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En vieillissant les hommes pleurent
deJean-Luc Seigle
Présentation de l'éditeur
9 juillet 1961. Dès le lever du jour, il fait déjà une chaleur à crever. Albert est ouvrier chez Michelin. Suzanne coud ses robes elle-même. Gilles, leur cadet, se passionne pour un roman de Balzac. Ce jour-là, la télévision fait son entrée dans la famille Chassaing. Tous attendent de voir Henri, le fils aîné, dans le reportage sur la guerre d'Algérie diffusé le soir même. Pour Albert, c'est le monde qui bascule. Saura-t-il y trouver sa place? Réflexion sur la modernité et le passage à la société de consommation, En vieillissant les hommes pleurent jette un regard saisissant sur les années 1960, théâtre intime et silencieux d'un des plus grands bouleversements du siècle dernier.
Biographie de l'auteur
Jean-Luc Seigle est romancier, auteur dramatique et scénariste. En vieillissant les hommes pleurent est son troisième roman après La Nuit dépeuplée (Pion, 2000) et Le
Sacre de l'enfant mort (Pion, 2007).--> Dans ce roman, on apprend avec pudeur à connaitre Gilles, l'enfant de 10 ans lecteur d'Eugénie, comme un récit initiatique. Albert, le personnage principal, ouvrier à l'usine Michelin, qui vit sa dernière journée. Suzanne, sa femme, qui attend chaque jour des nouvelles de leur fils Henri en Algérie.
Le roman est le récit d'une journée, celle où Albert a vraisemblablement décidé de mourir, celle où l'on attend, installe et regarde la télévision pour la première fois. Une journée où Albert lavera le corps de sa mère malade, où sa soeur viendra déjeuner et où il sera question de remembrement des terres agricoles qui appartiennent à leur mère. Pendant cette journée, Albert confiera la future instruction de son fils Gilles à Monsieur Antoine pour que Gilles n'arrête pas de lire, contrairement à ce qu'il vient d'écrire à ses parents. Suzanne trompera pour la première fois son mari dans un accord parfait avec son amant.
Le récit est chargé d'émotion, les phrases riches de métaphores renouvelées. On pense comprendre beaucoup, et puis le dénouement nous plonge dans une intrigue plus historique qu'on ne le pensait depuis le début.
Un beau roman, à recommander.
...qui donne envie de (re)lire Eugénie Grandet
Citations:- Tout à l'heure je ne serai plus. Je ne serai plus ce que je suis maintenant et que je n'aime pas être. Je n'aime pas qui je suis. Je n'aime pas ce qu'il faudrait que je sois, je n'aime pas me réjouir de cette vie-là, je ne suis pas de cette vie, je suis d'un autre temps que je n'ai pas su retenir.
- Quelque chose trembla en lui qu’il ne connaissait pas, qu’il n’avait jamais ressenti et qui le débordait. Ça hérissait ses poils jusqu’à la racine de ses cheveux. Les larmes inondèrent ses yeux noirs en même temps qu’il s’avouait son admiration pour son gamin. C’était effrayant. [ ..] In extremis, il réussit il réussit à ravaler ses pleurs sous ses paupières et à les manger dans ses yeux. Ça le brûlait tellement qu’au moment où il les rouvrit, il crut avoir perdu la vue.
- ..Ces livres sans étagères, c'était moins impressionnant, moins intimidant qu'une bibliothèque. Ce désordre créait une proximité qui donnait immédiatement envie de lire. Trois gravures sous verre accrochées au mur représentaient des personnages antiques, un homme robuste, un jeune homme ravissant et une femme étrange portant un casque sur la tête, une chouette posée sur l'épaule. Gilles ne savait pas qu'il s'agissait de personnages de la mythologie grecque, que le plus âgé s'appelait Ulysse ; le plus jeune, Télémaque, et la femme, Athéna.
-je sais aussi que tu aimes l'Histoire.
-Oui, plus que la géographie.
-En général, c'est ainsi. La géographie, il faut voyager pour l'aimer. L'histoire, elle vit avec nous, même si on reste sur place toute sa vie. Qu'on le veuille ou non, elle finit par s'asseoir à notre table...
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