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Par Pavi le 1 Juillet 2019 à 18:21
Delphine de Vigan
« Je suis orthophoniste. Je travaille avec les mots et avec le silence. Les non-dits. Je travaille avec la honte, le secret, les regrets. Je travaille avec l’absence, les souvenirs disparus, et ceux qui ressurgissent, au détour d’un prénom, d’une image, d’un mot. Je travaille avec les douleurs d’hier et celles d’aujourd’hui. Les confidences.
Et la peur de mourir.
Cela fait partie de mon métier.
Mais ce qui continue de m’étonner, ce qui me sidère même, ce qui encore aujourd’hui, après plus de dix ans de pratique, me coupe parfois littéralement le souffle, c'est la pérennité des douleurs d’enfance. Une empreinte ardente, incandescente, malgré les années. Qui ne s’efface pas. »
Michka est en train de perdre peu à peu l’usage de la parole. Autour d’elles, deux personnes se retrouvent : Marie, une jeune femme dont elle est très proche, et Jérôme, l’orthophoniste chargé de la suivre.--> Le titre - quel mot puissant, la gratitude - la couverture et le succès de ce livre m'ont entraîné dans sa lecture. J'avais aussi envie d'un roman court. Alors, oui, j'ai passé un agréable moment. Parce que l'histoire de Michka enfant, finalement effleurée, m'a tirée quelques larmes. Parce que l'entrée en Ehpad est un sujet qui mérite le coup de projecteur que lui donne l'auteur. Parce que les personnages de Marie et Jérôme sont intéressants. J'ai passé un bon moment, je n'ai pas aimé les dialogues, la façon dont le maque du mot a été traité dans la pathologie de Michka de quoi m'identifier. Un histoire qui est assez inégale à mes yeux. La profondeur des personnages mériterait un roman plus dense.
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Par Pavi le 9 Juin 2019 à 23:25
de Rosa Mogliasso
Un chemin sur la berge d’un fleuve. Ils sont nombreux à l’emprunter chaque matin : une jeune femme y promène son chien, un couple de lycéens s’y cache pour sécher les cours, un clochard y traîne sa folie, un jeune boulanger aime y méditer.
Mais ce jour-là, au bord de l’eau, une femme aux escarpins rouges est allongée. Morte.
Tous passeront devant elle, tous la verront, aucun n’interviendra. Personne n’appellera la police, personne n’en parlera. Ils ont tous d’excellentes raisons de l’ignorer et de tenter de se convaincre qu’un autre s’en chargera.
Mais il n’est pas si facile de vivre avec cette lâcheté, cette indifférence, cet égoïsme. Chez chacun d’eux, la confrontation avec la belle morte causera un séisme intime. Et leur vie s’en trouvera radicalement changée.
Un roman efficace et malin, qui mêle avec naturel réflexion sociologique et comédie à l’italienne.--> Roman court et assez inattendu. Je dirais même léger, mais pas que... la chute en fait une histoire à recommander! On n'en dira pas plus.
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Par Pavi le 5 Juin 2019 à 22:45
Comme chaque été depuis 4 ans, le 1 convie ses lecteurs à plonger dans les nouvelles de nos meilleurs écrivains. Cette année, avec Une nuit à l'hôtel, Ingrid Astier, Nina Bouraoui, Franck Bouysse, Cécile Coulon, Négar Djavadi, Adeline Dieudonné, Caryl Férey, Régis Jauffret, Serge Joncour, Sylvain Prudhomme et Valérie Zenatti ont imaginé onze escapades.
Madame Andrée - Cécile Coulon --> Madame Andrée attend...cette jeune femme professeur de flûte rencontrée peu de temps avant sa grossesse. Puis il y a eu les enfants, le quotidien. Mais ce jour elle l'attend, dans un chambre d'hôtel.
Une nuit, presque à l'hôtel - Serge Joncour -->
Une nuit à Timimoun - Nina Bouraoui -->
La femme au couteau - Sylvain Prudhomme -->
Alika - Adeline Dieudonné -->
Ma lumière - Franck Bouysse -->
Le dernier - Négar Djavadi -->
Juste pour un jour - Caryl Férey -->
Fil de soie --> Ingrid Astier
!Alzheimer! qué buéno! y Macron! Tambien! - Régis Jauffret -->
Le miroir de Cirta - Valérie Zenatti -->
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Par Pavi le 11 Avril 2019 à 17:08
De Sakaya Murata
Depuis l'enfance, Keiko Furukura a toujours été en décalage par rapport à ses camarades. A trente-six ans, elle occupe un emploi de vendeuse dans un konbini, sorte de supérette japonaise ouverte 24h/24. En poste depuis dix-huit ans, elle n'a aucune intention de quitter sa petite boutique, au grand dam de son entourage qui s'inquiète de la voir toujours célibataire et précaire à un âge où ses amies de fac ont déjà toutes fondé une famille. En manque de main-d'oeuvre, la supérette embauche un nouvel employé, Shiraha, trente-cinq ans, lui aussi célibataire. Mais lorsqu'il apparaît qu'il n'a postulé que pour traquer une jeune femme sur laquelle il a jeté son dévolu, il est aussitôt licencié. Ces deux êtres solitaires vont alors trouver un arrangement pour le moins saugrenu mais qui leur permettra d'éviter le jugement permanent de la société. Pour combien de temps...
--> Surprenant récit, sur la différence, la marginalité, les conventions sociales, mais pas seulement. Je sors de ce récit avec des questions : soit un livre qui fait réfléchir. L'histoire est pourtant simple. L'auteur s'en tient à narrer la vie prétendument simple de Keiro Furukura. Si la première moitié du récit nous montre que l'on peut vivre différemment, l'âge et le temps qui passe pousse Keiro à revoir sa façon de vivre : ce qu'elle fait. Mais apparaissant comme inévitable, à un moment du récit, on a peur pour elle. Ce court roman japonais se lit rapidement. Je suggère la mise en réseau avec le manga La virginité passée 30 ans de Atsuhiko Nakamura et Toshifumi Sakurai.
Citations
Dans ce monde régi par la normalité, tout intrus se voit discrètement éliminé. Tout être non conforme doit être écarté.
Voilà pourquoi je dois guérir, autrement je serai éliminée par les personnes normales.
J'ai enfin compris pourquoi mes parents désespéraient tellement de trouver une solution.
p. 36, moitié du récitFurukura, tu es une chanceuse. Tu as beau cumuler un triple handicap, vierge, célibataire et travailleuse à mi-temps, grâce à moi tu vas pouvoir entrer dans la société des gens mariés, les gens te croiront sexuellement active, et rien ne te distinguera plus de ton prochain. Tu seras la meilleure version de toi aux yeux des autres. Hourra !
p. 59Tu ne comprends donc pas ? Les individus en marge de la communauté n'ont aucune intimité. Tout le monde vient nous marcher dessus, sans ménagement. Ceux qui ne contribuent pas, que ce soit par le mariage, en ayant des enfants, en allant chasser ou gagner de l'argent, sont des hérétiques. Voilà pourquoi nous ne pouvons mener notre vie sans être dérangés.
- Oui...
- Ouvre un peu les yeux ! Pour parler clairement, tu es au plus bas de l'échelle : tu seras bientôt trop vieille pour avoir des enfants, tu n'as pas l'air de te préoccuper de tes besoins sexuels, tu ne gagneras jamais aussi bien ta vie qu'un homme et tu n'as même pas d'emploi stable, juste un petit boulot. Tu n'es qu'un fardeau pour la communauté, un déchet humain.
- Je vois. Mais je ne peux pas travailler ailleurs qu'à la supérette. J'ai essayé, un temps, de faire autre chose, mais je suis incapable de porter un autre masque que celui de vendeuse de konbini. Alors ça m'ennuie d'entendre ce genre de critique.
- C'est bien la preuve que le monde moderne est défectueux ! On a beau prétendre qu'il existe une grande variété de modes de vie, dans le fond, rien n'a changé depuis l'ère Jômon. Le taux de natalité continue de baisser, et la vie est de plus en plus dure, pour régresser à la préhistoire sans que personne ne s'en préoccupe. On en revient à un système qui blâme tout être inutile à la communauté.
Shihara a beau m'insulter cruellement cette fois, c'est contre le monde que monte ma colère. Je ne sais pas au juste contre quoi la diriger. Ses paroles me donnent envie d'attaquer tout ce qui se trouve à proximité.J'ai passé ma vie à lire des manuels d'histoire pour comprendre pourquoi le monde allait si mal. Meiji, Edo, Heian, quelle que soit la période, le monde allait de travers. Même en remontant aussi loin que l'ère Jômon ! J'ai alors remarqué un truc : le monde n'a pas changé depuis l'ère Jômon. Les êtres inutiles à la communauté sont éliminés. Les hommes qui ne chassent pas, les femmes qui ne produisent pas d'enfants. La société moderne a beau mettre en avant l'individualisme, toute personne qui ne contribue pas est écartée, neutralisée, et pour finir mise au ban de la communauté.
Les gens ordinaires n'aiment rien tant qu'à juger ceux qui sortent de la norme.
Page 96.Quand on travaille dans une supérette, on est souvent pris de haut. J'aime bien voir la tête de ces personnes qui nous méprisent, je trouve ça intéressant. Après tout, ce sont des humains comme les autres.
Quand j’ai commencé ce petit boulot, j’ai très tôt remarqué que les employés éprouvaient un certain plaisir à se trouver des frustrations communes, qu’il s’agisse des colères du gérant ou de l’absentéisme des collègues de nuit. L’insatisfaction générale fait naître une curieuse solidarité.
Je finis par me laisser convaincre, même si je ne comprenais toujours pas. Alors qu'ils s'accordaient tous pour pleurer la mort du volatile, ils n'avaient aucun scrupule à tuer les fleurs en les arrachant. "Quelles jolies fleurs... Le petit oiseau sera ravi", disaient-ils. Scène grotesque à mes yeux. (p.12)
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Par Pavi le 21 Février 2019 à 11:24
de Nikki Gemmel
"C'est votre mère."
