francophone à l'Université de Californie-Los Angeles (UCLA).

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

    Quand mon père est ressorti du commissariat, il avait l’air perdu. Il m’a pris dans ses bras et s’est mis à pleurer. Un court instant j’ai pensé : ça y est, on y est. Léa est morte.
    Puis il s’est écarté et j’ai vu un putain de sourire se former sur son visage. Les mots avaient du mal à sortir. Il a fini par balbutier : « On l’a retrouvée. Merde alors. On l’a retrouvée. C’en est fini de ce cauchemar. »
    Il se trompait. Ma sœur serait bientôt de retour parmi nous mais on n’en avait pas terminé.

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

    Kate, étudiante à la dérive, fait des « enquêtes » cinématographiques dans les rues désertées des banlieues pavillonnaires. Son père vient de mourir brutalement et elle noie son chagrin dans la défonce. Au cours d’une de ses déambulations, elle rencontre Jean, une vieille dame en pleine forme qui coupe son bois et prépare des thés délicats. Jean propose un étrange marché : elle veut bien raconter ses histoires, mais à condition que Kate cesse de boire.
    Tandis que Jean déroule le mirage du rêve américain et règle ses comptes avec quelques fantômes, Viêtnam, guerre froide, mouvements contestataires, Kate affronte enfin son deuil impossible et retrouve une place dans le monde.
    Avec sa prose magnétique et tendre, John Burnside rend le monde aux vivants et rappelle que seules les histoires nous sauvent.

     

    POURQUOI PAS ?

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

    Un roman initiatique drôle et acide. Le manuel de survie d'une guerrière en milieu hostile. La fureur de vivre.

    Chez eux, il y a quatre chambres. Celle du frère, la sienne, celle des parents. Et celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier. Un prédateur en puissance. La mère est transparente, amibe craintive, soumise à ses humeurs.
    Avec son frère, Gilles, elle tente de déjouer ce quotidien saumâtre. Ils jouent dans les carcasses des voitures de la casse en attendant la petite musique qui annoncera l’arrivée du marchand de glaces. Mais un jour, un violent accident vient faire bégayer le présent. Et rien ne sera plus jamais comme avant.

    La Vraie Vie est un roman initiatique détonant où le réel vacille. De la plume drôle, acide et sans concession d’Adeline Dieudonné jaillissent des fulgurances. Elle campe des personnages sauvages, entiers. Un univers à la fois sombre et sensuel dont on ne sort pas indemne.

     

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

    Reykjavik, au début des années 50. Sigvaldi et Helga décident de nommer leur deuxième fille Ásta, d’après une grande héroïne de la littérature islandaise. Un prénom signifiant – à une lettre près – amour en islandais qui ne peut que porter chance à leur fille… Des années plus tard, Sigvaldi tombe d’une échelle et se remémore toute son existence : il n’a pas été un père à la hauteur, et la vie d’Ásta n’a pas tenu cette promesse de bonheur.
    Jón Kalman Stefánsson enjambe les époques et les pays pour nous raconter l’urgence autant que l’impossibilité d’aimer. À travers l’histoire de Sigvaldi et d’Helga puis, une génération plus tard, celle d’Ásta et de Jósef, il nous offre un superbe roman, lyrique et charnel, sur des sentiments plus grands que nous, et des vies qui s’enlisent malgré notre inlassable quête du bonheur.

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

    L’idée de passer tout l’été coupés du monde angoissait Franck mais enchantait Lise, alors Franck avait accepté, un peu à contrecœur et beaucoup par amour, de louer dans le Lot cette maison absente de toutes les cartes et privée de tout réseau. L’annonce parlait d’un gîte perdu au milieu des collines, de calme et de paix. Mais pas du passé sanglant de cette maison que personne n’habitait plus et qui avait abrité un dompteur allemand et ses fauves pendant la Première Guerre mondiale. Et pas non plus de ce chien sans collier, chien ou loup, qui s’était imposé au couple dès le premier soir et qui semblait chercher un maître.

    En arrivant cet été-là, Franck croyait encore que la nature, qu’on avait apprivoisée aussi bien qu’un animal de compagnie, n’avait plus rien de sauvage ; il pensait que les guerres du passé, où les hommes s’entretuaient, avaient cédé la place à des guerres plus insidieuses, moins meurtrières. Ça, c’était en arrivant.

