• Le dîner

    Le dîner

    d'Herman Koch (2013)

    Succès phénoménal aux Pays-Bas, alliance détonante d'une comédie de moeurs à l'humour ravageur et d'un roman noir à la tension implacable, Le Dîner dresse le portrait de notre société en pleine crise morale. Deux frères se donnent rendez-vous avec leurs épouses dans un restaurant branché d'Amsterdam. Hors-d'oeuvre : le maître d'hôtel s'affaire. Plat principal : on parle de tout, des films à l'affiche, des vacances en Dordogne. Dessert : on évite soigneusement le véritable enjeu du dîner, les enfants. Car leurs fils respectifs ont commis un acte d'une violence inouïe. Un café, un digestif, l'addition. Reste la question : jusqu'où irions-nous pour préserver nos enfants ?

    --> Il est des livres que l'on choisit pour leur titre et leur couverture, le dîner a été un de cela. De l'humour, du roman noir, de la tension... ce roman est une véritable surprise par ces portraits psychologiques. Ils sont effleurés, mais on mesure toute leur profondeur et les portraits ont de quoi nous amener à nous interroger sur ce qui régit les relations avec les autres. Dans le couple, la famille, la fratrie, en société, en politique. Les non dits, les secrets sont évoqués. Les déroulement du récit qui n'est pas linéaire nous réserve quelques surprises. Le narrateur  a l'esprit particulièrement tortueux que certaines scènes paraissent invraisemblables, mais l'art de l'auteur nous permet d'y croire. Il interroge sur les formes de violences sociales.

    C'est un récit truculent, où les personnages entretiennent des rapports complexes où le narrateur se raccroche sans arrêt à l'image de ce que doit être une "famille heureuse".

    Un récit qui ne ressemble pas à grand chose d'autre. A lire

    SPOILER:

    Deux couples mangent dans un grand restaurant. Le narrateur juste avant le repas a vu qqc sur le tél. de son fils qu'il n'aurait pas dû voir. Ce repas ne l'enjoue pas c'est le moins qu'on puisse dire. Il va dîner avec son frère, promis futur ministre et les épouses respectives. Le fils du narrateur, Michel et son cousin Rick ont mis à mort une sdf dans un distributeur automatique. La scène a été filmée sans qu'ils soient reconnaissables et l'enjeu de la soirée est de voir comment chaque adulte veut couvrir ou révéler ce que son fils a fait. Un troisième enfant, Beau, fils adoptif du politicien s'avère être maître chanteur.

    A aucun moment autour de la table les faits ne sont clairement évoqués, alors qu'il semble qu'il faille prendre à l'initiative du politicien une décision: il veut révéler l'affaire et sortir de la vie politique. Les trois autres trouvent que c'est folie, qu'il décide ainsi de l'avenir des garçons et qu'il n'en a pas le droit.

    Dénouement: Au cours de la soirée Michel et Rick vont vraisemblablement se débarrasser de Beau. Claire abîmera le visage du beau Serge l'obligeant à nepas faire sa carrière politique, évitant à son mari violent de la faire (la violence serait-elle dans les gênes?), avec la complicité de Babette, la femme de Serge.

    Citations:

    - On n'a pas besoin de tout savoir les uns des autres. Les secrets ne sont pas un obstacle au bonheur.

    - Le proviseur était probablement contre le réchauffement de la planète, et l'injustice en général. Peut-être ne mangeait-il pas de viande de mammifères et était-il antiaméricain, ou bien en tout cas contre Bush - en adoptant ce dernier point de vue, les gens se croyaient autorisés à ne plus réfléchir à rien. Quand on était contre Bush, on avait le coeur au bon endroit, et on pouvait se comporter vis-à-vis de son entourage comme le pire des rustres.

    - Cela arrive plus souvent qu'on ne le souhaite, dans ces restaurants prétendument haut de gamme, on perd le fil de la conversation à force d'être confronté à ces innombrables interruptions comme les explications bien trop détaillées sur le moindre pignon de pin dans son assiette, le débouchage interminable des bouteilles de vin et le remplissage opportun ou non de nos verres sans que personne n'ait rien demandé

    - Si je devais donner une définition du bonheur, ce serait celle-ci : le bonheur se satisfait de lui-même, il n'a pas besoin de témoin. " Toutes les familles heureuses se ressemblent, les familles malheureuses le sont chacune à leur façon", dit la première phrase d'Anna Karénine, de Tolstoï.
    Je me contenterai tout au plus d'y ajouter que les familles malheureuses - et au sein de ces familles en premier lieu les couples malheureux - n'y parviennent jamais seules.
    Plus il y a de témoins, mieux cela vaut. Le malheur est toujours en quête de compagnie.
    Le malheur ne peut supporter le silence - et encore moins les silences gênés qui s'installent lorsqu'il se retrouve seul.
    Aussi nous sommes-nous souri, Claire et moi, dans le café quand on nous a servi nos bières, sachant que bientôt nous allions passer toute une soirée en compagnie des Lohman : nous vivions le plus beau moment de la soirée, tout n'irait par la suite que de mal en pis. p.14

    - Je sais parfaitement que, dans les restaurants haut de gamme, on privilégie la qualité et non la quantité, mais il y a vide et vide. En l'occurrence, on avait été visiblement très loin dans l'exagération du vide, de la partie de l'assiette sans aucune nourriture.

    - L'expérience m'a appris que, face à des intelligences inférieures, le mieux est de mentir effrontément; en mentant, on donne aux abrutis la possibilité de battre en retraite sans perdre la face.  (NB: c'est quand Paul est avec le proviseur de Michel après son devoir sur la peine de mort)


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