Dès que la porte s'est refermée.
J'ai su à ce moment-là qu'Elayn était morte.
Comment elle s'y était prise et pourquoi.--> C'est avant tout un témoignage, un avis, une introspection que nous livre ici l'auteure. De l'annonce de la mort de sa mère, supposée être un suicide ; on préférera le terme euthanasie, à la vie qui se poursuit, Nikki Gemmel nous livre ses doutes, ses regrets, ses questions. Dans un premier temps, l'enquête pour « mort suspecte ». Puis on plonge dans la complexité de leur relation mère-fille. Enfin la dernière partie du livre du livre nous révèle comment Elayn, la mère s'y est pris Nikki tente de comprendre le pourquoi et on plonge dans les questions du droit de mourir dans la dignité que cela pose à l'auteure. C'est un roman sincère mais pudique. C'est un roman de femmes. Il parlera à toutes celles qui sont confrontés à la douloureuse fin de vie d'elle-même ou de leur proche , particulièrement leur mère. L'empathie ce faisant il faudra peut-être entrecouper cette lecture d'un peu de légèreté... Nikki nous livre son chemin, ses réflexions. Elles ont alimenté les miennes. J'y ai trouvé quelques longueurs, mais que l'on pardonne à l'auteure tant ce qu'elle livre intime et en devenir. Ce n'est certainement pas un livre érudit ou théorique mais un témoignage. Et finalement l'avis de Nikki. J'espère aussi que la loi avancera rapidement. On maintient en vie à quel prix ? Tant de douleurs chroniques sont l'enfer pour ceux qui les vivent.
Citations: (au début de l'ouvrage, non représentatives de l'ensemble!)
Margareth Thatcher a déclaré dans une interview que, passé l'âge de quinze ans, elle n'avait plus rien trouvé à dire à sa mère. Cruel, mais tellement vrai, pour de si nombreuses femmes. Ces filles dont l'obsession transpire par tous les pores, impatientes de vivre leur vie, de prendre leur propre voie, et leur désir, leur besoin de se détacher, de mépriser le choix de leur mère. Ces enfants, trop vite dans le dédain et le jugement, et la vélocité mystérieuse dont ils font preuve avec égocentrisme. Ces filles qui voient leur mère comme des êtres qui épient leur bonheur et leur serrent la bride à coup de chut et d'affronts. Ces filles, si aveuglées par la fraîcheur de leur monde. Ces mères qui n'ont plus d'autres choix que de s'accrocher aux branches qu'elles leur laissent, ce que leurs filles peuvent même leur reprocher.
« Je veux rentrer à pied », articule l'adolescent submergé par l'émotion tout en repoussant le bras de sa mère. Il descend de la voiture en stationnement et se met à effectuer de grandes et furieuses enjambées à toute allure. « J'ai besoin d'être seul. » Je suis frappée par le gouffre qui se crée parfois entre une mère et son enfant : profond, impossible à traverser. L'impuissance d'une mère. Au moment où j'ai juste envie de le serrer contre moi. […] Son enfermement résonne alors en moi comme un reproche. p.97
Loin, vous pouvez vous réinventer, faire ce que vous voulez vraiment faire, être enfin vous-même, car vos proches ne sont pas en permanence en train de vous juger ou de vous critiquer. L'anonymat d'un exil est grisant et libérateur parce que, loin de chez vous, vous pouvez trouvez votre vrai moi. p.118
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Par Pavi le 14 Février 2019 à 23:59
Dans un univers mêlant quotidien et onirisme, ce premier roman conte les aventures de Colin, de Chick, d’Alise et de la belle Chloé. Deux histoires d’amour s’entremêlent : Colin est un jeune homme élégant, rentier, qui met fin à son célibat en épousant Chloé, rencontrée à une fête, tandis que son ami Chick, fanatique transi du philosophe vedette Jean-Sol Partre, entretient une relation avec Alise. Tout irait pour le mieux sans les forces conjuguées de la maladie (Chloé est victime d’un « nénuphar » qui lui dévore le poumon) et du consumérisme (Chick consume ses ressources dans sa passion pour Jean-Paul Sartre) qui s’acharnent sur les quatre amis. La plume alerte de Boris Vian, qui multiplie les néologismes poétiques et les jeux de mots (le pianocktail, le biglemoi, les doublezons…) semble le faire par politesse, car sous ses dehors de roman d’amour pour éternels adolescents, l’Ecume des Jours est un piège qui étouffe petit à petit le lecteur et les personnages. A l’image de la maladie de Chloé qui s’étend, la légèreté et l’innocence qui ouvrent le roman sont progressivement contaminées par le drame.
Un classique moderne, salué à sa sortie par Raymond Queneau comme "le plus poignant des romans d'amour contemporains."--> Découvrir cet OVNI littéraire à plus de 40 ans, c'est un véritable plaisir. J'entends nombre de gens me parler du souvenir qu'ils ont de ce livre, lecture imposée dans leur scolarité le plus souvent pour une appréciation pour le moins variable. Dans ce recueil, Boris Vian rebondit sur les mots, joue avec, tout en maintenant un récit quasi probable malgré la fantaisie. C'est incroyable, on suit l'amour de Colin et Chloé comme un amusement, leur entourage n'est pas en reste. Et puis leur univers devient étriqué, triste. Un univers dans lequel on est entré, alors que les codes c'est l'auteur qui les a inventés. Il faut lâcher prise pour apprécier L'écume des jours.
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Par Pavi le 11 Janvier 2019 à 15:08
De Sophie Tal Men
Étudiante en médecine, Marie-Lou est, du jour au lendemain, affectée à Brest. Autant dire le bout du monde pour celle qui n’a jamais quitté sa Grenoble natale. Une nouvelle existence commence alors pour elle, loin des siens, de ses montagnes : il va falloir s’habituer au climat, à la région, à la collocation, aux collègues… Surtout, c’est l'insouciance et la légèreté de ses vingt-cinq ans qui vont être confrontées à la dure réalité du monde hospitalier. Une nuit, elle croisera Matthieu, interne en ORL. Ce loup solitaire, mystérieux et poétique, arrivera-t-il à lui faire une place dans sa vie ?
Rencontres, passions, non-dits, péripéties drôles ou dramatiques… un plaisir de lecture, un roman sensible et plein de fraîcheur qu'on ne lâche pas.--> C'est la couverture et la ville de Brest qui m'ont d'abord attirée. Mais la lecture est décevante.
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Par Pavi le 24 Décembre 2018 à 00:05
de Sophie Divry
Après un braquage avec son frère qui se termine mal, Joseph Kamal est jeté en prison. Gardes et détenus rivalisent de brutalité, le jeune homme doit courber la tête et s’adapter. Il voudrait que ce cauchemar s’arrête. Une explosion nucléaire lui permet d’échapper à cet enfer. Joseph se cache dans la zone interdite. Poussé par un désir de solitude absolue, il s’installe dans une ferme désertée. Là, le temps s’arrête, il se construit une nouvelle vie avec un mouton et un chat, au cœur d’une nature qui le fascine.
Trois fois la fin du monde est une expérience de pensée, une ode envoûtante à la nature, l’histoire revisitée d’un Robinson Crusoé plongé jusqu’à la folie dans son îlot mental. L’écriture d’une force poétique remarquable, une tension permanente et une justesse psychologique saisissante rendent ce roman crépusculaire impressionnant de maîtrise.
« Au bout d’un temps infini, le greffier dit que c’est bon, tout est en règle, que la fouille est terminée. Il ôte ses gants et les jette avec répugnance dans une corbeille. Je peux enfin cacher ma nudité. Mais je ne rhabille plus le même homme qu’une heure auparavant. »
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Par Pavi le 23 Décembre 2018 à 23:56
de Stefan Zweig
Scandale dans une pension de famille "comme il faut," sur la Côte d'Azur du début du siècle : Mme Henriette, la femme d'un de ses clients, s'est enfuie avec un jeune homme qui pourtant n'avait passé là qu'une journée...
Seul le narrateur tente de comprendre cette "créature sans moralité", avec l'aide inattendue d'une vieille dame anglaise très distinguée, qui lui expliquera quels feux mal éteints cette aventure a ranimé chez la fugitive.
Ce récit d'une passion foudroyante, bref et aigu comme les affectionnait l'auteur d'"Amok" et du "Joueur d'échecs" est une de ses plus incontestables réussites.--> Petite déception, je m'attendais à quelque grande révélation d'une femme mûre sur la folie du sentiment amoureux, et cela reste bien pudique. J'ai plutôt été intriguée par le profil de l'homme joueur.
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Par Pavi le 21 Décembre 2018 à 09:34
d'Ito Ogawa
Hatoko a vingt-cinq ans et la voici de retour à Kamakura, dans la petite papeterie que lui a léguée sa grand-mère. Le moment est venu pour elle de faire ses premiers pas comme écrivain public, car cette grand-mère, une femme exigeante et sévère, lui a enseigné l'art difficile d'écrire pour les autres.
Le choix des mots, mais aussi la calligraphie, le papier, l'encre, l'enveloppe, le timbre, tout est important dans une lettre. Hatoko répond aux souhaits même les plus surprenants de ceux qui viennent la voir : elle calligraphie des cartes de voeux, rédige un mot de condoléances pour le décès d'un singe, des lettres d'adieu aussi bien que d'amour. A toutes les exigences elle se plie avec bonheur, pour résoudre un conflit, apaiser un chagrin.
Et c'est ainsi que, grâce à son talent, la papeterie Tsubaki devient bientôt un lieu de partage avec les autres et le théâtre de réconciliations inattendues.--> On retrouve la délicatesse et la précision de la société japonaise comme dans Le restaurant de l'amour retrouvé. Ils s'illustrent cette fois dans une papeterie, où Hatoko remplit la fonction d'écrivain public. Ecrivain pour annoncer un mariage, un divorce, une rupture d'amitié, de condoléances pour un singe... certaines demandes peuvent sembler farfelues mais Hatoko répondra à toutes les demandes en choisissant le timbre, l'enveloppe, l'encre, le papier, la calligraphie... et les mots! Comme dans Le restaurant de l'amour retrouvé c'est la voix de la réconciliation qui résonne, mais avec soi-même: ces lettres mettent parfois un terme à une relation. On avance tranquillement dans la vie d'Hatoko, au fil de quatre saisons. C'est un livre à travers duquel on ressent la paix malgré les tumultes de la vie.