    Serge Joncour raconte l’histoire, à un siècle de distance, d’un village du Lot, et c’est tout un passé peuplé de bêtes et anéanti par la guerre qu’il déterre, comme pour mieux éclairer notre monde contemporain. En mettant en scène un couple moderne aux prises avec la nature et confrontés à la violence, il nous montre que la sauvagerie est un chien-loup, toujours prête à surgir au cœur de nos existences civilisées.

     

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

    Monsieur Henri, soixante-quinze ans au début de ce roman, sort d'une longue période d'immobilité à la suite d'une chute de toit. C'est pour lui l'occasion de redécouvrir le monde, en toute innocence et avec des yeux neufs, comme une première fois pour chaque chose, chaque paysage, chaque réalité. D'abord la maison, puis le jardin, puis les alentours, et bientôt aidé par son médecin traitant et un nouveau voisin qui ne l'est pas tant, Monsieur Henri exprime des appétits de lointains, d'expéditions à travers le globe que ses lectures lui inspirent. Il lui faudra se contenter de moins, même si un certain goût pour les extrêmes, volcans ou sommets montagneux, trouvera sa satisfaction, ou presque, dans des entreprises plus modestes, en Auvergne et sur le mont-Blanc.
    Dans ce roman d'apprentissage ou de découverte, Patrice Pluyette fait montre d'une fantaisie à proprement parler extraordinaire, il réussit à enchanter le réel et nous invite à retrouver l'origine de nos sensations, de nos sentiments, de nos rêves aussi. Un roman des merveilles. Un roman qui rend tout merveilleux.

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

    Loin du bruit du monde, Clémence, bientôt huit ans, grandit auprès de parents rivalisant de fantaisie. Mais elle n'a pas la voix d'une petite fille et ses mots sont ceux d'un mystère cruel. Que s'est-il passé pour que l'innocence se borde ainsi de noir ? Plongée vertigineuse et poétique dans le monde de l'enfance, Je voudrais que la nuit me prenne raconte le danger du bonheur. Entre trouble et éclairs de joie, Isabelle Desesquelles explore le lien fragile et inaltérable qui nous unit à nos plus proches. Et la redoutable force du souvenir.

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

    Après un braquage avec son frère qui se termine mal, Joseph Kamal est jeté en prison. Gardes et détenus rivalisent de brutalité, le jeune homme doit courber la tête et s’adapter. Il voudrait que ce cauchemar s’arrête. Une explosion nucléaire lui permet d’échapper à cet enfer. Joseph se cache dans la zone interdite. Poussé par un désir de solitude absolue, il s’installe dans une ferme désertée. Là, le temps s’arrête, il se construit une nouvelle vie avec un mouton et un chat, au cœur d’une nature qui le fascine.

    Trois fois la fin du monde est une expérience de pensée, une ode envoûtante à la nature, l’histoire revisitée d’un Robinson Crusoé plongé jusqu’à la folie dans son îlot mental. L’écriture d’une force poétique remarquable, une tension permanente et une justesse psychologique saisissante rendent ce roman crépusculaire impressionnant de maîtrise.

    « Au bout d’un temps infini, le greffier dit que c’est bon, tout est en règle, que la fouille est terminée. Il ôte ses gants et les jette avec répugnance dans une corbeille. Je peux enfin cacher ma nudité. Mais je ne rhabille plus le même homme qu’une heure auparavant. »

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

    «Et l'enfant ?
    Il dort, il dort.
    Que peut-il faire d'autre ?»

    Une jeune mère célibataire s'occupe de son fils de deux ans. Du matin au soir, sans crèche, sans famille à proximité, sans budget pour une baby-sitter, ils vivent une relation fusionnelle. Pour échapper à l'étouffement, la mère s'autorise à fuguer certaines nuits. À quelques mètres de l'appartement d'abord, puis toujours un peu plus loin, toujours un peu plus tard, à la poursuite d'un semblant de légèreté.
    Comme la chèvre de Monsieur Seguin, elle tire sur la corde, mais pour combien de temps encore?
    On retrouve, dans ce nouveau livre, l'écriture vive et le regard aiguisé de Carole Fives, fine portraitiste de la famille contemporaine.

