• L'anomalie

    "Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l’intelligence, et même le génie, c’est l’incompréhension."
    En juin 2021, un événement insensé bouleverse les vies de centaines d’hommes et de femmes, tous passagers d’un vol Paris - New York. Parmi eux : Blake, père de famille respectable et néanmoins tueur à gages ; Slimboy, pop star nigériane, las de vivre dans le mensonge ; Joanna, redoutable avocate rattrapée par ses failles ; ou encore Victor Miesel, écrivain confidentiel soudain devenu culte.
    Tous croyaient avoir une vie secrète. Nul n’imaginait à quel point c’était vrai.

    Roman virtuose où la logique rencontre le magique, 'L’Anomalie' explore cette part de nous-même qui nous échappe.

    --> Ce livre est assez enthousiasmant: à la croisée des genres littéraires qui s'y retrouvent, savamment organisés. Selon que l'on soit un littéraire averti ou un amateur de lecture, il me semble qu'on y trouvera son compte. L'anomalie m'a embarquée par son intrigue, m'a amusée par des allusions à des titres, des personnes, des parodies... de l'humour. H. Le Tellier une complicité avec le lecteur. Une lecture à plusieurs niveaux. L'anomalie est-il un OLNI? A mes yeux qui découvre la littérature, un peu, oui! Le voilà récompensé par le prestigieux prix Goncourt, je m'en réjouis.

     

    Citations:

    On n'imagine pas tout ce que les tueurs à gages doivent aux scénaristes de Hollywood.

    Le président américain reste bouche ouverte, présentant une forte ressemblance avec un gros mérou à perruque blonde. p.162

    Victor observe toutes ces existences éparpillées, toutes ces anxiétés mouvantes dans la boîte de Petri démesurée qu'est le hangar - quel drôle de mot décidément -, sans savoir à laquelle s'attacher. Il s'abandonne à la fascination d'autres vies que la sienne. Il voudrait en choisir une, trouver les mots justes pour raconter cette créature, et parvenir à croire qu'il s'en est approché assez pour ne pas la trahir. Puis passer à une autre. Et une autre. Trois personnages, sept, vingt? Combien de récits simultanés un lecteur consentirait-il à suivre? p.172

    - Je n'ai pas envie d'appeler le Français, boude le président en retournant s'asseoir. p.203

    - Le président américain reste immobile, comme sonné. Le mathématicien observe cet homme primaire, et il se conforte dans l’idée désespérante qu’en additionnant des obscurités individuelles on obtient rarement une lumière collective. p. 206

    - (...) Le président a insisté pour vous le dédicacer personnellement.
    Adrian n'a pas le temps de placer un mot que le chef do protocole ajoute, impassible:
    - Ne vous inquiétez pas, professeur. Nous lui avons donné un feutre à l'eau, cela partira au premier lavage. p.208

     

     


    votre commentaire
  • et autres mots que j'aime

    Coquelicot

    «Coquelicot. C'est un cri, c'est un appel, c'est un mot de joues rouges et de course folle dans les blés, de mollets piqués par les chardons, de roulades et de cul par-dessus tête dans le fossé.
    C'est un mot claquant, insolent, cueille-moi si tu l'oses, je me fanerai aussitôt mais regarde : je suis légion. Je pousse et je repousse, et dans cette flaque rouge tu ne sais plus où poser les yeux. Coquelicots, cavalcade, concours à qui sera le plus rouge, tes joues ou moi.»

    Tout en subtilité et profondeur, Anne Sylvestre invoque les mots qui la touchent et l'émeuvent, dévoilant à travers eux la matière même de sa vie. Entre les souvenirs ressurgis et les petits bonheurs du quotidien, entre les coulisses de la scène et les champs de son enfance, ses textes nous plongent avec émotion dans son intimité.

    --> C'est l'histoire de mots, d'une grande dame qui sait trouver le mot juste, la seule qui ait bercé mon enfance et vers laquelle je me suis naturellement tournée adulte. Il aura fallu qu'elle disparaisse pour que je comprenne, enfin, que mon bonheur de l'écouter est partagé... quant à son livre, moi qui ne suis pas mélomane, il manque de mélodie, cependant elle a toute sa place dans cette collection "le goût des mots". Pour votre curiosité, j'en place quelques-uns en citation. Aujourd'hui s'est éteinte Anne Sylvestre faut-il que les gens s'en aille pour qu'on réalise la place qu'ils occupaient?

    - Coquelicot


    C'est un cri, c'est un appel, c'est un mot de joues rouges et de course folle dans les blés, de mollets piqués par les chardons, de roulades et de cul par-dessus tête dans le fossé.
    C'est un mot claquant, insolent, cueille-moi si tu l'oses, je me fanerai aussitôt mais regarde: je suis légion. Je pousse et je re-pousse, et dans cette flaque rouge tu ne sais plus où poser les yeux. Coquelicots, cavalcade, concours à qui sera le plus rouge, tes joues ou moi.

    On en faisait des poupées. On cueillait une fleur, sa tige bien longue, et puis après avoir rabattu et noué d'un brin d'herbe sa jupe de soie écarlate, on cassait un bout de la tige pour la piquer en travers du corselet, comme des bras maigres, petite danseuse, marionnette fragile qui ne durait que le temps du plaisir. p.11

    - Rafistoler

    Il n'est pas la haute. C'est un roturier. Il n'a pas bac++ et il s'en passe. Il a la casquette sur l'oeil, les mains habiles et le sourire encourageant. Il ne peut rien promettre, il n'a pas la notice, mais il va voir ce qu'il peut faire. Chez lui, c'est à la bonne franquette, ça sent les moyens du bord, c'est le royaume du "ça peut servir".
    (...) p.13

    - Ricochets

    (...) Soudain, plop plop plop plop... Une petite pierre plate et polie, lancée de main de maître vient d'effectuer un impeccable ricochet, suivi d'un autre, puis d'un autre encore, toujours aussi réussis, jusqu'à ce que, sans doute, les munitions viennent à manquer. Peut être il n'y a pas pléthore de petites pierres plates et polies, prêtes à plonger...
    5...) p.19

    - S'esclaffer

    J'aime rire, j'aime le rire. J'aime les rires, le fou rire et les éclats, les gloussements, les miaulements, les épaules qui se secouent, les ricanements, les renflements.
    J'aime m'esclaffer.
    Faire ha! faire oh! faire ouh! faire crrr! faire aïe! faire non! faire oh lala!