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Par Pavi le 21 Décembre 2018 à 00:41
de Matthias Debureaux
Chaque année, plus de 700 millions de touristes parcourent le monde. En 2010, ils seront 1 milliard à vous assommer avec leur récit de voyage.
--> C'est drôle, il faut passer le début et se prendre au jeu de l'interminable liste.
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Par Pavi le 16 Décembre 2018 à 00:20
Adeline Dieudonné (2018)
C’est un pavillon qui ressemble à tous ceux du lotissement. Ou presque. Chez eux, il y a quatre chambres. La sienne, celle de son petit frère Gilles, celle des parents, et celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier. La mère est transparente, amibe craintive, soumise aux humeurs de son mari. Le samedi se passe à jouer dans les carcasses de voitures de la décharge. Jusqu’au jour où un violent accident vient faire bégayer le présent.
Dès lors, Gilles ne rit plus. Elle, avec ses dix ans, voudrait tout annuler, revenir en arrière. Effacer cette vie qui lui apparaît comme le brouillon de l’autre. La vraie. Alors, en guerrière des temps modernes, elle retrousse ses manches et plonge tête la première dans le cru de l’existence. Elle fait diversion, passe entre les coups et conserve l’espoir fou que tout s’arrange un jour.
D’une plume drôle et fulgurante, Adeline Dieudonné campe des personnages sauvages, entiers. Un univers acide et sensuel. Elle signe un roman coup de poing.--> Une fiction qui m'a tenue en haleine du début à la fin. L'auteure mêle avec adresse une écriture adroite à la frontière de l'imaginaire enfantin et du fantastique, sans y tomber. C'est bien un monde réel dans lequel on évolue. L'histoire d'une maltraitance...
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Par Pavi le 14 Décembre 2018 à 00:59
d'Olivier Liron
« Je suis autiste Asperger. Ce n’est pas une maladie, je vous rassure. C’est une différence. Je vais vous raconter une histoire. Cette histoire est la mienne. J’ai joué au jeu télévisé Questions pour un champion et cela a été très important pour moi. »
Nous voici donc en 2012 sur le plateau de France 3 avec notre candidat préféré. Olivier Liron lui-même est fort occupé à gagner ; tout autant à nous expliquer ce qui lui est arrivé. En réunissant ici les ingrédients de la confession et ceux du thriller, il manifeste une nouvelle fois avec l’humour qui est sa marque de fabrique, sa très subtile connaissance des émotions humaines.--> J'ai été frappé dans ce roman par l'absence d'empathie de l'auteur pour les autres concurrents. Pour les autres en général. Mais n'est pas finalement le propre d'un autiste? D'un sujet léger et séduisant -la participation à un jeu télévisé- l'auteur nous livre un témoignage plutôt inattendue. S'y mêle un récit d'initiation sur le corps et la sexualité -la sienne- plutôt crue. Ce livre ne m'a pas plu, par son maque d'humanité. Mais il a valeur de témoignage, fort.
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Par Pavi le 5 Novembre 2018 à 01:31
-Une bibliothèque secrète en Syrie-
De Delphine Mninoui
De 2012 à 2016, la banlieue rebelle de Daraya a subi un siège implacable imposé par Damas. Quatre années de descente aux enfers, rythmées par les bombardements au baril d’explosifs, les attaques au gaz chimique, la soumission par la faim. Face à la violence du régime de Bachar al-Assad, une quarantaine de jeunes révolutionnaires syriens a fait le pari insolite d’exhumer des milliers d’ouvrages ensevelis sous les ruines pour les rassembler dans une bibliothèque clandestine, calfeutrée dans un sous-sol de la ville.
Leur résistance par les livres est une allégorie : celle du refus absolu de toute forme de domination politique ou religieuse. Elle incarne cette troisième voix, entre Damas et Daech, née des manifestations pacifiques du début du soulèvement anti-Assad de 2011, que la guerre menace aujourd'hui d'étouffer. Ce récit, fruit d'une correspondance menée par Skype entre une journaliste française et ces activistes insoumis, est un hymne à la liberté individuelle, à la tolérance et au pouvoir de la littérature.
Delphine Minoui est grande reporter au Figaro, spécialiste du Moyen-Orient. Prix Albert Londres 2006 pour ses reportages en Iran et en Irak, elle sillonne le monde arabo-musulman depuis 20 ans. Après Téhéran, Beyrouth et Le Caire, elle vit aujourd'hui à Istanbul, où elle continue à suivre de près l’actualité syrienne. Elle est également l'auteur des Pintades à Téhéran (Jacob-Duvernet), de Moi, Nojoud, dix ans, divorcée (Michel Lafon), de Tripoliwood (Grasset) et de Je vous écris de Téhéran (Seuil).--> Le livre de Delphine Minoui est autant un essai journalistique qu'un roman. Son découpage est parfaitement clair, elle enquête, recueille les témoignages, les recoupe. Elle s'assure que les jeunes auxquels elles parlent sont des anti-assad et non des djihadistes. Son ambition : laisser un livre qui raconte la lutte de jeunes gens pour constituer et faire vivre une bibliothèque dans une ville assiégée par l'armée de l'état syrien. La difficulté de son travail : elle ne peut pas se rendre sur place. A l'heure d'internet, si le blocus est efficace pour les vivres, il ne l'est pas pour dialoguer avec l'extérieur, il ne l'est pas avec les idées. La communication est souvent difficile, mais D. Minoui parvient à communiquer au plus près des jeunes de Daraya. Elle construit au delà de son travail de journaliste un roman qui rend grandement hommage aux livres, à leur portée libertaire, à leur capacité à donner de l'espérance. Ce roman est un témoignage précieux, il appartient à l'histoire de Daraya, à l'histoire d'une lutte contre un état autoritaire. Il est une porte d'entrée pour comprendre la singularité de cette banlieue Damas.
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Par Pavi le 20 Septembre 2018 à 20:06
Pascal Manoukian
Plus rien n'est acquis. Plus rien ne protège. Pas même les diplômes. À 17 ans, Léa ne s'en doute pas encore. À 42 ans, ses parents vont le découvrir.
La famille habite dans le nord de l'Oise, où la crise malmène le monde ouvrier. Aline, la mère, travaille dans une fabrique de textile, Christophe, le père, dans une manufacture de bouteilles.
Cette année-là, en septembre, coup de tonnerre, les deux usines qui les emploient délocalisent. Ironie du sort, leur fille se prépare à passer le bac, section « économique et social ». Pour protéger Léa et son petit frère, Aline et Christophe vont redoubler d'imagination et faire semblant de vivre comme avant, tout en révisant avec Léa ce qui a fait la grandeur du monde ouvrier et ce qui aujourd'hui le détruit. Comme le paradoxe d'Anderson, par exemple.
« C'est quoi, le paradoxe d'Anderson ? » demande Aline. Léa hésite. « Quelque chose qui ne va pas te plaire », prévient-elle. Léon, dit Staline, le grand-père communiste, les avait pourtant alertés : « Les usines ne poussent qu'une fois et n'engraissent que ceux qui les possèdent. »Citations
Elle valait mieux, pourtant. Il y a peu de temps encore on se disputait sa compagnie. Elle encombrait ses journées de rendez-vous inutiles, d'apéros, de déjeuners du week-end, de mèches chez le coiffeur, de sorties ciné/pizza quatre-fromages entre copines au multiplexe de la zone industrielle. Son téléphone sonnait, on comptait sur elle, on lui faisait promettre « à demain » ou « à très vite », elle embrassait, lançait des « ciao » avec la main, textotait des « merci » et des « je t'aime ». Depuis, comme un cyclone, le chômage a déforesté sa vie, plus un de ses arbres ne tient de bout, on dirait les montagnes pelées d'Haïti, rien pour arrêter l'érosion, personne, un Sahel affectif.
p.133
Elle ne parle plus qu'à des guichets et des hygiaphones, n'appelle plus que des numéros à quatre chiffres, surtout le 3949, ne s'adresse plus qu'à des répondeurs et à des voix numériques, articulant lentement son identifiant à sept chiffres et ses mots de passe, punie, bannie, coupable d'avoir simplement la quarantaine juste à la pliure entre l'économie d'hier et celle de demain.
Elle se demande ce que vont devenir tous ceux qui travaillent avec leurs mains. Où vont disparaître leurs gestes, dans quels musées ? Les terrils et les mines sont déjà classés au Patrimoine de l'Unesco. Quel avenir pur toutes ces usines mortes ? Des cars scolaire y emmèneront peut-être les enfants pour observer des ouvriers faisant semblant de travailler en tournant en rond autour de machines débranchées comme les singes des zoos font semblant de vivre libres.
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Par Pavi le 20 Août 2018 à 15:25
...une bibiliothèque secrète en Syrie
de Delphine Minoui
De 2012 à 2016, la banlieue rebelle de Daraya a subi un siège implacable imposé par Damas. Quatre années de descente aux enfers, rythmées par les bombardements au baril d’explosifs, les attaques au gaz chimique, la soumission par la faim. Face à la violence du régime de Bachar al-Assad, une quarantaine de jeunes révolutionnaires syriens a fait le pari insolite d’exhumer des milliers d’ouvrages ensevelis sous les ruines pour les rassembler dans une bibliothèque clandestine, calfeutrée dans un sous-sol de la ville.
Leur résistance par les livres est une allégorie : celle du refus absolu de toute forme de domination politique ou religieuse. Elle incarne cette troisième voix, entre Damas et Daech, née des manifestations pacifiques du début du soulèvement anti-Assad de 2011, que la guerre menace aujourd'hui d'étouffer. Ce récit, fruit d'une correspondance menée par Skype entre une journaliste française et ces activistes insoumis, est un hymne à la liberté individuelle, à la tolérance et au pouvoir de la littérature.Citations:
Il n'existe pas de prison qui puisse enfermer la parole libre ;
il n'existe pas de blocus assez solide pour empêcher l'information de circuler.Face aux bombes, la bibliothèque est leur forteresse dérobée. Les livres, leurs armes d'instruction massive.
