• Les lits en diagonale

    Les lits en diagonale

    d'Anne Icart

    Je préfère la photo où tu me serres dans tes bras. On a l'air de s'aimer à la folie. On s'aime à la folie. » De l'enfance à aujourd'hui, l'histoire bouleversante d'une petite s ur « normale » et de son frère « pas comme les autres ».


    Il a cinq ans de plus qu'elle, ils dorment dans la même chambre, leurs lits en diagonale, et il est son grand frère adoré, son héros. Anne a à peine sept ans - « l'âge de raison » - quand sa mère lui dit que Philippe est malade, et qu'il ne guérira pas. Elle ne comprend pas tout, elle est trop petite, mais elle reçoit l'essentiel, de plein fouet : elle comprend qu'il faudra toujours veiller sur lui. Ne jamais le laisser seul. L'aimer plus fort que les autres. De ce jour, elle va grandir le c ur accroché à son frère, « son héros aux ailes brisées », handicapé mental à cause d'une césarienne faite trop tard lors de sa naissance.
    Comme des instantanés ultrasensibles de leurs vies, les souvenirs affluent, mêlant passé et présent, parfois cruels et douloureux, le plus souvent tendres et joyeux, voire cocasses. Et avec eux des sentiments extrêmement forts, le désir sauvage de protéger, la honte, le remords, la rage impuissante, la culpabilité, la peur, la difficulté à construire sa vie à soi, à aimer d'autres hommes - mais surtout l'amour, cet amour plus fort que les autres. « Personne ne peut imaginer comme je suis nouée à toi ; même pas moi » : c'est ce qu'elle raconte ici, de leur enfance dans les années 1970 à aujourd'hui où « tout va bien », parce que le regret de ce qui aurait pu être a laissé la place à l'acceptation de ce qui est vraiment.
    Portée par une écriture lumineuse, l'émotion vous prend dès les premières pages et vous mène d'une traite jusqu'à la dernière ligne de ce récit aussi fort que bref : c'est rare.

    --> C'est un récit qui nous emporte, dans lequel on s'identifie, à tous les âges de la vie. Mais la narratrice ici nous raconte surtout son regard, sa vie avec ce frère, handicapé. Les phrases sont courtes, chacune pleine de puissance. Cela en fait un récit rapide, fort, dans lequel les citations pourraient être multiples. Un récit bouleversant.


    Citations:

     J'ai compris qu'on pouvait aimer et haïr à la fois. Et le dire . Regretter, en vouloir, mais admirer. Et le dire. Qu'être la sœur d'un handicapé, ce n'est pas plus facile que d'en être le mère ou le père. Et le dire. Que c'est différent. Qu'on s'en prend aussi pour toute la vie. De sa naissance à sa mort. Qu'on passe par tous les états. Mais que l'éventail de sentiments , du pire au meilleur, qu'offre cette fraternité bancale est un véritable don. Et le dire . Je le dis .

    - Ton lit est en diagonale du mien.J'aime y venir et m'endormir avec toi.Ce sentiment de quiétude,de sécurité que j'éprouve quand nous sommes collés l'un à l'autre me suivra pendant de longues années.Allongée contre toi, il me semblait que rien ne pouvait m'arriver.La nuit,je pouvais bien venir, je ne risquais rien puisque tu étais là.

    - La honte à l'adolescence d'avoir un frère handicapé, le remords ensuite, comme elle s'en est voulu, la fierté maintenant. Les regrets de tout ce qui aurait pu être et de tout ce qui est vraiment.

    - Rien ne peut être plus dur pour une mère et un père que d'enfanter un être diminué.C'est vrai.Surtout dans une société qui accepte si mal la différence.

    - Je voudrais que tu sois parfait. Mais tu ne l'es pas . Ça n'existe pas un handicapé parfait. Surtout si ça veut dire normal. Même si ç' aurait pu être pire .

     


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