    S'esclaffer c'est partir dans tous les sens, se taper sur les cuisses, taper des pieds, du poing sur la table, taper sur son voisin, se tenir les côtes parce que ça fait mal, avoir des crampes, des muscles,  qui se tétanisent, pleurer, se moucher, aller jusqu'à se rouler par terre, s'estrasser, sauter dans des flaques de rire, hurler, mourir ou presque...
    S'esclaffer, c'est se mettre dans tous ses états. Se mettre minable, se faire du bien, exploser et en redemander.
    S'esclaffer, c'est mal élevé.
    Mais dieux que c'est bon!


    votre commentaire
  • Nos espérances

    Hannah, Cate et Lissa sont jeunes, impétueuses, inséparables. Dans le Londres des années 1990 en pleine mutation, elles vivent ensemble et partagent leurs points de vue sur l’art, l’activisme, l’amour et leur avenir, qu’elles envisagent avec gourmandise. Le vent de rébellion qui souffle sur le monde les inspire. Leur vie est électrique et pleine de promesses, leur amitié franche et généreuse.
    Les années passent, et à trente-cinq ans, entre des carrières plus ou moins épanouissantes et des mariages chancelants, toutes trois sont insatisfaites et chacune convoite ce que les deux autres semblent posséder. Qu’est-il arrivé aux femmes qu’elles étaient supposées devenir ?
    Dans ce roman tout en nuances sur les différentes facettes de l’amitié au fil du temps, Anna Hope tisse avec élégance et délicatesse la vie de ces trois héroïnes contemporaines. Elle sonde les différentes façons de trouver son identité de femme, mais aussi de mère, de fille, d’épouse ou d’éternelle rebelle, et explore cet interstice entre les espérances et la réalité, cet espace si singulier fait de rêves, de désirs et de douleurs où se joue toute vie.


    votre commentaire
  • Le café de l'excelsior

    Viens donc Jules, disait au bout d'un moment un buveur raisonnable, ne réveille pas les morts, ils ont bien trop de choses à faire, sers-nous donc une tournée…
    Et Grand-père quittait son piédestal, un peu tremblant, emporté sans doute par le souvenir de cette femme qu'il avait si peu connue, si peu étreinte, et dont la photographie jaunissait au-dessus d'un globe de verre enfermant une natte de cheveux tressés qui avaient été les siens, et quelques pétales de roses à demi tombés en poussière. Il saisissait une bouteille, prenait son vieux torchon à carreaux écossais et, lent comme une peine jamais surmontée, allait remplir les verres des clients.

    --> Une nouvelle dans laquelle l'auteur traduit la fange, la crasse, l'alcoolisme au travers des yeux d'enfant. L'enfant qui reçoit la préoccupation de celui qui sans mot le protège. Et puis cela se termine... l'enfant est placé. Claudel sait nous émouvoir et cette émotion porte une drôle d'ambiguïté qui nous renvoie à notre conscience. Que vaut-il mieux?  

    - "T'en fais pas, petit, eux aussi ils vont aux cabinets!" me disait Grand-père, comme pour m'extraire de ma stupide contemplation et me consoler. La phrase, à mes heures paresseuses, résonnait dans mon petit esprit et j'essayais d'imaginer les cabinets des ingénieurs: les nôtres, ceux du bistro, étaient dans le jardin, une cabane de bois noir avec à l'intérieur une planche de sapin, percée d'un trou rond, et patiné comme un cuir de selle de vélo. Au mur, il y avait entassés sur un grand clou tordu des paquets de feuilles de journal, et quand au coeur de l'été on s'enfermait dans la boîte, la musique ronfleuse de grosses mouches bleutées et leur ballet vibrant donnaient au lieu une singulière effervescence.

    - Il est à porter au crédit de Mercepied qu'il n'eut jamais de sa carrière un seul accident, avant le dernier: remontant de Lourdes au terme d'un pèlerinage éprouvant, il fracassa son véhicule contre un solide platane auvergnat, tuant en un instant en plus de sa propre personne trente-deux croyants, dont trois paraplégiques, qui l'avaient contraint, sous peine de dénonciation à la maréchaussée, à l'eau plate et au jeune durant toute la semaine sainte.

     


    votre commentaire
  • LE 18 MARS 2020. ON DÉNOMBRE 243 NOUVEAUX PATIENTS POSITIFS EN BELGIQUE.

    Elle s’appelle Léa. Il s’appelle Antoine. Un rendez-vous Tinder en urgence avant la fermeture du pays. Leur histoire ne devait durer qu’une nuit. Hier matin, ils ne se connaissaient pas. Ils sont aujourd'hui confinés. Et il n’y a déjà plus, entre eux, de distance de sécurité.

    Conçu sur la base du cadavre exquis, L’injuste destin du Pangolin est le journal d’une époque, rédigé jour après jour par cinq auteurs sous la forme d’un feuilleton quotidien pour l’émission radio de La Première Entrez Sans Frapper. Une histoire écrite par Adeline Dieudonné, Éric Russon, Jérôme Colin, Myriam Leroy et Sébastien Ministru, dans laquelle vous pourrez retrouver les évènements vécus par toute une population. Une histoire d’amour, aux temps du corona.

    ⭐️ Les droits d’auteurs et bénéfices de ce livre seront versés à 3 associations en première ligne dans l’aide aux sans-abri et aux réfugiés, L’Ilot, Cœur SDF et La Plateforme Citoyenne BXLRefugees.

    --> C'est un livre qui vient de chez nos cousins les belges: la transcription d'un feuilleton radiophonique pendant le confinement. Chaque chapitre est un épisode, la suite rédigée à la manière d'un cadavre exquis. C'est un texte témoignant par la fiction de points de vue qui n'auront pas laissé indifférent en Belgique, la ministre belge réagissant à l'épisode du 24 avril: l'intervention télévisée du conseil national de sécurité y étant critiquée. Je trouve la publication de ce livre particulièrement judicieuse comme fiction témoignage. De la même manière que des écrits de collégiens ont déjà rejoint les archives départementales. La période que nous avons traversée, que nous traversons vaut bien cela. Au delà de toute polémique ce cadavre exquis rédigé à 10 mains nous tient en haleine.

    Jérôme Colin dit lors d'une interview: «La force de la fiction fait qu’à un moment donné tout s’embrase. Le truc qui a explosé pendant ce confinement, c’était cette fiction, ce n’est pas un hasard. Tout vient des livres, des films parce que ce sont des émotions communes.»

    - Ils ont peur de se lasser déjà. Et ils ne se connaissent que depuis 48 heures. p.12

    - Alors, Maria elle dépose les armes et elle dit: "Je ne suis pas prof, chérie. Si l'école pense que tous les parents peuvent donner des cours, elle se trompe. On n'en est pas tous capables. Je suis désolée, ma belle. Mais moi, je ne sais pas faire ça!"
    Alors, la gamine, elle se lève, fait le tour de la table et vient poser un baiser sur le front de sa mère. p.30

     - Le problème, c'est oser dire qu'on va reculer la fête des mères d'une semaine pour qu'on puisse acheter des fleurs.
    Le problème, c'est de croire que le fête des mères, c'est acheter des fleurs. Et ignorer que c'est avant tout prendre la personne la plus chère du monde dans les bras et lui susurrer à l'oreille combien tu l'aimes. p.97

     


    votre commentaire
  • "Du paddle à Biarritz. Si je devais établir une liste de mes vacances idéales, le paddle à Biarritz avec un couple d'amis n'apparaîtrait pas sur la feuille, ni au dos, ni dans le cahier tout entier. Le soir où il avait lancé cette idée, tout le monde était emballé, c'était l'idée du siècle, du paddle à Biarritz, youhou, champagne. Moi-même j'arborais un sourire franc pour ne pas détonner dans l'effervescence ambiante, un sourire de photo de mariage, sans même savoir ce que signifiait le mot paddle, quoique pressentant qu'il avait de bonnes raisons de ne pas faire partie de mon vocabulaire. En rentrant, j'avais tapé paddle sur Google images, et mes appréhensions s'étaient vus confirmées : on me proposait d'aller ramer debout sur une planche en caleçon de bain avec des gens, et je me suis aussitôt vu, le dos courbé sur un paddle qui n'avançait pas, voire reculait, transpirant et rougeaud, le visage grimaçant de douleur et d'effort, tentant de rattraper à vingt mètres devant moi Denis et ses pectoraux fermes et tendus sous le vent océanique."