Sur la couverture, noire de poussière, ses ongles crissent, comme le son d'un instrument de musique. Le titre est en anglais, ça parle de connaissance de soi, un ouvrage de psychologie sans doute. Ahmad tourne la première page, déchiffre les quelques mots familiers de cette langue étrangère qu'il parle mal. Qu'importe le sujet, en fait. Il tremble. Tout en lui se met à vaciller. Cette sensation troublante d'ouvrir les portes du savoir. De s'échapper, un instant, de la routine du conflit. De sauver un petit bout, même infime, des archives du pays. De sa faufiler à travers les pages comme on fuit vers l'inconnu.
En une semaine, ils sauvent six mille ouvrages. Un exploit ! Un mois plus tard, la récolte atteint les quinze mille exemplaires. Des petits, des grands, des cabossés, des écornés, des illisibles, des très rares, des très recherchés. Il faut désormais trouver un lieu pour les stocker. Les protéger. Préserver cette petite miette du patrimoine syrien avant qu’il ne parte en fumée. Après une concertation générale, un projet de bibliothèque publique voit le jour. Sous Assad, Daraya n’en a jamais eu. Ce serait donc la première. « Le symbole d’une ville insoumise, où l’on bâtit quelque chose quand tout s’effondre autour de nous », précise Ahmad. Il s’interrompt, pensif avant de prononcer cette phrase que je n’oublierai jamais :
- Notre révolution s’est faite pour construire, pas pour détruire.
Par crainte des représailles, ce musée de papier serait maintenu au plus grand secret. Il n’aurait ni nom, ni enseigne. Un espace souterrain, à l’abri des radars et des obus, où se retrouveraient petits et grands lecteurs. La lecture comme refuge. Une page ouverte sur le monde lorsque toutes les portes sont cadenassées.Le livre ne domine pas. Il donne. Il ne castre pas. Il épanouit.
Les livres, leurs armes d'instruction massive.
Comme les cailloux du Petit Poucet, un livre mène à un autre livre. On trébuche, on avance, on s'arrête, on reprend. On apprend. Chaque livre dit il, renferme une histoire, une vie, un secret.
En fait, le simple acte de lire lui est d'un immense réconfort. Une sensation découverte dès la création de la bibliothèque. Il aime flâner entre les pages. Feuilleter sans fin. Se perdre entre les points et les virgules. Naviguer sur des territoires inconnus.
Je suis curieuse de savoir à quel moment exactement les livres ont commencé à avoir une importance capitale dans sa vie. Etait-ce à l'inauguration de la bibliothèque ? A la lecture d'un passage particulier ?
- C'est quand j'ai compris que la guerre pouvait durer des années. Quand j'ai réalisé que nous ne pouvions compter que sur nous-mêmes.
A partir de là, les livres allaient remplacer l'université qu'il n'avaient plus : il lui fallait s'éduquer par lui-même. Combler le vide dont pourraient justement profiter les fanatiques pour imposer leurs idées rétrogrades.
- Les livres ont rapidement eu un impact crucial : ils m'ont aidé à ne pas me perdre.
Et c'est ainsi qu'Omar s'est mis à dévorer tout ce qui lui tombe sous la main.
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Par Pavi le 6 Août 2018 à 19:27
de Jean Hegland
Rien n’est plus comme avant : le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’éléctricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient. Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d’inépuisables richesses.
Considéré depuis sa sortie comme un véritable choc littéraire aux Etats-Unis, Dans la forêt, roman sensuel et puissant, met en scène deux jeunes femmes qui entraînent le lecteur vers une vie nouvelle.
Traduit de l'américain par Josette Chicheportiche--> Le thème de la pénurie d'énergie est sciemment choisi. La narration passe du présent (la rédaction d'une journal par Nell) à des flashbacks qui permettent de comprendre comment les deux sœurs en sont arrivées là. On aurait pu aller droit au but : sans électricité, sans essence, des jeunes filles accomplissent un retour à la nature choisi et s'épanouissent. Non, l'auteur fait le choix d'une histoire à suspens, où ce retour à la nature est loin d'être d'emblée une évidence. Les sœurs vont faire front à des changements de vie dramatiques. Leur relation accomplit une sorte « yoyo » passionnant. La psychologie de ces deux sœurs est intéressante (l'une est passionnée de danse et dansera longtemps au rythme d'un métronome, l'autre se cultive, lit l'encyclopédie lettre après lettre et rêve d'entrer à Havard). A découvrir.
Citations:
- Depuis que tout a commencé, nous avons attendu d'être sauvées, attendu comme de stupides princesses que nos vies légitimes nous soient rendues. Mais nous n'avons fait que nous berner nous-mêmes, que jouer un autre conte de fées.
- Quand je pense à la façon dont nous vivions, à la désinvolture avec laquelle nous usions les choses, je suis à la fois atterrée et pleine de nostalgie.
- Eva est en train de mourir, et l’encyclopédie parle d’insticnt. Même maintenant il faut qu’elle fasse de longs discours, posés, pédants, distants, réduisant le monde à des faits – mais sans livrer les connaissances dont j’ai besoin pour sauver la vie de ma soeur. Qu’est-ce que l’encyclopédie sait de l’instinct?
L’instinct est plus vieux que le papier, plus naturel que les mots. L’instinct est plus sage que n’importe quel article sur les trois étapes de l’accouchement, que n’importe quel article sur les interventions obstétricales. Mais d’où vient l’instinct? Et où est-ce que je peux le trouver en ce moment, après avoir vécu sans lui pendant si longtemps?- Petit à petit, la forêt que je parcours devient mienne, non parce que je la possède, mais parce que je finis par la connaître. Je la vois différemment maintenant. Je commence à saisir sa diversité – dans la forme des feuilles, l’organisation des pétales, le million de nuances de vert. Je commence à comprendre sa logique et à percevoir son mystère.
- Il y a une lucidité qui nous vient parfois dans ces moments là, quand on se surprend à regarder le monde à travers ses larmes, comme si elles servaient de lentilles pour rendre plus net ce que l'on regarde.
- Mais j'ai appris quelque chose que l'encyclopédie ne sait pas — quand la lune est croissante, on peut l'atteindre et tenir délicatement sa courbe externe dans la paume de la main droite. Quand elle est décroissante, elle remplit la paume de la main gauche.
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Par Pavi le 6 Août 2018 à 19:13
de Laetitia Colombani
Trois femmes, trois vies, trois continents. Une même soif de liberté.
Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l’école.
Sicile. Giulia travaille dans l’atelier de son père. Lorsqu’il est victime d’un accident, elle découvre que l’entreprise familiale est ruinée.
Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu’elle est gravement malade.
Liées sans le savoir par ce qu’elles ont de plus intime et de plus singulier, Smita, Giulia et Sarah refusent le sort qui leur est destiné et décident de se battre. Vibrantes d’humanité, leurs histoires tissent une tresse d’espoir et de solidarité.-->Ce sont les histoires parallèles de Smita l'Indienne, Giulia la Sicilienne et Sarah la Canadienne, volontairement entrecroisées par l'auteure. Chacun d'elle vit un sursis, l'une fuit avec sa fille la caste des intouchables, l'autre subit l'attaque d'un cancer du sein tandis que la troisième dans le deuil de son père reprend l'entreprise familiale du père vouée à la faillite. Un fil, un cheveu, des cheveux relient le destin de ces trois femmes que l'auteure entremêle. Ecrit au présent, la syntaxe courte, on n'a pas vraiment le temps de respirer : ces femmes nous emportent dans le feu de leur vie, dans leurs décisions vitales, rapides et on lit le roman rapidement d'un bout à l'autre.
Spoiler : Sarah coiffera une perruque fabriqué avec des cheveux authentiques en Sicile avec des cheveux importés d'Inde.
→ Ces sont les histoires parallèles de Smita l'Indienne, Giulia la Sicilienne et Sarah la Canadienne, volontairement entrecroisées par l'auteure. Chacun d'elle vit un sursis, l'une fuit avec sa fille la caste des intouchables, l'autre subit l'attaque d'un cancer du sein tandis que la troisième dans le deuil de son père reprend l'entreprise familiale du père vouée à la faillite. Un fil, un cheveu, des cheveux relient le destin de ces trois femmes que l'auteure entremêle. Ecrit au présent, la syntaxe courte, on n'a pas vraiment le temps de respirer : ces femmes nous emportent dans le feu de leur vie, dans leurs décisions vitales, rapides et on lit le roman rapidement d'un bout à l'autre.
Spoiler : Sarah coiffera une perruque fabriqué avec des cheveux authentiques en Sicile avec des cheveux importés d'Inde.
→ Ces sont les histoires parallèles de Smita l'Indienne, Giulia la Sicilienne et Sarah la Canadienne, volontairement entrecroisées par l'auteure. Chacun d'elle vit un sursis, l'une fuit avec sa fille la caste des intouchables, l'autre subit l'attaque d'un cancer du sein tandis que la troisième dans le deuil de son père reprend l'entreprise familiale du père vouée à la faillite. Un fil, un cheveu, des cheveux relient le destin de ces trois femmes que l'auteure entremêle. Ecrit au présent, la syntaxe courte, on n'a pas vraiment le temps de respirer : ces femmes nous emportent dans le feu de leur vie, dans leurs décisions vitales, rapides et on lit le roman rapidement d'un bout à l'autre.
Spoiler : Sarah coiffera une perruque fabriqué avec des cheveux authentiques en Sicile avec des cheveux importés d'Inde.