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

    « À supposer qu’ils habitent la même ville, Louisa Makhloufi et Romain Praisse y resteraient-ils encore cent ans que la probabilité qu’ils se croisent, s’avisent et s’entreprennent resterait à peu près nulle. En sorte que si l’une des 87 caméras de surveillance installées en 2004 par les techniciens d’un prestataire privé de la mairie les voit se croiser, s’aviser, s’entreprendre, ce ne sera qu’à la faveur d’un dérèglement des trajectoires lié à une conjonction hasardeuse de faits nécessaires. »

    Dans une France contemporaine fracturée, François Bégaudeau met en regard violence économique et drame personnel, imaginant une exception romanesque comme pour mieux confirmer les règles implicites de la reproduction sociale.

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

    Tout le monde ne parle que du vivre-ensemble mais, au fond, qui sait vraiment de quoi il retourne, sinon les familles recomposées ? Vivre ensemble, c’est se disputer un territoire.

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

    Paula s’avance lentement vers les plaques de marbre, pose sa paume à plat sur la paroi, mais au lieu du froid glacial de la pierre, c’est le grain de la peinture qu’elle éprouve. Elle s’approche tout près, regarde : c’est bien une image. Étonnée, elle se tourne vers les boiseries et recommence, recule puis avance, touche, comme si elle jouait à faire disparaître puis à faire revenir l’illusion initiale, progresse le long du mur, de plus en plus troublée tandis qu’elle passe les colonnes de pierre, les arches sculptées, les chapiteaux et les moulures, les stucs, atteint la fenêtre, prête à se pencher au-dehors, certaine qu’un autre monde se tient là, juste derrière, à portée de main, et partout son tâtonnement lui renvoie de la peinture. Une fois parvenue devant la mésange arrêtée sur sa branche, elle s’immobilise, allonge le bras dans l’aube rose, glisse ses doigts entre les plumes de l’oiseau, et tend l’oreille dans le feuillage.

    JE NE LIRAI PROBABLEMENT PAS

     

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

    Regarder à se crever les yeux, à éclater le crâne avec les yeux de derrière les yeux, de derrière la tête. » L’homme qui écrit ces lignes tentera, toute sa courte vie durant, de voir. Né à Reims en 1907 et mort à 36 ans à Paris en 1943, le poète Roger Gilbert-Lecomte – que raconte ce roman – est le fondateur avec René Daumal, Roger Vailland et Robert Meyrat de la revue Le Grand Jeu.
    Au cœur de l’émulation artistique des années 1930, il côtoie André Breton, Arthur Adamov ou encore Antonin Artaud et poursuit, tout au long de sa vie, une quête existentielle et poétique acharnée, accompagnée de prises massives d’alcools et de drogues. La littérature est pour lui considérée – au même titre que diverses substances– comme un moyen de dépassement de la condition humaine.

    Loin de l’image d’Épinal du poète maudit, Matthieu Mégevand met en scène la vie de Roger Gilbert-Lecomte en cherchant à approcher son point d’incandescence – c’est- à-dire le moment où l’existence ne se suffit plus, se dépasse, surchauffe, et où l’acte créateur surgit. Au final, un destin d’étoile filante et un roman à son image : éclatant, lumineux, profondément existentiel et qui défile à toute allure.

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

    Deux petites filles métisses d’un quartier populaire de Londres se rencontrent lors d’un cours de danse. Entre deux entrechats, une relation fusionnelle se noue entre elles. Devant les pas virtuoses de Fred Astaire et de Jeni LeGon sur leur magnétoscope, elles se rêvent danseuses. Tracey est la plus douée, la plus audacieuse mais aussi la plus excessive. Alors qu’elle intègre une école de danse, la narratrice, elle, poursuit une scolarité classique au lycée puis à l’université, et toutes deux se perdent de vue.
    La plus sage devient l'assistante personnelle d’Aimee, une chanteuse mondialement célèbre. Elle parcourt le monde, passe une partie de l’année à New York et participe au projet philanthropique d’Aimee : la construction d’une école pour filles dans un village d’Afrique. Pendant ce temps, la carrière de Tracey démarre, puis stagne, tandis que progresse son instabilité psychologique. Après une série d’événements choquants, les deux amies se retrouveront pour un dernier pas de danse.
    Roman d’apprentissage et de désillusion, le cinquième roman de Zadie Smith opère également une réflexion sur le racisme, l’identité, le genre et la célébrité, avec beaucoup de rythme, d’humour et d’émotion.