    Une femme et deux enfants, un emploi, une maison dans un lotissement où s'organisent des barbecues sympas comme tout et la perspective du paddle à Biarritz avec un couple d'amis l'été prochain... Axel pourrait être heureux, mais fait le constat, à 46 ans, que rien ne ressemble jamais à ce qu'on avait espéré. Il s'était rêvé scintillant et emporté dans une comédie musicale à la Broadway, il se retrouve dans un spectacle de fin d'année foireux. Et s'il était temps pour Axel de tout quitter, de partir dès ce soir à Buenos Aires, au lieu de rentrer du travail et malgré l'apéro chez les voisins ?

    Après "Le Discours", Fabrice Caro confirme son talent unique pour mêler scènes désopilantes et mélancolie existentielle.

    --> J'ai parcouru ce livre avec le sourire aux lèvres. Prenez un shaker d'écriture et placez-y tout d'abord un homme de 46 ans torturé par une somme d'idées mélancoliques, ajoutez chacune de ces idées: un voisin qui semble passer son temps à ramasser des feuilles en attendant le prochain apéritif, des cierges allumés dans une église en aide à sa propre fille, du paddle en vacances à Biarritz avec Denis, un spectacle de fin d'année: Broadway dans une comédie musicale, un dessin délictueux de son fils Tristan, un texto envoyé à son chef Verdier... et surtout une enveloppe bleue contenant un courrier de la CPAM pour une campagne de détection du cancer colorectal. Fabrice Caro remue régulièrement le shaker et chaque chapitre fait réapparaître 2, 3, 4 de ces ingrédients dont le narrateur ne peut se défaire. Cela donne un roman drôle, chacun des sujets revenant sur le devant de la scène à des moment impromptus :c'est cocasse à la limite de l'absurde et ça nous réveille. Une lecture idéale en cette période morose. Merci à Blandine 5674 dont la critique m'a fait remonter ce livre dans ma pile! Elle a évité qu'il ne sombre dans ma pile des livres oubliés parce que je n'ai pas le temps de lire tout ce que je voudrais....

     

    - Je sors de la voiture et nous nous saluons chaleureusement, l’éclat de nos sourires inversement proportionnel à notre degré d’intimité, nous maintenons notre main en l’air un temps anormalement long afin de bien nous signifier que notre relation de voisinage est sans faille et que, quoi qu’il arrive, maladie, accident, agression, cambrioleur qui veut se baigner, examen colorectal, nous pourrons toujours compter l’un sur l’autre.

    - Au-dessus de sa tête, au mur, se trouvent une reproduction d'un tableau de Paul Klee et une photo de chalet en Haute-Savoie et je trouve la juxtaposition pour le moins hasardeuse, un peu comme une table de restaurant où se côtoieraient un pavé de veau sauce cardamome et du céleri-rave dans une assiette en carton. p.10

    - Alors que je me gare dans l'allée, mon voisin, monsieur Boyer, est en train de ramasser des feuilles. Il ramasse des feuilles toute l'année. A l'automne d'accord, mais comment fait-il pour ramasser des feuilles les autres mois de l'année ? Je le soupçonne de se faire livrer des feuilles mortes pour pouvoir les ramasser et trouver ainsi un sens à sa retraite - voire à sa vie.

    - Si je devais établir une liste de mes vacances idéales, le paddle à Biarritz avec un couple d'amis n'apparaîtrait pas sur la feuille, ni au dos, ni dans le cahier tout entier. Le soir où il avait lancé cette idée, tout le monde était emballé, c'était l'idée du siècle, du paddle à Biarritz, youhou, champagne. Moi-même j'arborais un sourire franc pour ne pas détonner dans l'effervescence ambiante, un sourire de photo de mariage, sans même savoir ce que signifiait le mot paddle, quoique pressentant qu'il avait de bonnes raisons de ne pas faire partie de mon vocabulaire. En rentrant, j'avais tapé paddle sur Google images, et mes appréhensions s'étaient vus confirmées: on me proposait d'aller ramer debout sur une planche en caleçon de bain avec des gens, et je me suis aussitôt vu, le dos courbé sur un paddle qui n'avançait pas, voire reculait, transpirant et rougeaud, le visage grimaçant de douleur et d'effort, tentant de rattraper à vingt mètres devant moi Denis et ses pectoraux fermes et tendus sous le vent océanique.

    - Ce devait être la toute première lettre m'étant adressée personnellement et j'avais cru alors que le courrier serait toujours synonyme de cœur qui bat, de ventre qui vibre, de fragments d'extases et de ciels sans fin.
    Trente ans plus tard, ellipse, je tiens dans ma main une enveloppe plastifiée bleue au bas de laquelle est inscrit: Programme national de dépistage du cancer colorectal.

    - (...) ma grand-mère me disait souvent Pleure, tu pisseras moins, et je me demande si l'inverse marche aussi, Pisse, tu pleureras moins. p.28

    - Elle tient dans ses bras un bébé, il se dégage une infinie douceur de cette statue, le regard que je suppose être sa mère est d’une tendresse palpable, elle ignore encore que quatorze ans plus tard, il dessine des levrettes.

    - C'est juste un apéritif entre voisins. Juste et apéritifs entre voisins dissonent, un oxymore géant, un couple mal assorti, Paul Klee en Haute-Savoie. C'est juste une guerre nucléaire. C'est juste un cancer en phase terminale. Juste ne s'accorde pas avec tout. Et je devine au salut interminable de monsieur Boyer et à son sourire que nous approchons dangereusement de la date butoir. p.44

    - ’entre dans la Biocoop et lance un bonjour que je veux bio, et je me demande ce que j’entends par là. Mais mon bonjour doit être suffisamment bio car les gens me répondent aimablement dans un concert feutré de bonjours bienveillants et là, subitement, on a beaucoup de mal à croire au déclin de l’Occident. p.119

    - J'ai envoyé mon message à Verdier. J'ai envoyé à Verdier "pas mal l'enveloppe colorectale" suivi d'un émoticône clin d’œil. Voilà ce que je découvre en entrant dans ma voiture et en consultant mon portable. C'est un cauchemar. Comment ais je pu me tromper de destinataire? Si, je sais, bien sûr, j'ai anormalement paniqué à l'arrivée d'Anna et mes doigts ont ripé, la proximité alphabétique avec Vincent , l'alcool qui n'a rien arrangé et voilà. comment va t- il interpréter un tel message?De manière générale, comment peut on interpréter "pas mal l'enveloppe colorectale" suivi d'un émoticône clin d’œil? J'essaie de me mettre à la place du destinataire, et une multitude d'hypothèses se bousculent, et celle qui m'apparaît la plus immédiate, pour peu qu'on reste sur une lecture basique et superficielle, serait: Quel joli cul, suivi d'un émoticône clin d’œil? Je viens de dire purement et simplement à Verdier qu'il a un joli cul.