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Par Pavi le 28 Juillet 2018 à 03:21
de Piedad Bonnett
Dans ce court récit, Piedad Bonnett raconte à la première personne le suicide de son fils Daniel, vingt-huit ans, qui s'est jeté du toit de son immeuble à New York. Il était schizophrène. Dans un milieu bourgeois, corseté par des conventions en tout genre, il n'est pas de bon ton de parler crûment de la mort et de la folie ; c'est pourtant ce que fait l'auteur, dans une langue sobre et sans effets de manche, avec une sincérité bouleversante. Elle raconte la stupéfaction du deuil, les formalités de la mort occidentale, mais aussi et surtout le combat inégal d'un jeune homme contre la folie qui le cerne. Une plongée dans la douleur qui ne verse jamais dans l'apitoiement ou l'impudeur : l'écrivain n'a que les mots pour dire l'absence, pour contrer l'absence, pour continuer à vivre.
--> Ce récit débute par le suicide de Daniel, le fils de l'auteure. Au désoeuvrement dans lequel peut plonger une mère, le récit apporte une explication sur le geste désespéré du suicide : la maladie, celle qui n'a pas toujours de nom. Daniel était schizophrène. le livre témoigne du parcours de Daniel. Au travers des yeux de sa mère. le début de la maladie, l'origine de la maladie, les relations sociales affectées, la difficulté de trouver des soins qui conviennent. Un récit fort sur la schizophrénie, le suicide, la mort d'un enfant.
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Par Pavi le 20 Juillet 2018 à 23:54
Stefan Zweig
Czentowic, champion d'échecs arrogant, esprit borné à outrance, inculte et étonnamment stupide, occupe le premier plan jusqu'à l'entrée en scène de Monsieur B. Dès lors que cet aristocrate autrichien s'intéresse à la partie livrée entre le champion et les passagers amateurs, la direction du texte bascule.
Par un effet de symétrie, la narration se transforme en un face à face tendu entre un esprit brillant et rapide à l'intelligence abstraite et un cerveau au pragmatisme brutal, incapable de projection véritable. Mise en scène percutante de la résurrection de la folie, cette nouvelle oscille entre ouverture et enfermement.
Dans cette avancée implacable de la stupidité destructrice, allégorie de la victoire du nazisme mais aussi chef-d’œuvre de composition, Zweig s'intéresse peu à la survie du corps, préférant montrer les réactions de l'esprit, qui trouve un symbole parfait dans ce jeu éminemment intelligent mais désespérément stérile.
Publié en 1943, un an après le suicide de son auteur, Le Joueur d'échecs fait figure de testament dans l’œuvre de Zweig.--> Comment être passé à côté de ce court roman, cette petite nouvelle aussi longtemps? A lire, sans aucun doute. Pour la nouvelle elle-même et l'auteur, auteur qui se suicide en 1942, en exil, dénonçant une Europe meurtrissante.
Le récit se déroule en croisière, sur un paquebot qui relie NY au Brésil. A bord, Mirko le champion du monde d'échec, issu d'un petit milieu, son histoire est dressé dès le début, il est devenu maître à ce jeu sans savoir lire, c'est un personnage arrogant. Un groupe de passagers le défie, mené par Mc Connor. La psychologie de ce personnage est intéressante, mais ce n'est rien par rapport au personnage que nous allons ensuite découvrir en la personnalité de M. B. : il passe par là, voit la partie en cours et s'en mêle. Sans prétention, il s'avère être redoutable et met le champion en difficulté. Le narrateur va retrouver ce M.B. pour comprendre qui il est et d'où lui vient cette maîtrise du jeu d'échecs et la seconde moitié du livre nous décrit comment M.B., détenu par la gestapo allemande meurt d'ennui et de folie dans une cellule jusqu'à ce qu'il subtilise un livre. Un livre! Voilà qui va pouvoir le sortir de l'ennui de sa cellule. Le livre dérobé s'avère être un manuel d'échec avec la description des grandes parties. M.B. va apprendre seul à jouer, seul il va construire un échiquier imaginaire (au départ avec de la mie de pain et un quadrillage imaginé sur sa couverture). Avec la force de la mobilisation de son imagination il jouera et rejouera les grandes parties du manuel, les connaitra par coeur. Il en créera de nouvelles, jouant les deux adversaires, virant à des situations schizophréniques. On comprend trop bien comment ce manuel d'échec constitue à la fois une libération et une prison pour son esprit. C'est fascinant.
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Par Pavi le 17 Juillet 2018 à 00:07
Gaëlle Josse (2018)
Ce soir-là, Louis, seize ans, n’est pas rentré à la maison. Anne, sa mère, dans ce village de Bretagne, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, voit sa vie dévorée par l’attente, par l’absence qui questionne la vie du couple et redessine celle de toute la famille.
Chaque jour, aux bords de la folie, aux limites de la douleur, Anne attend le bateau qui lui ramènera son fils. Pour survivre, elle lui écrit la fête insensée qu’elle offrira pour son retour. Telle une tragédie implacable, l’histoire se resserre sur un amour maternel infini.
Avec Une longue impatience, Gaëlle Josse signe un roman d’une grande retenue et d’une humanité rare, et un bouleversant portrait de femme, secrète, généreuse et fière. Anne incarne toutes les mères qui tiennent debout contre vents et marées.
« C’est une nuit interminable. En mer le vent s’est levé, il secoue les volets jusqu’ici, il mugit sous les portes, on croirait entendre une voix humaine, une longue plainte, et je m’efforce de ne pas penser aux vieilles légendes de mer de mon enfance, qui me font encore frémir. Je suis seule, au milieu de la nuit, au milieu du vent. Je devine que désormais, ce sera chaque jour tempête. »--> Est-ce que cet adjectif, long, collé à ce ce nom, impatience, porte un nom en figure de style littéraire ? Dès le titre, ce livre nous emporte. Pourtant, après les deux premières pages, on peut se dire que tout a été dit ! Le fils de la narratrice, Louis, 16 ans, n'est pas rentré (on le sait déjà avec la quatrième de couverture). Gaëlle Josse arrive à nous transporter dans l'attente avec elle, l'attente d'une mère, d'une femme qui suivait son destin. Un remariage avec Etienne, deux enfants avec ce deuxième homme. Une nouvelle vie de riche au sens propre. Mais où se trouve la place de Louis ? Quelles relations pour Louis et ce nouveau père. Il n'en est pas question directement mais on comprend au fil du récit tout ce qui a échappé à Anne. Elle attend désormais l'irrattrapable. Elle remplit toutes ses tâches d'épouse et de mère pour ses deux enfants, et dans tous les moments qu'il lui reste, elle coud : on le découvrira à la fin. Ses lettres qui ponctuent le récit ne seraient en fait qu'une toile, un tableau qui malheureusement s'achève. J'ai lu ce roman d'une traite, les vacances me laissant le temps de ne pas le lâcher.
N'est ce pas Pénélope qui coud en attendant le retour d'Ulysse?
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Par Pavi le 12 Juin 2018 à 16:44
Jodi Picoult
Ruth est sage-femme depuis plus de vingt ans. C'est une employée modèle. Une collègue appréciée et respectée de tous. La mère dévouée d'un adolescent qu'elle élève seule. En prenant son service par une belle journée d'octobre 2015, Ruth est loin de se douter que sa vie est sur le point de basculer. Pour Turk et Brittany, un jeune couple de suprémacistes blancs, ce devait être le plus beau moment de leur vie : celui de la venue au monde de leur premier enfant. Le petit garçon qui vient de naître se porte bien. Pourtant, dans quelques jours, ses parents repartiront de la Maternité sans lui. Kennedy a renoncé à faire fortune pour défendre les plus démunis en devenant avocate de la défense publique. Le jour où elle rencontre une sage-femme noire accusée d'avoir tué le bébé d'un couple raciste, elle se dit qu'elle tient peut-être là sa première grande affaire. Mais la couleur de peau de sa cliente, une certaine Ruth Jefferson, ne la condamne-t-elle pas d'avance ? Avec ce nouveau roman captivant et émouvant, Jodi Picoult aborde de front le grand mal américain et nous montre ― à travers les petits riens du quotidien, les pas vers l'autre ― comment il peut être combattu.
→ C'est étonnant comme parfois un livre vous happe dès les premières pages. Mille petits riens est de ceux là. C'est une voisine qui l'a d'abord lu dans le cadre d'une club lecture. Il prit alors sa place sur ma pile à lire. Mais la pile est haute. C'est en remarquant ensuite sa bonne note sur babelio (4,49) que je l'ai remonté.
C'est un récit dans le roman, celui d'une femme noire, sage-femme, accusé du meurtre d'un bébé d'un couple ultra raciste. c'est la société américaine qui est mise en exergue.
La justice ne pourra être équitablement rendue tant que ceux qui ne sont pas concernés ne s'indignent pas avec ceux qui le sont.
Benjamin FranklinJe voulais qu'elle voit de ses propres yeux que l'amour ne dépend pas de ce qu'on regarde, mais entièrement de la personne qui regarde.
Les bébés sont comme des ardoises vierges. Ils ne viennent pas au monde déjà chargés des engagements pris par leurs parents, des promesses formulées par leur église, de cette capacité qu'ont certains à ranger les êtres humains dans deux groupes distincts : ceux qu'ils aiment et ceux qu'ils n'aiment pas. En réalité, ils arrivent sans rien, à part un besoin immense d'être rassurés. Et ce besoin peut être comblé par n'importe qui : ils ne jugeront pas la personne qui les prendra dans ses bras.
Une question me traverse l'esprit : combien de temps faut-il pour que ce vernis naturel s'écaille au contact de l'éducation reçue ?Assister à la naissance de Louis nous a toutes affectées, chacune à notre manière. Christina a accouché par césarienne. Rachel a eu cinq enfants. Et moi je suis devenue sage-femme.
Le plus beau bébé qu'il m'est été donné de voir est né sans visage.
p.19
-
Je suis désolée, a-t-elle dit d'un ton contrit, visiblement bouleversée. C'est juste que... C'est un monstre.
-
C'est un bébé, ai-je rectifié en la bousculant pour passer. J'ai rattrapé le père dans la salle des parents.
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Votre femme et votre fils ont besoin de vous.
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Ce n'est pas mon fils. Cette...chose...
