• Mille petits riens

     

    Mille petits riens

    Jodi Picoult

     

     

    Ruth est sage-femme depuis plus de vingt ans. C'est une employée modèle. Une collègue appréciée et respectée de tous. La mère dévouée d'un adolescent qu'elle élève seule. En prenant son service par une belle journée d'octobre 2015, Ruth est loin de se douter que sa vie est sur le point de basculer. Pour Turk et Brittany, un jeune couple de suprémacistes blancs, ce devait être le plus beau moment de leur vie : celui de la venue au monde de leur premier enfant. Le petit garçon qui vient de naître se porte bien. Pourtant, dans quelques jours, ses parents repartiront de la Maternité sans lui. Kennedy a renoncé à faire fortune pour défendre les plus démunis en devenant avocate de la défense publique. Le jour où elle rencontre une sage-femme noire accusée d'avoir tué le bébé d'un couple raciste, elle se dit qu'elle tient peut-être là sa première grande affaire. Mais la couleur de peau de sa cliente, une certaine Ruth Jefferson, ne la condamne-t-elle pas d'avance ? Avec ce nouveau roman captivant et émouvant, Jodi Picoult aborde de front le grand mal américain et nous montre ― à travers les petits riens du quotidien, les pas vers l'autre ― comment il peut être combattu.

     

    → C'est étonnant comme parfois un livre vous happe dès les premières pages. Mille petits riens est de ceux là. C'est une voisine qui l'a d'abord lu dans le cadre d'une club lecture. Il prit alors sa place sur ma pile à lire. Mais la pile est haute. C'est en remarquant ensuite sa bonne note sur babelio (4,49) que je l'ai remonté.

    C'est un récit dans le roman, celui d'une femme noire, sage-femme, accusé du meurtre d'un bébé d'un couple ultra raciste. c'est la société américaine qui est mise en exergue.

    La justice ne pourra être équitablement rendue tant que ceux qui ne sont pas concernés ne s'indignent pas avec ceux qui le sont.

    Benjamin Franklin

     

     

    Je voulais qu'elle voit de ses propres yeux que l'amour ne dépend pas de ce qu'on regarde, mais entièrement de la personne qui regarde.

     

    Les bébés sont comme des ardoises vierges. Ils ne viennent pas au monde déjà chargés des engagements pris par leurs parents, des promesses formulées par leur église, de cette capacité qu'ont certains à ranger les êtres humains dans deux groupes distincts : ceux qu'ils aiment et ceux qu'ils n'aiment pas. En réalité, ils arrivent sans rien, à part un besoin immense d'être rassurés. Et ce besoin peut être comblé par n'importe qui : ils ne jugeront pas la personne qui les prendra dans ses bras.
    Une question me traverse l'esprit : combien de temps faut-il pour que ce vernis naturel s'écaille au contact de l'éducation reçue ?

     

     

     

    Assister à la naissance de Louis nous a toutes affectées, chacune à notre manière. Christina a accouché par césarienne. Rachel a eu cinq enfants. Et moi je suis devenue sage-femme.

     

     

    Le plus beau bébé qu'il m'est été donné de voir est né sans visage.

     

    p.19

     

     

     

    • Je suis désolée, a-t-elle dit d'un ton contrit, visiblement bouleversée. C'est juste que... C'est un monstre.

    • C'est un bébé, ai-je rectifié en la bousculant pour passer. J'ai rattrapé le père dans la salle des parents.

    • Votre femme et votre fils ont besoin de vous.

    • Ce n'est pas mon fils. Cette...chose...

    • ...ne vivra pas longtemps. Je vous conseille donc de lui donner sans tarder tout l'amour que vous avez emmagasiné pour lui.

     

    p.20

     

     

     

    Avais-je raison d'obliger ce père à se confronter à son enfant mourant ? N'outrepassais-je pas là mon rôle d'infirmière ? Si ma chef m'avait posé ces questions à l'époque, j'aurais répondu que j'avais été formée pour aider les parents à faire le deuil de leur enfant mort. Si cet homme refusait d'admettre qu'il s'était passé quelque chose de terrible – ou, pire, s'il feignait de croire toute sa vie qu'il ne s'était rien passé-, un trou s'ouvrirait en lui. Minuscule au début, cette faille continuerait de grandir, encore et encore, jusqu'au jour où, sans crier gare, il prendrait conscience du vide qui l'habitait.

     

    p.21

     

     

    Vous croyez vraiment que si j'étais blanche, je serais assise en face de vous aujourd'hui ?

     

    Il est bien sûr parfaitement impossible d'examiner une affaire impliquant la seule infirmière noire d'un service hospitalier, un père néonazi et la décision mécanique prise par un membre de l'administration hospitalière sans envisager un instant un problème d'ordre raciste.

     

    Mais.

     

    Mais les avocats de la défense publique qui prétendent que la justice est aveugle sont de gros menteurs. Il suffit de suivre dans les médias les affaires à connotations raciales pour constater rapidement que les avocats, les juges et les jurés se donnent un mal de chien pour faire croire qu'il n'est surtout pas question de couleur de peau, alors même que le contraire est évident. Tous les avocats de la défense publique vous diront également que, bien que la majorité de leurs clients soient des personnes de couleur, il est fortement déconseillé de jouer la carte raciale pendant un procès.

     

    Pourquoi ? Parce qu'il est carrément suicidaire d'aborder la question raciale dans une salle d'audience. Vous ne connaissez pas les opinions des jurés. Et vous n'êtes pas non plus sûrs à cent pour cent de ce que pense le juge. En fait, la manière la plus sûre de perdre un procès dont l'objet était en lien avec la question raciale consiste à dire les choses ouvertement. Si vous voulez avoir une chance de gagner la partie, vous essayez d'offrir autre chose aux douze jurés : un fragment de preuve susceptible d'innocenter votre client, de sorte que ces hommes et ces femmes puissent rentrer chez en continuant à faire semblant de croire que le monde dans lequel nous vivons est un monde d'égalité.

     

    P: 248

     

     


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