    - Mon regard se perd sur le décolleté de Béatrice, je me demande chaque fois si ses seins sont refaits ou pas (Anna est persuadée que non, moi que oui). Que se passerait-il si, subitement, au milieu du repas, au beau milieu de la discussion, je tendais le bras et touchais le haut décolleté de son sein du bout de mon index pour en vérifier la fermeté? Comme ça, de manière totalement anecdotique? Quelle serait leur réaction? Denis se lèverait-il pour me mettre son poing dans la figure ou bien le repas se poursuivrait-il comme si de rien n’était? Pourquoi nous évertuons-nous à n’effectuer que des actes pourvus de sens? Pourquoi une existence qui n’en a aucun devrait-elle être constituée d’une suite ordonnée de faits rationnels, et pourquoi ne nous mettrions-nous pas subitement à courir dans la rue sur Modern Love comme chez Leos Carax ou Noah Baumbach? Pourquoi tout doit-il être cohérent quand la vie elle-même ne l’est pas pour deux sous et qu’on peut très bien se réveiller un matin avec un courrier destiné à un type de cinquante ans alors qu‘on n’en a que quarante-six? Pourquoi l’utile, pourquoi l’approprié? p. 125

    - La vieille dame est toujours là, exactement à la même place, immobile et je commence à me demander s'il s'agit d'une vraie dame ou si l'Église, devant la catastrophique désertion de ses ouailles, ne place pas des mannequins de cire pour sauver la face. p.158


    2 commentaires
  • Une farouche liberté

    Gisèle Halimi : Soixante-dix ans de combats, d’engagement au service de la justice et de la cause des femmes. Et la volonté, aujourd’hui, de transmettre ce qui a construit cet activisme indéfectible, afin de dire aux nouvelles générations que l’injustice demeure, qu’elle est plus que jamais intolérable. Gisèle Halimi revient avec son amie, Annick Cojean, qui partage ses convictions féministes, sur certains épisodes marquants de son parcours rebelle pour retracer ce qui a fait un destin. Sans se poser en modèle, l’avocate qui a toujours défendu son autonomie, enjoint aux femmes de ne pas baisser la garde, de rester solidaires et vigilantes, et les invite à prendre le relai dans le combat essentiel pour l’égalité à l’heure où, malgré les mouvements de fond qui bouleversent la société, la cause des femmes reste infiniment fragile.
    Depuis l’enfance, la vie de Gisèle Halimi est une fascinante illustration de sa révolte de « fille ». Farouchement déterminée à exister en tant que femme dans l’Afrique du Nord des années 30, elle vit son métier comme un sacerdoce et prend tous les risques pour défendre les militants des indépendances tunisienne et algérienne et dénoncer la torture. Avocate plaidant envers et contre tout pour soutenir les femmes les plus vulnérables ou blessées, elle s’engage en faveur de l’avortement et de la répression du viol, dans son métier aussi bien que dans son association « Choisir la cause des femmes ». Femme politique insubordonnée mais aussi fille, mère, grand-mère, amoureuse… Gisèle Halimi vibre d’une énergie passionnée, d’une volonté d’exercer pleinement la liberté qui résonne à chaque étape de son existence.
    « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque » : ces mots de René Char, son poète préféré, pourraient définir Gisèle Halimi, cette « avocate irrespectueuse », et sa vie de combats acharnés pour la justice et l’égalité.

    --> L'histoire et la personnalité de Gisèle Halimi prennent racine dans son enfance qui a été la source d'une immense révolte contre l'injustice: "la malédiction d'être née fille". Toute sa vie sera combat. On lit dans cet entretien tout en simplicité les relations de qualité qu'elle a su entretenir avec les intellectuels de l'époque, ces combats les plus médiatisés sont nommés, les grâces présidentielles qu'elle a obtenu. Ce livre condense ce que Gisèle Halimi a accompli et permet de connaître (mieux) une féministe incontournable du siècle dernier. Une lecture aisée qui donne des repères dans les combats féministes des années 70/80.

     

    - Alors j'ai choisi l'arme ultime: une grève de la faim. C'est un moyen terrible, vous savez. Mes parents se sont affolés, et ont cédé au bout de quelques jours. Je ne servirais plus mes frères: "Ni à table, ni dans la chambre, ni jamais!" ai-je exigé. Ce fut au fond ma première victoire féministe. p.20

    - C'est à ce moment-là que je compris que les livres me donnaient confiance et force. p.30


    votre commentaire
  • Rassemblez-vous en mon nom

    Maya Angelou

    Silhouette imposante, port de tête altier, elle fait résonner la voix d’une femme noire, fière et volontaire, qui va devoir survivre dans un monde d’une extrême dureté, dominé par les Blancs. Une voix riche et drôle, passionnée et douce qui, malgré les discriminations, porte l’espoir et la joie, l’accomplissement et la reconnaissance, et défend farouchement son droit à la liberté.
    Après l’inoubliablement beau Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage, Maya Angelou poursuit ici son cycle autobiographique.

    Maya Angelou fut poétesse, écrivaine, actrice, militante, enseignante et réalisatrice. Elle a mené de nombreux combats avant de devenir une icône contemporaine qui a inspiré la vie de millions de personnes. Elle a côtoyé Nelson Mandela, Martin Luther King, Malcolm X et James Baldwin. À sa mort, Michelle Obama, Rihanna, Oprah Winfrey, Emma Watson, J. K. Rowling et beaucoup d’autres encore lui ont rendu hommage.

    --> Récit autobiographique de Maya Angelou, militante afro-américaine, poétesse, née en 1928, figure du mouvement pour les droits civiques. Rassemblez-vous en mon nom concerne 3 jeunes années de l'auteure: de 16 à 19 ans. Mère très jeune, elle n'en est pas moins indépendante. Elle veut gagner son autonomie et témoigne d'expériences pour le moins initiatiques dans une société d'après-guerre où la polarisation noir blanc est extrêmement forte, où les drogues sont en plein essors. C'est un récit vivant: les expériences de Maya sont entières, mais ne durent jamais très longtemps. Cuisinière, serveuse, propriétaire d'une maison de passe, chauffeur, putain, chef de restaurant, revendeuse de textiles volés..... Elle vit ces trois années avec naïveté et détermination. Le destin d'une grande femme se dessine? Voilà qui donne envie de mieux connaître le destin de cette femme.


    votre commentaire
  • Meurtres aux Kerguelen

     

    Maël, commissaire de police expert en criminologie, est en vacances à La Réunion lorsqu'il est soudain missionné pour se rendre sur l'île de Kerguelen _ en plein coeur du sud de l'océan Indien _ à la suite d'un horrible homicide. L'histoire se déroule à bord du navire La Curieuse, sur les "bases vie" des 3 îles de Kerguelen, d'Amsterdam et de Crozet ou encore sur le navire-ravitailleur des TAAF _ Terres australes et antarctiques françaises_, le célèbre Marion-Dufresne. Sur ces terres exceptionnelles, paradis pour quantité d'animaux polaires, les morts suspectes s'accumulent. Maël parviendra-t-il à résoudre ces mystères ?

