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Merci pour ce moment
de Valérie Trierweiler
"Tout ce que j'écris est vrai. A l'Elysée, je me sentais parfois comme en reportage. Et j'ai trop souffert du mensonge pour en commettre à mon tour", Valérie Trierweiler.
--> Allez, j'avoue, je l'ai lu. Personne ne s'en vante... Quelle provocation de révéler une part de la vie privée du Président. Est-ce respectueux de nos institutions?
Valérie Trierweiler laisse surtout penser qu'elle est victime d'un homme menteur et manipulateur. Bon. Son témoignage, s'il était anonyme pourrait toucher. L'homme qu'elle aime éperdument n'est pas celui qu'elle croyait. Elle accuse en partie le pouvoir et sa fonction de l'avoir transformé, mais pas seulement. Elle accuse l'homme. On la sent manipulée. Mais qui des deux manipulait l'autre? Un couple sous influence. Je me suis demandée dans quelle mesure le couple pouvait être mis en scène pour servir la destinée de chacun. Et Valérie Trierweiler ne s'y est pas retrouvée. Elle clame n'avoir rien cherché. Tout juste a-t-elle soutenu quand il le fallait l'homme qu'elle aimait. Parce qu'elle est sincère, vraie, simple, humaniste, généreuse et j'en passe. Elle vient de chez les petites gens, elle ne possédait pas les codes de ces grands de la République (du royaume ai-je presque envie d'écrire). Elle ne possédait pas l'Etiquette. Trop de choses ont joué en sa défaveur. Et elle a souffert, beaucoup trop, des mensonges et de l'indifférence de son compagnon. Bon. Tout ça c'est ce qu'elle écrit. Son déballage. Parce qu'elle répète qu'elle n'aime pas déballer sa vie privée toutes les trois pages. Pourtant c'est ce qu'elle fait. Elle se clame sincère, mais parfois il ne faut pas en faire trop.
Elle est probablement sincère, oui. Mais ce genre d'histoire je préfère les lire dans les romans de Tatiana de Rosnay. Ce roman se veut témoignage mais utilise les ficelles de la fiction en moins bien écrit. Cela fera du bien à son auteur. Cela ternira sans aucun doute l'image du Président encore un peu plus. Et cela donne un triste témoignage de nos institutions.
Son récit est plaintif, larmoyant. Trop beaucoup trop. Elle est parfaite (enfin presque, elle dégage quelques défauts pour qu'on tende à l'écouter jusqu'au bout). Engagée dans les belles causes. Elle ne doit rien à personne. Finalement, tout le long du récit elle fait tout pour qu'on s'apitoie sur elle. Une fois le livre terminé, j'ai relevé la tête, regardé les gens qui m'entouraient, et je me dis que si elle est si malheureuse, il doit y avoir vraiment trop de gens malheureux sur terre.
C'est un livre qui sent mauvais. Lisez-le pour savoir de quoi il s'agit (mais ne l'achetez pas!): il est un symptôme d'une République peut-être malade.
"J'ai trop souffert" écrit-elle.... je préfère utiliser mon capital compassion pour d'autres souffrances.
CITATIONS:
- Je n'ai pas le droit de me plaindre : je traverse une épreuve, pas un drame.
n dimanche de décembre, alors que nous déjeunons chez le couple Valls, la conversation se porte sur le ministre du Budget et son compte en Suisse.
– C’est terrible pour lui, il ne dort plus, remarque Manuel Valls.
Je lui réponds :
– S’il ne dort pas, c’est qu’il n’a pas la conscience tranquille.
– Ça n’a rien à voir, là on touche à sa dignité.
Manuel Valls aurait pu choisir un autre mot que « dignité ». Le débat sur le mariage pour tous alimente alors la « fachosphère ». Sur Internet, l’extrême droite est remontée à bloc, je me fais insulter à longueur de temps. Donc la dignité de Cahuzac ne m’émeut pas autant que les autres convives.
– Et moi ? Quand je me fais traiter de première pute de France, on ne touche pas à ma dignité ?
D’une même voix, François et son ministre de l’Intérieur se récrient :
– Ça n’a rien à voir.
Non, rien à voir, lui est un homme politique drapé dans son honneur et moi une femme sans statut, une poupée vaudou que l’on peut insulter et traîner dans la boue. Je ne relève pas. Je suis convaincue que Jérôme Cahuzac va tomber. Je persiste :
– Je suis sûre qu’il ment.
Chacun reste sur ses positions. Les deux hommes le couvrent parce qu’il est l’un des leurs, un politique et un ami. Manuel Valls finira par lâcher à son propos :
– On tient, on tient, jusqu’au moment où on ne tient plus.
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