-
...ne vivra pas longtemps. Je vous conseille donc de lui donner sans tarder tout l'amour que vous avez emmagasiné pour lui.
p.20
Avais-je raison d'obliger ce père à se confronter à son enfant mourant ? N'outrepassais-je pas là mon rôle d'infirmière ? Si ma chef m'avait posé ces questions à l'époque, j'aurais répondu que j'avais été formée pour aider les parents à faire le deuil de leur enfant mort. Si cet homme refusait d'admettre qu'il s'était passé quelque chose de terrible – ou, pire, s'il feignait de croire toute sa vie qu'il ne s'était rien passé-, un trou s'ouvrirait en lui. Minuscule au début, cette faille continuerait de grandir, encore et encore, jusqu'au jour où, sans crier gare, il prendrait conscience du vide qui l'habitait.
p.21
Vous croyez vraiment que si j'étais blanche, je serais assise en face de vous aujourd'hui ?
Il est bien sûr parfaitement impossible d'examiner une affaire impliquant la seule infirmière noire d'un service hospitalier, un père néonazi et la décision mécanique prise par un membre de l'administration hospitalière sans envisager un instant un problème d'ordre raciste.
Mais.
Mais les avocats de la défense publique qui prétendent que la justice est aveugle sont de gros menteurs. Il suffit de suivre dans les médias les affaires à connotations raciales pour constater rapidement que les avocats, les juges et les jurés se donnent un mal de chien pour faire croire qu'il n'est surtout pas question de couleur de peau, alors même que le contraire est évident. Tous les avocats de la défense publique vous diront également que, bien que la majorité de leurs clients soient des personnes de couleur, il est fortement déconseillé de jouer la carte raciale pendant un procès.
Pourquoi ? Parce qu'il est carrément suicidaire d'aborder la question raciale dans une salle d'audience. Vous ne connaissez pas les opinions des jurés. Et vous n'êtes pas non plus sûrs à cent pour cent de ce que pense le juge. En fait, la manière la plus sûre de perdre un procès dont l'objet était en lien avec la question raciale consiste à dire les choses ouvertement. Si vous voulez avoir une chance de gagner la partie, vous essayez d'offrir autre chose aux douze jurés : un fragment de preuve susceptible d'innocenter votre client, de sorte que ces hommes et ces femmes puissent rentrer chez en continuant à faire semblant de croire que le monde dans lequel nous vivons est un monde d'égalité.
P: 248
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Par Pavi le 10 Juin 2018 à 22:45
Annie Barrows (décédée en 2008)
Mary Ann Shaffer (fille de la soeur de Annie Barrows)
"Je me demande comment cet ouvrage est arrivé à Guernesey ? Peut-être les livres possèdent-ils un instinct de préservation secret qui les guide jusqu'à leur lecteur idéal..."
Janvier 1946. Londres se relève douloureusement des drames de la Seconde Guerre mondiale et Juliet, jeune écrivaine anglaise, est à la recherche du sujet de son prochain roman. Comment pourrait-elle imaginer que la lettre d'un inconnu, un natif de l'île de Guernesey, va le lui fournir? Au fil de ses échanges avec son nouveau correspondant, Juliet pénètre son monde et celui de ses amis - un monde insoupçonné, délicieusement excentrique. Celui d'un club de lecture créé pendant la guerre pour échapper aux foudres d'une patrouille allemande un soir où, bravant le couvre-feu, ses membres venaient de déguster un cochon grillé (et une tourte aux épluchures de patates...) délices bien évidemment strictement prohibés par l'occupant.
Jamais à court d'imagination, le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates déborde de charme, de drôlerie, de tendresse, d'humanité Juliet est conquise. Peu à peu, elle élargit sa correspondance avec plusieurs membres du Cercle et même d'autres habitants de Guernesey , découvrant l'histoire de l'île, les goûts (littéraires et autres) de chacun, l'impact de l'Occupation allemande sur leurs vies...
Jusqu'au jour où elle comprend qu'elle tient avec le Cercle le sujet de son prochain roman. Alors elle répond à l'invitation chaleureuse de ses nouveaux amis et se rend à Guernesey. Ce qu'elle va trouver là-bas changera sa vie à jamais.--> Je n'ai pas relu ce roman qui sort cette semaine en adapatation cinématographique. Mais à l'image de l'engouement qu'il a suscité, j'en garde un très bon souvenir, autour de la lecture, de la découverte des autres, de l'époque - seconde gm, de l'ambiance ilienne. Je compte bien le voir sur grand écran.
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Par Pavi le 9 Juin 2018 à 21:46
Albert Camus (1942)
Dans le mythe de Sisyphe, Albert Camus aborde les problèmes d'une "sensibilité absurde qu'on peut trouver éparse dans le siècle". Cet essai philosophique s'ouvre donc logiquement sur l'exposé d'un problème considéré par l'auteur comme préalable à toute réflexion sur l'absurdité de la condition humaine: le suicide.
LE SUICIDE
Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux: c'est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d'être vécue, c'est répondre à la question fondamentale de la philosophie. Le reste, si le monde a trois dimensions, si l'esprit a neuf ou douze catégories, vient ensuite. Ce sont des jeux ; il faut d'abord répondre. Et s'il est vrai, comme le veut Nietzsche, qu'un philosophe, pour être estimable, doive prêcher d'exemple, on saisit l'importance de cette réponse puisqu'elle va précéder le geste définitif. Ce sont là des évidences sensibles au coeur, mais qu'il faut approfondir pour les rendre claires à l'esprit.
Si je me demande à quoi juger que telle question est plus pressante que telle autre, je réponds que c'est aux actions qu'elle engage. Je n'ai jamais vu personne mourir pour l'argument ontologique. Galilée, qui tenait une vérité scientifique d'importance, l'abjura le plus aisément du monde dès qu'elle mit sa vie en péril. Dans un certain sens, il fit bien. Cette vérité ne valait pas le bûcher. Qui de la Terre ou du Soleil tourne autour de l'autre, cela est profondément indifférent. Pour tout dire, c'est une question futile. En revanche, je vois que beaucoup de gens meurent parce qu'ils estiment que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. J'en vois d'autres qui se font paradoxalement tuer pour les idées ou les illusions qui leur donnent une raison de vivre (ce qu'on appelle une raison de vivre est en même temps une excellente raison de mourir). Je juge donc que le sens de la vie est la plus pressante des questions.
L'ABSURDE
Il arrive que les décors s'écroulent. Lever, tramway, quatre heures de bureau ou d'usine, repas, tramway, quatre heures de travail, repas, sommeil et lundi mardi mercredi jeudi vendredi et samedi sur le même rythme, cette route se suit aisément la plupart du temps. Un jour seulement, le « pourquoi » s'élève et tout commence dans cette lassitude teintée d'étonnement. « Commence », ceci est important. La lassitude est à la fin des actes d'une vie machinale, mais elle inaugure en même temps le mouvement de la conscience. Elle l'éveille et elle provoque la suite. La suite, c'est le retour inconscient dans la chaîne, ou c'est l'éveil définitif. Au bout de l'éveil vient, avec le temps, la conséquence : suicide ou rétablissement. En soi, la lassitude a quelque chose d'écoeurant. Ici je dois conclure qu'elle est bonne. Car tout commence par la conscience et rien ne vaut que par elle. Ces remarques n'ont rien d'original. Mais elles sont évidentes : cela suffit pour un temps, à l'occasion d'une reconnaissance sommaire dans les origines de l'absurde. Le simple « souci » est à l'origine de tout.
De même et pour tous les jours d'une vie sans éclat, le temps nous porte. Mais un moment vient toujours où il faut le porter. Nous vivons sur l'avenir : « demain », « plus tard », « quand tu auras une situation », « avec l'âge tu comprendras ». Ces inconséquences sont admirables, car enfin il s'agit de mourir. Un jour vient pourtant et l'homme constate ou dit qu'il a trente ans. Il affirme ainsi sa jeunesse. Mais du même coup, il se situe par rapport au temps. Il y prend sa place. Il reconnaît qu'il est à un certain moment d'une courbe qu'il confesse devoir parcourir. Il appartient au temps et, à cette horreur qui le saisit, il y reconnaît son pire ennemi. Demain, il souhaitait demain, quand tout lui-même aurait dû s'y refuser. Cette révolte de la chair, c'est l'absurde.
Un degré plus bas et voici l'étrangeté : s'apercevoir que le monde est « épais », entrevoir à quel point une pierre est étrangère, nous est irréductible, avec quelle intensité la nature, un paysage peut nous nier. Au fond de toute beauté gît quelque chose d'inhumain et ces collines, la douceur du ciel, ces dessins d'arbres, voici qu'à la minute même, ils perdent le sens illusoire dont nous les revêtions, désormais plus lointains qu'un paradis perdu. L'hostilité primitive du monde, à travers les millénaires, remonte vers nous. Pour une seconde, nous ne le comprenons plus puisque pendant des siècles nous n'avons compris en lui que les figures et les dessins que préalablement nous y mettions, puisque désormais les forces nous manquent pour user de cet artifice. Le monde nous échappe puisqu'il redevient lui-même. Ces décors masqués par l'habitude redeviennent ce qu'ils sont. Ils s'éloignent de nous. De même qu'il est des jours où, sous le visage familier d'une femme, on retrouve comme une étrangère celle qu'on avait aimée il y a des mois ou des années, peut-être allons-nous désirer même ce qui nous rend soudain si seuls. Mais le temps n'est pas encore venu. Une seule chose : cette épaisseur et cette étrangeté du monde, c'est l'absurde.