    --> Du côté de l'auteur (des co-auteurs), il y a des idées. L'envie de relater des expériences avec précision sans lasser le lecteur, c'est ce qui justifie l'idée d'un récit policier qui ménage du suspens et invite à aller jusqu'au bout. L'idée est bonne. Les auteurs partagent un bout de la vie à bord du Marion Dufresne, de la Curieuse et sur les 3 îles KER, CRO et AMS. On apprend une tonne de choses, un peu sur les missions scientifiques et la faune des îles mais particulièrement sur le vocabulaire et les acronymes propres aux TAAF. Ils nous prennent par la main, parfois maladroitement, généreux en définitions ou explications (le plus souvent placées entre parenthèses dans le texte), le tout agrémenté d'un soupçon de géopolitique, nous laissant entrevoir les enjeux des TAAF et donnant envie d'en savoir encore plus. Le dénouement de l'enquête, façon Agatha Christie (tous les protagonistes sont réunis, Maël, le commissaire nous livre dans le détail le fonds de son enquête), pourquoi pas. Les auteurs alimentent et éveillent la curiosité du lecteur : merci à eux. Mais…
    Voilà qui semble cruellement manquer d'un travail éditorial. Ce livre m'aura démontré la nécessité de ce travail. Un travail d'édition souvent invisible mais parfois souligné par les auteurs et je comprends maintenant pourquoi. La syntaxe qui défaille par endroit, sans parler de l'orthographe, je recherche les effet de style, des dialogues inégaux, un travail narratif difficile qui tente de mêler l'enquête et le récit. Très vite j'ai eu le sentiment d'être devant un travail d'auto-édition. Ce qui m'empêche de le conseiller aux babélionautes. Et pourtant…
    Merci à Masse critique et aux éditions L'Harmattan pour cet envoi.

     


    votre commentaire
  • Avant que j'oublie

    de Anne Pauly

    Il y a d’un côté le colosse unijambiste et alcoolique, et tout ce qui va avec : violence conjugale, comportement irrationnel, tragi-comédie du quotidien, un « gros déglingo », dit sa fille, un vrai punk avant l’heure. Il y a de l’autre le lecteur autodidacte de spiritualité orientale, à la sensibilité artistique empêchée, déposant chaque soir un tendre baiser sur le portrait pixelisé de feue son épouse ; mon père, dit sa fille, qu’elle seule semble voir sous les apparences du premier. Il y a enfin une maison, à Carrières-sous-Poissy et un monde anciennement rural et ouvrier.

    De cette maison, il va bien falloir faire quelque chose à la mort de ce père Janus, colosse fragile à double face. Capharnaüm invraisemblable, caverne d’Ali-Baba, la maison délabrée devient un réseau infini de signes et de souvenirs pour sa fille qui décide de trier méthodiquement ses affaires.
    Que disent d’un père ces recueils de haïkus, auxquels des feuilles d’érable ou de papier hygiénique font office de marque-page ? Même elle, sa fille, la narratrice, peine à déceler une cohérence dans ce chaos. Et puis, un jour, comme venue du passé, et parlant d’outre-tombe, une lettre arrive, qui dit toute la vérité sur ce père aimé auquel, malgré la distance sociale, sa fille ressemble tant.

    --> Chaque deuil est singulier. Anne Pauly raconte la perte de son père, ses obsèques et l'après avec ce que le deuil réveille de l'avant. La maison. Son frère. Une amitié de son père. Elle croyait en un père qui était autre que l'image de l'alcoolique qu'il a laissé, elle en aura la preuve. Il est parfois long le temps de passer à autre chose et l'entourage n'y peut pas grand chose. On n'est jamais sûrs de traverser cette peine avec la fratrie. Anne Pauly nous livre ce deuil avant d'oublier et on peut la croire apaisée.

    --> Il reste d'une personne aimée et disparue une manière subtile, immatérielle: une absence que l'on peut ressentir comme une présence que plus rien désormais ne peut ternir l'éclat. Mais cela n'enlève rien au chagrin qu'il faut affronter pour continuer sa propre route. Il n'y a pas d'âge pour se sentir orphelin. p.111


    votre commentaire
  • Chambre 2

    Une maternité. Chaque porte ouvre sur l'expérience singulière d'une femme tout juste accouchée. Sensible, vulnérable, Béatrice, qui travaille là, reçoit de plein fouet ces moments extrêmes.
    Les chambres 2 et 4 ou encore 7 et 12 ravivent son passé de danseuse nue sillonnant les routes à la lumière des projecteurs et au son des violons. Ainsi réapparaissent Gabor, Paolo et d'autres encore, compagnons d'une vie à laquelle Béatrice a renoncé pour devenir normale. Jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus supporter la violence du quotidien de l'hôpital.

    Un hommage poignant au corps des femmes, et un regard impitoyable sur ce qu'on lui impose.

    --> NB: je découvre après avoir lu le livre qu'il a été adapté au cinéma avec Voir le jour, film que j'ai vu 2 mois auparavant. Je n'ai pas fait le lien.

    C'est un regard sur les corps : Béatrice, ex-danseuse nue qui vivait en camion aménagé au gré des spectacles, devenue auxiliaire de puériculture dans une maternité nous livre son regard sur son corps, le corps des danseurs et sur celui des jeunes accouchées. Un regard sur le corps vivant, sur le corps qui donne la vie, mais aussi -on y pense moins souvent- la mort. C'est un regard, le témoignage d'une marginale qui doit remplir un rôle nouveau comme auxiliaire de puériculture. Les chapitres alternent entre sa vie d'avant, de danseuse amoureuse de Gabor, dans une marginale et épanouie et sa fonction actuelle auprès des mères, des bébés, fonction qui ne lui va pas. C'est un récit fort et touchant. Il y est question des propres maternités de Béatrice: 3 dont une fausse couche à trois mois, ils placeront le foetus dans une boîte en carton qu'ils iront enterrer au père Lachaise. On assiste au suicide choisi de Pierre et Pierre, début de l'enfer pour la troupe. C'est un récit plein de sensibilité. Une belle découverte.

    - Un vrai flic. Encore une qui me torturait à me trouver un peu trop pas pareille. Encore une qui voulait "aider". Je lui ai dit que tout allait très bien, qu'on était très heureux, que je voulais rentrer chez moi, que Gabor était un homme merveilleux.

    Elle n'en a pas cru un mot.

    Elle a noté un truc dans son dossier et m'a dit au revoir, mais j'ai entendu pauvre fille, je lui ai répondu au revoir, mais j'ai pensé connasse.

    - "J'aime beaucoup ce que vous faites. C'est très courageux. Le corps des femmes est maltraité de nos jours, vous lui redonnez son sens vital. J'ai été très émue par votre dernier spectacle." p.99


    votre commentaire
  • Lire!

    Bernard Pivot, lecteur professionnel («Apostrophes», Lire, JDD) et sa fille Cécile, ardente lectrice amateur, confrontent leurs raisons, plaisirs et manières de lire, leur usage des livres, dans des textes très personnels, joliment illustrés, où le public des librairies et des bibliothèques retrouvera ses émotions, et celui qui n'ose pas en pousser les portes découvrira stimulations et conseils.

    Un tonique et savoureux éloge des écrivains, des livres et de la lecture.

    --> On peut choisir de survoler ce livre, joli éloge à la lecture, le picorer chapitre après chapitre ou quelques pages par ci par là, choisir de lire Bernard Pivot ou sa fille Cécile. Ne vous attendez pas à un ouvrage érudit. C'est leurs témoignages sur leur façon de lire, où, avec quel confort, quels choix, quels rituels, quel rangement, lequel offrir, l'abandon d'une lecture ou la relecture... autant de sujets par lesquels nous, lecteurs, nous sentons concernés. Cela donne envie d'écrire à notre tour et ajouter une page à chacun des chapitres.

