• Au moins un

    Au moins un

    Irène Cohen-Janca

    Premier jour au centre d’appels. Docile et résignée, Marie apprend les règles du télémarketing en open space : tournures de phrases positives, attitude calme en toutes circonstances, “le sourire qui s’entend” comme dit son superviseur. Mais quand on veut lui imposer de s’appeler Sonia, Marie sent qu’elle est en train de s’oublier. Jusqu’au jour où elle recroise Madame “Au moins un”, cette professeur de français qui recommandait à ses élèves d’apprendre au moins un poème par coeur : un poème pour soi, comme un abri pour se réfugier, n’importe où et n’importe quand. Revient en mémoire à la jeune fille le souvenir de son poème-portrait, “Marie” de Guillaume Apollinaire. Le déclic. Marie refuse de se laisser étouffer par cette formatrice au brushing parfait, par son petit ami Mickaël qui aimerait qu’elle soit un peu plus “comme tout le monde” et la trompe, et par sa mère qui voudrait qu’elle pense comme elle. Marie veut devenir coiffeuse. Et plus question de perdre ses rêves de vue.

    --> Une nouvelle, dans une collection ado nommée "D'une seule voix: des textes d'une seul souffle. Des textes à dire, à partager avec soi et le monde." Cela est vite lu. J'ai pensé aux récits gratuits et de qualité variée "Raconter la vie", avec tout de même un petit plus littéraire qui tient dans ce "au moins un"... ce poème, au moins un que la prof de 6ème répétait qu'il faut en connaître au moins un "que vous pourrez réciter à vous-même, n'importe où et n'importe quand. Enfermé dans un cachot, égaré dans un désert, oublié par tous, il vous restera toujours le poème."..

    Avec Madame "Au moins un."? C'était notre professeur de français en sixième et on l'appelait comme ça parce qu'elle répétait sans se lasser qu'il fallait apprendre au moins un poème par coeur dans sa vie. Elle disait un que vous pourrez vous réciter à vous-même, n'importe où et n'importe quand. Enfermé dans un cachot, égaré dans un désert, oublié par tous, il vous restera toujours le poème. On se voyait mal errant dans le désert ou croupissant au fond d'un cachot, on riait bêtement mais on l'écoutait. La preuve, je me souviens exactement de ses mots. Quand on lui demandait pourquoi il fallait absolument l'apprendre par coeur, elle répondait qu'à cette seule condition Le poème fait vraiment partie de nous, coule en nous, devient comme un abri on l'on pourra toujours se réfugier, une petite cabane d'où personne ne nous délogera.


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