• En attendant Bojangles

    En attendant Bojangles

    Olivier Bourdeaut

    Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur "Mr. Bojangles" de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis.
    Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mademoiselle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères.
    Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte.
    L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom.

    L’optimisme des comédies de Capra, allié à la fantaisie de L’Écume des jours.

    --> L'auteur est un orfèvre des adjectifs et rythme son écriture de rimes infinies. C'est un poète des mots dont les recettes n'ont pas été sans m'évoquer le chef Boby Lapointe. le récit est comme une danse qui nous emporte et une sorte de magie opère dans laquelle notre propre folie titille sans cesse nos zygomatiques, à moins que ce ne soit l'inverse. Un tendre coup de coeur. Bénédicte, Georgette, Elisabeth, Jeanne, Liberty nous manque à chaque fois qu'on pose le livre.

     Citations:

    Ceci est mon histoire vraie, avec des
    mensonges à l’endroit, à l’envers, parce
    que la vie c’est souvent comme ça.

    1

    Mon père m’avait dit qu’avant ma naissance, son métier c’était de chasser les mouches avec un harpon. Il m’avait montré le harpon et une mouche écrasée.
    – J’ai arrêté car c’était très difficile et très mal payé, m’avait-il affirmé en rangeant son ancien matériel de travail dans un coffret laqué. Maintenant j’ouvre des garages, il faut beaucoup travaillé mais c’est très bien payé.
    A la rentrée des classes, lorsqu’aux premières heures on fait les présentations, j’avais parlé, non sans fierté, de ses métiers mais je m’étais fait gentiment gourmander et copieusement moquer.
    – La vérité est mal payée, pour une fois qu’elle était drôle comme un mensonge, avais-je déploré.

    -Pauline, où sont mes espadrilles?
    Et Maman répondait:
    -A la poubelle, Georges! C’est encore là qu’elles vous vont le mieux!
    Et Maman lui lançait:
    -Georges, n’oubliez pas votre bêtise, on en a toujours besoin!
    Et mon père répondait:
    -Ne vous en faites pas, Hortense, j’ai toujours un double sur moi!

    D’elle mon père disait qu’elle tutoyait les étoiles, ce qui me semblait étrange car elle vouvoyait tout le monde, y compris moi.

    Le problème c'est qu'elle perdait complètement la tête. Bien sûr, la partie visible restait sur ses épaules, mais le reste, on ne savait pas où il allait.

    Maman était installée au deuxième étage de la clinique, celui des déménagés du ciboulot. Pour la plupart le déménagement était en cours, leur esprit partait petit à petit, alors ils attendaient calmement la fin du nettoyage, en mangeant des médicaments.

    Le miroir est plus objectif, il juge vraiment, parfois cruellement, mais sans mettre d'affectif.

    Mais enfin, dans quel monde vivons nous? On ne vend pas les fleurs, les fleurs, c'est joli et c'est gratuit, il suffit de se pencher pour les ramasser. Les fleurs c'est la vie, et à ce que je sache on ne vend pas la vie

    Les ennemis les plus dangereux sont ceux qu'on ne soupçonne pas !

    Elle avait réussi à donner un sens à ma vie en la transformant en un bordel perpétuel. Sa trajectoire était claire, elle avait mille directions, des millions d’horizons, mon rôle consistait à faire suivre l’intendance en cadence, à lui donner les moyens de vivre ses démences et de ne se préoccuper de rien.

     

     


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