    "Mon conseil: certains libraires peuvent se montrer hautains avec le lecteur occasionnel, celui qui "n'y connaît vraiment pas grand-chose", qui veut lire "quelque chose de facile", "ne pas se prendre la tête". Le maître des lieux le toise avec dédain
    continue de ranger ses rayons, soupire. Vous êtes lecteurs? Votre libraire ne vous aide pas vraiment? Devant lui vous vous sentez un peu complexé? Changez de crémerie!"
    page 74


    votre commentaire
  • Le monde selon Guirec et Monique

    Jeune Breton qui n’a jamais connu d’autre terrain de jeux que l’océan, Guirec Soudée écume les mers du globe avec pour seule compagnie une poule, Monique.

    Ensemble, ils ont traversé l’Atlantique, rallié le Groenland, affronté 130 jours emprisonnés au cœur de la banquise, franchi le périlleux passage du Nord-Ouest, mis les voiles pour le Grand Sud, essuyé des tempêtes dans les plus extrêmes latitudes, passé le cap Horn, rejoint l’Antarctique avant d’amorcer un long retour jusqu’en Bretagne.

    L’histoire incroyable d’un garçon opiniâtre, qui n’attend pas que ses rêves se dessinent à l’horizon, et d’une poule, concentré de fantaisie et de courage, qui offre un œuf par jour à l’aventurier.

    --> Merci Guirec, quelle fraîcheur que ce récit d'aventures. Carrément tête brûlé ce jeune homme au départ de son aventure. Mais il doit apprendre vite! Une lecture qui fait grand bien, qui fait rêver (quoi que.... juste pour les aurores boréales, les rencontres, la navigation hors tempêtes... ). Et l'arrivée de Monique et sa présence permanente auprès de Guirec est juste magique, tendre... Vraiment, ce récit fait un bien fou. Quelques termes techniques pourront peut-être ennuyer les non initiés à la voile (?) moi je le suis et je me suis régalée.


    votre commentaire
  • Les demeurées

    Les demeurées, ce sont une idiote du village et sa fille, fruit d'un contact éphémère avec un ivrogne de passage. Entre ces deux êtres d'infortune, nulle parole. Leur amour est silencieux, bâti sur leur seule présence l'une à l'autre. Leur vie recluse, solitaire, doit cependant prendre fin lorsque la petite Luce prend le chemin de l'école. Là, le monde l'attend et mademoiselle Solange, l'institutrice, est décidée à rompre l'ignorance, à faire jaillir les mots. La Varienne et sa fille vivent cette intrusion de l'extérieur comme une menace. Ensemble, elles renforceront ce lien primal, instinctif qui les unit: un amour quasi mystique, indéfectible, originel.

    Les Demeurées est le premier roman pour adultes que signe Jeanne Benameur. Auparavant, elle a publié de la poésie (Naissance de l'oubli), des pièces de théâtre (Fille d'Ulysse) et des nouvelles (Une bouffée de lilas), mais surtout de nombreux ouvrages pour la jeunesse (Ça t'apprendra à vivre), tous profondément ancrés dans l'humain et la jouissance de la vie. --Laure Anciel

    --> Que dire après le lecture de ce court récit? Il faut le prendre tel qu'il est, mes mots ne viendront que l'affadir car il porte une réelle puissance... bien au delà de mes phrases. Des phrases incisives qui ne ressemblent à nulle autre.


    votre commentaire
  • Pour le sourire d'Isabelle

    Une belle complicité féminine et intergénérationnelle face au deuil.
    Une épopée savoureuse racontée à deux voix entre Normandie et Bretagne.
    Un roman plein de charme et de profondeur !

    A Trouville, lors de l'enterrement de son fils Arnaud mort d'un AVC, Camille, quatre-vingts ans, guette l'arrivée de son ex-belle-fille, Isabelle, la quarantaine, avec laquelle elle s'entendait très bien. Les deux femmes restent ensemble après l'enterrement et leur complicité passée resurgit. Isabelle ne va pas bien ; triste et amaigrie, elle a fait un burn-out et quitté son cabinet d'avocats. Camille est aussi à une étape clé de sa vie : elle a décidé de mettre en vente la maison normande où elle vit pour retourner dans sa Bretagne natale. Au cours de leur conversation, elles font le projet de réaliser un ancien rêve : un voyage ensemble. Chacune montrerait à l'autre les beautés de son terroir – Isabelle la Normandie et Camille la Bretagne – afin de mettre un terme à la gentille rivalité qu'elles ont toujours entretenue autour de la plus jolie région d'origine. C'est surtout l'occasion pour Camille de fuir le deuil qu'elle vient de vivre et pour Isabelle de reprendre pied...

    --> Aïe Aïe Aïe... à la dernière masse critique, je sélectionne ce livre. En hésitant. Ca doit être du feel good: je ne déteste pas, je ne kiffe pas. Note sur babelio: 4. C'est plutôt rassurant. Seulement 7 lecteurs, mais 7 lecteurs conquis.
    L'intrigue se déroule entre Bretagne et Normandie, sur fond de rivalité, ça doit me parler. Et puis si je le trouve bien, je le proposerai en acquisition dans ma bib.
    La couverture ne triche pas, elle est bien dans l'esprit du livre. On pourrait penser qu'une sortie en juin pour aborder l'été aurait été plus judicieuse qu'au milieu de la rentrée littéraire.
    Que la lecture m'a été difficile... J'aime l'idée dans son ensemble, beaucoup: une octogénaire veuve qui vient de perdre son fils unique. Elle ne manque pas de verve et d'humour, en même temps que le contexte peut naturellement la rendre grave. Et son ex-belle fille (quadra, proche des 50), en sortie de burn out, en pleine remise en question. Elles partent pour ce qu'on pourrait appeler un road trip de la Normandie où elles vivent, vers la Bretagne terre natale de Camille. On visite "seulement" 4 villes (Honfleur, Giverny, Locronan et Douarnenez), leur approche ne vaut guère plus qu'un dépliant touristique. Sûrement pour ne pas gâcher le récit de la relation entre Camille et Isabelle me direz-vous? Oui mais... les dialogues entre les deux protagonistes sont plats et l'auteure va jusqu'à détailler des scènes sans aucun intérêt. Quel dommage car Camille qui revient sur son passé et les raisons qui lui ont fait quitter la Bretagne sont dignes d'intérêt, tout autant que la situation d'Isabelle qui illustre plutôt bien une tendance quadra actuelle et enfin cette relation Belle-mère / belle-fille dans le cadre du deuil du fils / ex-époux a de quoi intriguer. Bref, l'idée qui sous-tend ce roman avait tout pour me séduire, sa mise en forme par l'écriture est pour la lectrice que je suis un désastre. J'en attendrais une réécriture avec de la profondeur...et tout autant de bons sentiments, parce que ça j'adore.

    Mais comment rédiger mon avis sur babelio... ?