Il arrive que les décors s'écroulent. Lever, tramway, quatre heures de bureau ou d'usine, repas, tramway, quatre heures de travail, repas, sommeil et lundi mardi mercredi jeudi vendredi et samedi sur le même rythme, cette route se suit aisément la plupart du temps. Un jour seulement, le « pourquoi » s'élève et tout commence dans cette lassitude teintée d'étonnement. « Commence », ceci est important. La lassitude est à la fin des actes d'une vie machinale, mais elle inaugure en même temps le mouvement de la conscience. Elle l'éveille et elle provoque la suite. La suite, c'est le retour inconscient dans la chaîne, ou c'est l'éveil définitif. Au bout de l'éveil vient, avec le temps, la conséquence : suicide ou rétablissement. En soi, la lassitude a quelque chose d'écoeurant. Ici je dois conclure qu'elle est bonne. Car tout commence par la conscience et rien ne vaut que par elle. Ces remarques n'ont rien d'original. Mais elles sont évidentes : cela suffit pour un temps, à l'occasion d'une reconnaissance sommaire dans les origines de l'absurde. Le simple « souci » est à l'origine de tout.
De même et pour tous les jours d'une vie sans éclat, le temps nous porte. Mais un moment vient toujours où il faut le porter. Nous vivons sur l'avenir : « demain », « plus tard », « quand tu auras une situation », « avec l'âge tu comprendras ». Ces inconséquences sont admirables, car enfin il s'agit de mourir. Un jour vient pourtant et l'homme constate ou dit qu'il a trente ans. Il affirme ainsi sa jeunesse. Mais du même coup, il se situe par rapport au temps. Il y prend sa place. Il reconnaît qu'il est à un certain moment d'une courbe qu'il confesse devoir parcourir. Il appartient au temps et, à cette horreur qui le saisit, il y reconnaît son pire ennemi. Demain, il souhaitait demain, quand tout lui-même aurait dû s'y refuser. Cette révolte de la chair, c'est l'absurde.
Un degré plus bas et voici l'étrangeté : s'apercevoir que le monde est « épais », entrevoir à quel point une pierre est étrangère, nous est irréductible, avec quelle intensité la nature, un paysage peut nous nier. Au fond de toute beauté gît quelque chose d'inhumain et ces collines, la douceur du ciel, ces dessins d'arbres, voici qu'à la minute même, ils perdent le sens illusoire dont nous les revêtions, désormais plus lointains qu'un paradis perdu. L'hostilité primitive du monde, à travers les millénaires, remonte vers nous. Pour une seconde, nous ne le comprenons plus puisque pendant des siècles nous n'avons compris en lui que les figures et les dessins que préalablement nous y mettions, puisque désormais les forces nous manquent pour user de cet artifice. Le monde nous échappe puisqu'il redevient lui-même. Ces décors masqués par l'habitude redeviennent ce qu'ils sont. Ils s'éloignent de nous. De même qu'il est des jours où, sous le visage familier d'une femme, on retrouve comme une étrangère celle qu'on avait aimée il y a des mois ou des années, peut-être allons-nous désirer même ce qui nous rend soudain si seuls. Mais le temps n'est pas encore venu. Une seule chose : cette épaisseur et cette étrangeté du monde, c'est l'absurde.
LA REVOLTE
Voici le premier progrès que l'esprit de révolte fait faire à une réflexion d'abord pénétrée de l'absurdité et de l'apparente stérilité du monde. Dans l'expérience absurde, la souffrance est individuelle. À partir d'un mouvement de révolte, elle a conscience d'être collective, elle est l'aventure de tous. Le premier progrès d'un esprit saisi d'étrangeté est donc de reconnaître qu'il partage cette étrangeté avec tous les hommes et que la réalité humaine, dans sa totalité, souffre de cette distance par rapport à soi et au monde. Le mal qui éprouvait un seul homme devient peste collective. Dans l'épreuve quotidienne qui est la nôtre, la révolte joue le même rôle que le cogito dans l'ordre de la pensée : elle est la première évidence. Mais cette évidence tire l'individu de sa solitude. Elle est un lieu commun qui fonde sur tous les hommes la première valeur. Je me révolte, donc nous sommes.
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Par Pavi le 30 Mars 2018 à 00:43
Chaque année, quelques nouvelles sur un nouveau thème. Cette année, l'amitié. Des auteurs variés, ainsi on peut penser que chacun peut y trouver lecture à son goût. On peut aussi trouver que c'est assez inégal.
Mon top 5, même si l'idée du recueil n'est probablement pas de le mettre en concurrence.
Pyrolyse, Alexandra Lapierre
L'anomalie, Maxime Chattam
Oeil pour œil, François d'Epnoux
Je suis Li Wei, Michel Bussi
Zina, Leïla Slimani
Françoise Bourdin : Tant d'amitié 1/5
« Ma femme et mon meilleur ami » revisité dans une courte nouvelle. A Cabourg, un jeune couple d'hôteliers filent un bonheur heureux. Mais elle, le bonheur, elle va le chercher aussi avec le meilleur ami de son mari. Il s'en doute, il les file et découvre le pot aux roses. C'est cousu de fil blanc. F.Bourdin arrive à glisser un peu de doute et de suspens, mais trop peu.
Michel Bussi : Je suis Li Wei 4/5
Grâce à un habile saut dans le temps, Michel Bussi nous parle de la terrible révolte des Taiping, Il crée de toute pièce une correspondance moderne entre une jeune fille française actuelle et une mystérieuse correspondante chinoise. C'est adroit, bien écrit, quelle nouvelle !
Maxime Chattam : L'Anomalie 4/5
Voilà une vraie nouvelle sur l'amitié. On se demande si on est dans un récit fantastique : un homme qui se croit dans son quotidien se réveille en réalité de 10 années d'errance où il a perdu son travail, sa femme, sa maison... plus rien n'est comme avant, et le voilà même poursuivi par deux hommes qui s'avèrent être le samu social. Sa course le mène à la terrasse d'un café où se trouve Thomas, un ami.
Adelaïde de Clermont-Tonnerre : Mon cher cauchemar 3/5
Un enterrement, une veuve et une ex. qui se demande quelle place elle peut avoir. On pense à l'amitié, l'amour, porté par ces deux femmes pour cet homme. En réalité c'est de leur amitié à elles qu'il va s'agir puisqu'elles étaient amies avant d'être amoureuses du même homme. Une amitié qui ne pouvait plus exister mais qui vit quelques résurgences. Encore une belle nouvelle.
François d'Epenoux : Oeil pour œil 4/5
Où il est fortement déconseillé d'opérer son meilleur ami sans offrir les meilleures garanties. Paul, opéré par Frédéric il y a 4 ans, décide de se venger...
Eric Giacometti et Jacques Ravenne : Best-seller 3/5
Une nouvelle à quatre mains au sujet d'une éditrice assassinée par 4 mains. Des meurtres qui reprennent des scénarios de romans, ce n'est pas la première fois. Ça fonctionne très bien encore dans cette nouvelle.
Karine Giebel : L'escalier 3/5
Tous les jours dans l'escalier Madhi jeune garçon franco-malien voit passer Madie, une septuagénaire. Un jour il entre chez elle et débute une belle amitié trangénérationelle dans laquelle Madhi va percer le secret culpabilisant de Madi : elle a perdu son garçon de 7 ans dans un accident de voiture.
Christian Jacq : Amitiés égyptiennes 1/5
Plongée dans les amitiés égyptiennes, je ne sais pas si cela me donnera envie de connaître mieux cette civilisation mais je me dis que ce Monsieur Jacq doit avoir passé sa vie avec les pharaons. En commençant par cette phrase, « Existe-t-il de plus grand bonheur que de trouver des amis avec qui on partage le souffle comme le destin ? » il nous parle de ces amitiés :
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Djéser, pharaon et Imhotep, maître d'oeuvre
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Ni-ânkh-Khnoum et Khoum-Hotep (ritualistes, bienheureux)
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Hatchepsout, pharaon et Senenmout (dignitaire, maître d'oeuvre)
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les deux Amenhotep (pharaon, scribe et maître d'oeuvre)
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Horus et Seth
Alexandra Lapierre : Pyrolyse 5/5
Ce récit colle parfaitement au format nouvelle, et parfaitement au titre du recueil : 13 à table ! Nous découvrons lors de ce repas d'amies pourquoi la quatorzième, Sophie, ne fait plus partie des convives. C'est Claudine qui raconte. Derrière son récit on voit comme l'amitié n'est pas si angevine, elle peut être violence, trahison, mais cherche toujours à rendre compte.
Marcus Malte : Bande décimée 0/5
Je passe.
Agnès Martin-Lugand : Le monde est petit 2/5
Voilà qui ne m réconcilie pas avec l'auteur. Je m'étais ennuyée face à un titre prometteur (Les gens heureux lisent et boivent du café). La nouvelle est mignonne, retour à la case départ (Françoise Bourdin). L'impression que j'aurais pu écrire la même chose. C'est commun.
Romain Puertolas : L'incroyable stylo bic quatre couleurs de Benjamin Bloom 3/5
Un peu d'humour pour raconter l'histoire d'un écrivain qui aime son stylo quatre couleurs. Il l'égare, le stylo passe de main en main pour se retrouver in extremis sur la valise qui déclenche l'arme nucélaire US.
Leïla Slimani : Zina 4/5
Une étudiante marocaine à Paris voir débarquer son encombrante amie de jeunesse : elle en a honte, et ne l'accueille pas. L'amie finira par repartir. Apprenant par la suite sa mort, les regrets sont là. Il est trop tard pour demander pardon.
« Je crois que mon père, il est tout cassé dedans. Et je sais pas comment le réparer... » (L'escalier) p.184
« J'ai travaillé conq ans pour éponger ma dette ! Maintenant, Claudine, va te faire foutre ! (pyrolyse) p.218
« Il n'aimait que le vert, la couleur de l'espoir. L'espoir était une denrée de plus en plus rare. Et il pensait que quatre mines vertes sur un stylo n'étaient pas de trop dans ce monde. » (L'incroyable stylo bic quatre couleurs) p.266
« J'aurais tout donné à cet instant pour qu'elle revienne, qu'elle m'arrache à mes lâchetés et à mes craintes ? J'avais désespérément envie de lui demander pardon. » (Zina) p.283
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Par Pavi le 21 Décembre 2017 à 23:42
de Denis Brillet
L’océan Atlantique, des côtes françaises aux contrées irlandaises et anglaises, est le décor des quinze nouvelles qui composent ce recueil. Adultes et enfants se donnent rendez-vous sur ses rivages comme sur la scène d’un théâtre où ils s’interrogent, explorent leur mémoire, leurs souvenirs, écrivent le récit de leur propre histoire. Dans l’attente de la direction à prendre, l’océan est là, témoin, confident. Il ne dit rien, il écoute. Simplement.