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

    « Je traversais la rue… Vincent passait sur le trottoir d’en face. Je me suis arrêtée au milieu du carrefour. J’étais là, figée. Le cœur battant. Je regardais son dos qui s’éloignait. Torse large, hanches étroites, il avait une stature impressionnante. J’aurais pu courir, le rattraper. Il a tourné au coin de la rue. Je suis restée debout, les jambes coupées. Les yeux fixés sur la direction qu’il avait prise. Je tremblais. Je n’arrivais plus à respirer. J’ai pris mon téléphone dans mon sac, j’ai appelé une amie. »

     

    Quels choix pour la rentrée littéraire 2018?

     Sitam, jeune homme fou de jazz et de littérature, tombe amoureux de la môme Capu. Elle a un toit temporaire, prêté par un ami d’ami. Lui est fauché comme les blés. Ils vivent quelques premiers jours merveilleux mais un soir, sirènes, explosions, coups de feu, policiers et militaires envahissent la capitale. La ville devient terrifiante...

    Bouleversés, Sitam et Capu décident de déguerpir et montent in extremis dans le dernier train de nuit en partance. Direction la zone - ’la grisâtre’, le pays natal de Sitam. C’est le début de leur odyssée. Ensemble ils vont traverser la banlieue, l’Europe et la précarité...

    Nerveux, incisif, musical, K.O. est un incroyable voyage au bout de la nuit. Ce premier roman, né d’un sentiment d’urgence radical, traite de thèmes tels que la poésie, la maladie, la mort, l’amitié et l’errance. Il s’y côtoie garçons de café, musiciens sans abris et imprimeurs oulipiens. Splendide et fantastique, enfin, y règne le chaos.


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  • Art

    Art

    de Yasmina Reza

    Mon ami Serge a acheté un tableau [...] un tableau blanc avec des liserés blancs. " Médecin dermatologue, Serge aime l'art moderne et Sénèque, qu'il trouve " modernissime ". Ingénieur dans l'aéronautique, Marc a des goûts plus traditionnels et ne comprend pas que son ami Serge ait pu acheter " cette merde deux cent mille francs ". Quant à Yvan, représentant dans une papeterie, il aimerait ne contrarier aucun de ses deux précieux amis. Mais les disputes esthétiques autour du " tableau blanc " dégénèrent dans un crescendo hilarant et féroce, qui ne laissera personne indemne... Créée en 1994 à Paris, dans une distribution irréprochable (moncul, Luchini, Arditi), " Art " a fait connaître Yasmina Reza sur les scènes du monde entier. C'est dire l'universalité du thème, l'humanité des personnages et la virtuosité des dialogues qui font déjà de cette pièce un classique de la comédie de mœurs. Comme chez Molière ou Labiche, Feydeau ou Ribes, les élèves découvriront que le " goût des autres " reste le plus efficace des ressorts dramatiques, et combien la fantaisie la plus extravagante peut révéler d'angoisse existentielle.

    Citations:

    -"SERGE : Je veux savoir ce que ce con a dit, merde !
    YVAN : Vous voulez savoir ?...
    (Il sort un bout de papier plié de la poche de sa veste.)
    MARC : Tu as pris des notes ?!
    YVAN : J'ai noté parce que c'est compliqué... Je vous lis ?
    SERGE : Lis.
    YVAN : "... Si je suis moi parce que je suis moi, et si tu es toi parce que tu es toi, je suis moi et tu es toi. Si, en revanche, je suis moi parce que tu es toi, et si tu es toi parce que je suis moi, alors je ne suis pas moi et tu n'es pas toi..."
    (court silence)
    MARC : Tu le paies combien ?
    YVAN : Quatre cents francs la séance, deux fois par semaine.
    MARC : Joli.
    SERGE : Et en liquide. Car j'ai appris un truc, tu ne peux pas payer par chèque. Freud a dit, il faut que tu sentes les billets qui foutent le camp."

     


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  • « Un livre est une fenêtre par laquelle on s’évade. » de Julien Green

    « L'art de lire consiste à savoir sauter les pages. » de Philip Hamerton

    « La vertu paradoxale de la lecture est de nous abstraire du monde pour lui trouver un sens. » de Daniel Pennac

    « Dans l'excès du bonheur lire est bien difficile, cependant on s'ennuie à la longue si l'on ne lit pas. » de Stendhal

     


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  • Bloc mémoire: livres, films et jeux ou autre bric à brac trouveront ici leur place pour le temps où je voudrais les retrouver, pour les partager aussi un peu...


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