    --> Je regarde de plus près les critiques babelio: ce sont des lecteurs qui ont lu pas mal de livres, édité des critiques, mais j'ai très peu voire pas du tout de livres en commun. Intéressant. Effectivement, Fanny André n'en est pas à son premier livre, elle est plutôt bien notée, cependant ce n'est mon type de lecture (romance/fantasy). Un lectorat plus jeune je crois....

    --> J'ai lu dans le roman une allusion à Wattpad: ce réseau social sur lequel tout le monde peut écrire et se faire plaisir. Fanny André émanerait-elle de ce réseau. Ca me semble une hypothèse légitime. Je n'ai pas trouvé plus d'indices.

     

    --> Babelio?


    L'intrigue qui se déroule entre Bretagne et Normandie, sur fond de rivalité régionale, ça me parle. La couverture ne triche pas: elle est bien dans l'esprit du livre.
    J'ai beaucoup aimé l'idée du récit dans son ensemble: une octogénaire veuve qui vient de perdre son fils unique. Elle ne manque pas de verve et d'humour, en même temps que le contexte la rend naturellement grave; son ex-belle fille (quadra, proche des 50), qui sort d'un burn out, en pleine remise en question.Elles partent pour ce qu'on pourrait appeler un road trip de la Normandie où elles vivent, vers la Bretagne terre natale de Camille.
    J'ai regretté de ne visiter que 4 villes (Honfleur, Giverny, Locronan et Douarnenez) d'un survol proche du dépliant touristique.
    J'ai subi d'assez nombreux détails dans les scènes qui n'apportaient qu'une description très factuelle et tendait à rendre Camille, Isabelle et leur relation franchement ennuyeuse alors que les personnages méritent largement une approche fine:
    Camille qui revient sur son passé et les raisons qui lui ont fait quitter la Bretagne
    La situation d'Isabelle qui illustre plutôt bien une tendance quadra actuelle
    Cette relation Belle-mère / belle-fille dans le cadre du deuil du fils / ex-époux a de quoi intriguer.
    Enfin Sonia et son frère Eliaz sont à leur tour des personnages intéressants.

    Il m'en reste une agréable impression de bons sentiments, malheureusement largement masquée par quantité de détails ennuyeux.

    Note sur babelio au moment où je rédige cet avis: 4. Seulement 7 lecteurs, mais 7 lecteurs conquis.
    On pourrait penser qu'une sortie en juin pour aborder l'été aurait été plus judicieuse qu'au milieu de la rentrée littéraire (?)

    Merci aux Presses de la cité (avec son petit carton manuscrit) et l'opération masse critique.


    1 commentaire
  • La petite dernière

    Je m’appelle Fatima Daas. Je suis la mazoziya, la petite dernière. Celle à laquelle on ne s’est pas préparé. Française d’origine algérienne. Musulmane pratiquante. Clichoise qui passe plus de trois heures par jour dans les transports. Une touriste. Une banlieusarde qui observe les comportements parisiens. Je suis une menteuse, une pécheresse. Adolescente, je suis une élève instable. Adulte, je suis hyper-inadaptée. J’écris des histoires pour éviter de vivre la mienne. J’ai fait quatre ans de thérapie. C’est ma plus longue relation. L’amour, c’était tabou à la maison, les marques de tendresse, la sexualité aussi. Je me croyais polyamoureuse. Lorsque Nina a débarqué dans ma vie, je ne savais plus du tout ce dont j’avais besoin et ce qu’il me manquait. Je m’appelle Fatima Daas. Je ne sais pas si je porte bien mon prénom.

    --> Ce livre est comme une quête que l'auteure mène pour faire cohabiter ses croyances, ses choix de vie. Elle répète son nom, sa religion, comme si elle voulait devenir elle-même en les revendiquant... et ça ne va pas de soi d'assumer son homosexualité qu'elle découvre. Un livre touchant, intime. Un livre vif également: l'écriture de Fatima Daas ne nous laisse pas de repos. Elle martelle. A découvrir.


    votre commentaire
  • Bénie soit sixtine

    Sixtine, jeune femme très pieuse, rencontre Pierre- Louis, en qui elle voit un époux idéal, partageant les mêmes valeurs qu’elle. Très vite, ils se marient dans le rite catholique traditionnel et emménagent à Nantes. Mais leur nuit de noces s’est révélée un calvaire, et l’arrivée prochaine d’un héritier, qui devrait être une bénédiction, s’annonce pour elle comme un chemin de croix. Jusqu’à ce qu’un événement tragique la pousse à ouvrir les yeux et à entrevoir une autre vérité.

    Bénie soit Sixtine est avant tout l’histoire d’un éveil et d’une émancipation. Entre thriller psychologique et récit d’initiation, ce premier roman décrit l’emprise exercée par une famille d’extrémistes sur une jeune femme vulnérable et la toxicité d’un milieu pétri de convictions rétrogrades.
    Un magnifique plaidoyer pour la tolérance et la liberté, qui dénonce avec force le dévoiement de la religion par les fondamentalistes.

    --> Ce roman/récit nous plonge en apnée dans le milieu catholique intégriste pour mieux en sortir. Sans réellement renoncer à ses croyances, Sixtine va s'émanciper et quitter son milieu toxique, rétrograde et violent. Les deux premiers tiers du livre décrivent et dénoncent un milieu qui peut paraître caricatural mais inspirée de sa vie, c'est simplement une réalité dont l'auteure a bonne connaissance qui est dénoncée. le récit se termine un peu en "feel good" et bon sentiments.


    votre commentaire
  • Fixer le ciel au mur

    Tieri Briet

    Un jour d'été, un père accompagne sa fille adolescente à l'hôpital. Anorexique, Leán a choisi volontairement de passer quelques semaines à l'écart de tous, avant de retourner en classe. Dans la douleur de la séparation, il choisit de lui écrire, lui parle de son enfance, se souvient des chansons qu'ils ont partagées et lui raconte des histoires, comme pour la maintenir dans la communauté des hommes et lui insuffler l'envie de vivre.
    Parce qu'il sait que certains destins peuvent nous aider à inventer une autre vie, il évoque deux figures de femmes écrivaines et combattantes, l'Albanaise Musine Kokalari, emprisonnée durant quinze ans sous la dictature, qui eut une correspondance avec Hanna Arendt.
    Fixer le ciel au mur tisse ainsi, dans une grande liberté, plusieurs fils littéraires et sensibles, un hommage à la littérature comme résistance incrusté dans un récit intimiste, très beau portrait d'une jeune fille fervente, dont les faims véritables doivent être rassasiées.

    --> Une épreuve personnelle au travers l'anorexie de sa fille donne le sens de cette "longue lettre" écrite par l'auteur pour sa fille et aujourd'hui publiée à la demande de sa fille parce que "c'est un livre". Au commencement de la lettre, l'enfermement volontaire de sa fille en hôpital psychiatrique pour se soigner. Sa maladie apparaît au deuxième chapitre, on touche au désoeuvrement de l'auteur, sa quête de compréhension. L'évocation du livre de Valérie Valère, premier témoignage sur l'anorexie dans les années 70. Subrepticement mais rapidement sa lettre raconte la vie. En particulier les vies de Hannah Arendt et Musine Kokalari, écrivaine albanaise persécutée sous le régime communiste: des femmes qui se battent et qui peuvent gagner. De nombreuses références. L'occasion de découvrir le poète suédois Tomas Tranströmer Et puis on revient à l'anorexie au dernier chapitre. C'est un livre bien écrit, éloigné du simple témoignage. Peut être un peu trop écrit pour moi ou trop personnel pour le dernier quart. Particularité: les 13 chapitres sont introduits par une chanson. A lire accompagné de la playlist du livre!


    votre commentaire
  • Sémaphore en mer d'Iroise

    Claire Fourier

    Bande-annonce: Un récit inclassable, un parcours haut en couleurs, qui est l'occasion de promenades aussi réelles qu'imaginaires dans les souvenirs d'enfance, ainsi qu'une réflexion sur le temps et l'amour, une vision du monde et une philosophie de la vie.