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Par Pavi le 29 Novembre 2017 à 09:48
De Martin Winckler
Jean Atwood, interne des hôpitaux et quatre fois major de promotion, vise un poste de chef de clinique en chirurgie gynécologique. Mais au lieu de lui attribuer le poste convoité, on l'envoie passer son dernier semestre d'internat dans un service de médecine consacré à la médecine des femmes - avortement, contraception, violences conjugales, maternité des adolescentes, accompagnement des cancers gynécologiques en phase terminale.
Le Docteur Atwood veut faire de la chirurgie, et non passer son temps à écouter des femmes parler d'elles-mêmes à longueur de journée. Ni servir un chef de service à la personnalité controversée. Car le mystérieux Docteur Karma - surnommé «Barbe-Bleue» - séduit sans vergogne, paraît-il, patientes et infirmières et maltraite sans pitié, dit-on, les internes placés sous ses ordres. Pour Jean Atwood, interne à la forte personnalité et qui brûle d'exercer son métier dans un environnement prestigieux, le conflit ouvert avec ce chef de service autoritaire semble inévitable.
Mais la réalité n'est jamais ce que l'on anticipe, et la rencontre entre les deux médecins ne va pas se dérouler comme l'interne l'imagine.
Le Chœur des femmes est un roman de formation : il raconte l'histoire d'un jeune médecin déjà modelé par la faculté et par sa spécialité d'élection et qui doit brusquement réviser ses préjugés devant une réalité qui lui avait échappé jusqu'ici : ce ne sont pas ses maîtres qui lui apprendront son métier, mais les patientes.
C'est un roman documentaire qui décrit la médecine des femmes, ses gestes, ses particularités, ses écueils, ses interrogations éthiques, comme aucun roman, ne l'a fait à ce jour, du moins en langue française.
C'est un roman choral (comme son nom l'indique) dont la structure s'inspire de celle de la comédie musicale : au fil de son itinéraire (un récitatif à la première personne) dans ce microcosme qu'est l'unité 77, le Docteur Atwood croise des femmes qui racontent (et parfois chantent) leur vie.--> Le médecin nous fait entrer dans les intimités des femmes. Dans son cabinet de gynécologie, l'examen laisse la place à la parole qui guérit les maux. Des mots entendus, écoutés, à lire: ils balaient les jugements.
Citations:
- Je suis juste... une pute. Une pute de quatorze ans. Pourquoi ? Pouvez pas comprendre... Et si je vous le dis vous préviendrez les flics et là... Non, j'ai rien fait de mal. Enfin, si. Enfin, non. Moi, je voulais pas. J'ai jamais voulu. Mais je n'avais pas le choix. Quand ça a commencé, je ne comprenais pas ce qu'il faisait. J'avais dix ans. Je l'aimais bien. Il avait toujours été gentil avec moi. Il avait toujours vécu seul, et forcément, il était tout le temps fourré à la maison, parce que ma mère l'aime beaucoup, c'est normal, c'est son petit frère, son petit chéri, ils ont grandi ensemble, quand ils étaient gamins c'était vraiment pas marrant et toute petite déjà elle s'occupait de lui, alors elle a continué et pour nous c'était naturel qu'il soit toujours là (...) Et toutes petites, il nous gardait souvent ma soeur et moi quand mes parents sortaient avec des amis. Lui, il était gentil, il nous faisait à manger, il nous lisait des histoires. Alors la première fois... la première fois qu'il est venu dans ma chambre... (...)
Ca a duré longtemps. Quatre ans. Presque un tiers de ma vie quand j'y pense.
Il me disait qu'il ne fallait pas que j'en parle à ma mère, mais il n'avait pas besoin de me le dire. Je n'aurais pas pu lui en parler. J'avais trop peur qu'elle me traite encore de pute. Qu'elle me dise que j'étais une salope d'accuser ainsi son petit frère, son petit chéri, qu'elle élevait déjà quand elle était petite fille.
(p. 94-96)- Aujourd'hui, pourtant, lorsqu'elles sont enceintes ou ne désirent pas l'être, lorsqu'elle veulent pratiquer un dépistage du cancer du col ou faire soigner un symptôme gynécologique, les femmes sont encore systématiquement contraintes de s'allonger sur le dos, cuisses écartées, sexe exposé, dans une position humiliante imposée par les médecins sans aucune nécessité médicale.
La posture dite "à l'anglaise" (sur le côté, ou "en décubitus latéral") permet tous les gestes gynécologiques courants ; elle permet également de procéder à des accouchements en toute sécurité, si la femme le désire ; dans de nombreux pays du monde, c'est dans cette position que les femmes sont examinées, soignées ou accouchées. Et dans cette même position, elles peuvent choisir de voir, ou non, ce que les médecins leur font.
Nous exigeons que les médecins français proposent à toutes leurs patientes d'adopter, si elles le désirent, le décubitus latéral, en lieu et place de la position gynécologique machiste et archaïque qui leur est encore imposée en ce début de XXIe siècle.
(p. 458-459)
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Par Pavi le 29 Novembre 2017 à 09:30
De Bernhard Schlink
Après plus de vingt ans passés derrière les barreaux, Jörg est gracié par le président de la République allemande. Pour ses premières heures en liberté, sa sœur Christiane a organisé des retrouvailles avec de vieux amis dans une grande demeure à la campagne, près de Berlin.
Mais ce week-end, qu'elle avait souhaité paisible, est difficile à vivre pour tout le monde, tant les questions de responsabilité, de culpabilité et de pardon sont dans toutes les têtes. Car Jörg est un ancien terroriste de la Fraction Armée Rouge.
Pendant trois jours, les coups de théâtre et de bluff des uns et des autres vont se succéder. Chacun cherche sa place, et le choc des biographies, des rêves et parfois des mensonges produit plus de questions que de réponses. L'amitié passe-t-elle avant tout jugement moral ?. Le regret et le pardon sont-ils souhaitables, possibles, suffisants ?.
--> Huit-clos à la campagne à l'occasion de la sortie de prison d'un terroriste de la RAF (Rote Armee Fraktion). Le sujet du pardon est au coeur du roman. Des mots sur les faits sont posés. Il se joue un jeu d'infuence où chacun ne révèle que ce qu'il souhaite.
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Par Pavi le 19 Novembre 2017 à 10:17
de Denis Brillet
Damien vit en province dans une famille dont les rapports complexes lui échappent. Auprès de Carla, sa soeur aimée, son double féminin, il s’efforce en vain de trouver sa place. Entre une mère toute puissante, un père effacé jusqu’à la transparence et les deux ainés, Clémence et Mathias, il prend conscience que les clés sont pipés et les règles du jeu truquées.
Devenu adulte, c'est à Paris qu'il se met au défi de creuser sa voie. Loin du foyer familial, il entend se donner toutes les chances, en faisant de l'amour le centre de son existence. Mais le passé est là, obsédant comme l'entaille, qui le contraint à revenir sur ses pas, à emprunter à son tour le chemin que Carla a tracé. C'est ce retour aux sources qui permettra à Damien d'écrire les pages du roman familial avant de devenir, enfin, l'auteur de sa propre histoire.--> Comment la vie de Damien s'inscrit dans son histoire familiale, et comment pourrait-il la dépasser, voilà qui résume rapidement ce récit touchant.
En partant de l'entaille sur la table de la cuisine causée par Damien un jour de fête des mères, on rentre dans cette famille où une Mère toute puissante a préféré les deux aînés aux puînés, où le père s'est effacé dans son travail et ses maquettes. Carla et Damien ont renoncé à l'amour parental, peut-être à l'amour tout court. Mathias a lui construit une vie de famille en répondant seul aux besoins financiers et Clémence a plongé dans son professorat de lettres, restant célibataire.
Quand Mère meurt, Carla vient habiter la maison familiale. Que vient-elle y chercher ? le roman débute par le nettoyage de la maison par ses trois frères et soeurs car Carla est venue s'y suicider.
L'entaille dans la table de la cuisine, le suicide de sa soeur, nous sommes alors prêts à vouloir connaître plus l'histoire familiale, en particulier celle du narrateur : Damien.
Deux personnages satellites de la famille vont aussi occuper une place dans le récit : Juan, l'ami de Damien, et Justine la dame âgée de la maison d'en face.
Sans spoiler la fin, le récit se termine sur une note optimiste, et on en a grand besoin tant le portrait de Damien est tourmenté.
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Par Pavi le 28 Août 2017 à 14:18
Tome 1: La lumière blanche
de Karim Ressouni-Demigneux
Imaginez un jeu révolutionnaire, totalement virtuel mais en temps réel.
Un jeu où l'on pleure, où l'on saigne, à travers un autre soi-même. Un jeu où tout peut arriver, même mourir. Une énigme absolue où il faut tout découvrir, y compris le but du jeu... Ce jeu existe : il s'appelle La Cité. Comme dix millions de Terriens, Thomas a eu la chance de pouvoir entrer dans La Cité. Et tout a changé... Peu à peu, il a rencontré les amis que La Cité lui destinait, Arthur, Liza et Jules César.
Avec eux, il a découvert ses pouvoirs. Il a aussi repéré ses ennemis, comme Jonathan, son copain de lycée... Puis tout s'est emballé. Mystères et coups de théâtre se sont entrechoqués, ont submergé les esprits. Jusque dans la vraie vie... Avertissement : Dans La Cité, ne partez jamais de votre véritable vie, sinon la lumière blanche vous accablera.--> Roman ado - Un premier tome qui m'a bien plu, j'ai beaucoup aimé l'idée même du thème, l'engouement pour un jeu virtuel qui devient pour ainsi dire réel. Je n'ai pas envie de lire la suite parce qu'il y a tellement de choses à lire... mais si je n'avais rien d'autre à me mettre sous la dent, je poursuivrais.
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