• Otages intimes

    Otages intimes

    Jeannne Benameur

    Photographe de guerre, Etienne a toujours su aller au plus près du danger pour porter témoignage. En reportage dans une ville à feu et à sang, il est pris en otage. Quand enfin il est libéré, l'ampleur de ce qu'il lui reste à ré-apprivoiser le jette dans un nouveau vertige, une autre forme de péril. De retour au village de l'enfance, auprès de sa mère, il tente de reconstituer le cocon originel, un centre duquel il pourrait reprendre langue avec le monde. Au contact d'une nature sauvage, familière mais sans complaisance, il peut enfin se laisser retraverser par les images du chaos. Dans ce progressif apaisement, se reforme le trio de toujours. Il y a Enzo, le fils de l'Italien, l'ami taiseux qui travaille le bois et joue du violoncelle. Et Jofranka, l'ex petite fille abandonnée, avocate à La Haye, qui aide les femmes victimes de guerres à trouver le courage de témoigner. Ces trois-là se retrouvent autour des gestes suspendus du passé, dans l'urgence de la question cruciale : quelle est la part d'otage en chacun de nous ? De la fureur au silence, Jeanne Benameur habite la solitude de l'otage après la libération. Otages intimes trace les chemins de la liberté vraie, celle qu'on ne trouve qu'en atteignant l'intime de soi.

    --> Après Insurrections singulières puis Ceux qui partent, me voilà entraînée dans l'oeuvre de J. Benameur. Etienne est un otage nouvellement libéré. Sa liberté retrouvé, comment retrouver le passé, panser les plaies, surmonter le traumatisme de l'enfermement ou de ce dernier évènement qui a précédé l'enlèvement? Il y a des gens qui l'attende: sa mère, Irène, ses amis d'enfance Enzo et Jofranka, sa dernière petite amie Emma. Une attente parfois discrète. Ce retour est pour chacun l'occasion de repenser le passé, de repartir avec une nouvelle donne: le retour d'Etienne. J'aime beaucoup comment Jeannne Benameur emmène son lecteur avec simplicité vers des histoires complexes et des personnages fouillés. On a le sentiment que leur vie est influencée par un fort déterminisme, les chemins choisis ont toujours une explication. Ce sont tous des personnages vivants. D'histoires qui pourraient être dramatiques, l'auteure crée des romans puissamment vivants!

    Citations:

    Les fils ne savent pas ce que vivent les mères. J'ai vécu en fonction de toi en croyant être libre. Je ne voyais pas que c'était toi qui avait pris toute la place. Et il n'y a pas à t'en vouloir. C'est comme ça que les mères font. Elles laissent le fils prendre peu à peu toute la place et elles deviennent d'étranges et absolues servantes.


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