    Une centaines de courts chapitres avec en prime les anecdotes extraordinaires que cette grande femme de lettres et de culture a collectionnées tout au long d'un curieux itinéraire.

    D'une plume dont les grandes voix ont salué la "perfection classique", mais avec toujours une fantaisie assumée, l'auteure déroule un inclassable livre d'heures qu'inspire sa terre mêlée d'embruns océaniques.

    Un hommage magnifique à son pays fait de ce texte brillant un livre universel.

    --> Ca foisonne , bouillonne tour à tour de poésie, de références, de jeux de mots, de haïkus... j'accélère ma lecture, je ralentis au gré de mon plaisir et de mon envie, de ma compréhension aussi. Il y a de l'humour et de la profondeur. C'est personnel sans être intimiste: introspectif sûrement. Un ouvrage dans lequel l'auteur témoigne de son attachement à cette terre du Finistère, très précisément la côte landunvezienne. Ca tombe bien je connais aussi. le sémaphore de Landunvez, tremazan, la légende de Tanguy décapitant Haude, l'inévitable chapelle St-Samson, Ploudal, le Guiligui tout cela parle à mon coeur adoptif. Merci M. et Y. rencontrés sur la route touristique qui m'ont mis cet ouvrage entre les mains ! J'ai eu le sentiment -rare- de percevoir le plaisir d'écrire de l'auteur. Passée l'heureuse surprise, je dois en revanche avouer que j'ai abandonné page 259. Je me suis sentie de plus en plus perdue dans les pensées et circonvolutions de l'auteure. Mais je garde son ouvrage pour y revenir plus tard. Après avoir relu Moby dick et avoir fait plus ample connaissance avec le capitaine Achab, personnage référent tout au long de cette oeuvre.

     

    Citations

    - Le vent d'ouest sur la mer d'Iroise secoue et chasse les tourments de l'âme. Il m'a insufflé le goût de la santé mentale, via l'amour d'une femme sans âge, revenue de tous les âges, continuant d'aller vers tous.

    - Je suis du Finistère. J'ai quitté le Finistère. Le Finistère ne m'a pas quittée. Ce n'est pas que le Finistère me tienne en laisse, au contraire: le Finistère est ma piste d'envol de tous les jours, de toutes les heures. Il est ma brûlure et il est mon onguent.

    Au vrai, que n'est pour moi le Finistère?

    Je parle du Finistère Nord. De la pointe du Finistère Nord. Je parle d'un petit bout d'espace - aussi grand que le ciel - qui va de l'aber Ildut à l'aber-Wrach. En passant par Brest.

    - En latin, Finis Terrae, fin de la terre. En breton, Penn ar Bed: Tête du monde. (Tête pensante? Tête un peu folle? Un peu folle parce que pensante? D'autant plus pensante qu'un peu folle?) Le Finistère est-il la fin ou le début du monde? J'aime croire qu'il est un pont jeté entre deux mondes.

    - Le coeur de mon Finistère est un rocher - un éperon pyramidal qui s'avance dans la mer d'Iroise, en bordure de la route qui longe la mer sur la Côte des Légendes, entre Porspoder et Trémazan, dans la commune de Landunvez.

    Et le coeur du coeur, un nid-de-pie; je veux dire: un léger creux dans le granit, au sommet du rocher.

     


    votre commentaire
  • L'amie prodigieuse

    Elena Ferrante - L'amie prodigieuse - Tome 3

    Après L’amie prodigieuse et Le nouveau nom, Celle qui fuit et celle qui reste est la suite de la formidable saga dans laquelle Elena Ferrante raconte cinquante ans d’histoire italienne et d’amitié entre ses deux héroïnes, Elena et Lila.
    Pour Elena, comme pour l’Italie, une période de grands bouleversements s’ouvre. Nous sommes à la fin des années soixante, les événements de 1968 s’annoncent, les mouvements féministes et protestataires s’organisent, et Elena, diplômée de l’École normale de Pise et entourée d’universitaires, est au premier rang. Même si les choix de Lila sont radicalement différents, les deux jeunes femmes sont toujours aussi proches, une relation faite d’amour et de haine, telles deux sœurs qui se ressembleraient trop. Et, une nouvelle fois, les circonstances vont les rapprocher, puis les éloigner, au cours de cette tumultueuse traversée des années soixante-dix.

    Celle qui fuit et celle qui reste n’a rien à envier à ses deux prédécesseurs. À la dimension historique et intime s’ajoute même un volet politique, puisque les dix années que couvre le roman sont cruciales pour l’Italie, un pays en transformation, en marche vers la modernité.

    --> Cette tétralogie me faisait de l'oeil, c'est finalement avec l'adaptation télé des deux premiers tomes que je me suis lancée dans cette saga italienne/napolitaine. Je découvre donc l'écriture avec ce troisième tome et j'ai été emportée par cette lecture. Elena Ferrante a des talents de narrateur indéniables. Ce qui lie et délie l'amitié d'Elena et Lila est tout à la fois intéressant dans sa perspective sociale et politique et plutôt captivant dans son récit. Allez, j'enchaîne sur le quatrième tome!


    votre commentaire
  • Le consentement

    Vanessa Springora

    Au milieu des années 80, élevée par une mère divorcée, V. comble par la lecture le vide laissé par un père aux abonnés absents. A treize ans, dans un dîner, elle rencontre G. , un écrivain dont elle ignore la réputation sulfureuse. Dès le premier regard, elle est happée par le charisme de cet homme de cinquante ans aux faux airs de bonze, par ses oeillades énamourées et l'attention qu'il lui porte.
    Plus tard, elle reçoit une lettre où il lui déclare son besoin " impérieux " de la revoir. Omniprésent, passionné, G. parvient à la rassurer : il l'aime et ne lui fera aucun mal. Alors qu'elle vient d'avoir quatorze ans, V. s'offre à lui corps et âme. Les menaces de la brigade des mineurs renforcent cette idylle dangereusement romanesque. Mais la désillusion est terrible quand V. comprend que G. collectionne depuis toujours les amours avec des adolescentes, et pratique le tourisme sexuel dans des pays où les mineurs sont vulnérables.
    Derrière les apparences flatteuses de l'homme de lettres, se cache un prédateur, couvert par une partie du milieu littéraire.
    V. tente de s'arracher à l'emprise qu'il exerce sur elle, tandis qu'il s'apprête à raconter leur histoire dans un roman. Après leur rupture, le calvaire continue, car l'écrivain ne cesse de réactiver la souffrance de V. à coup de publications et de harcèlement.
    " Depuis tant d'années, mes rêves sont peuplés de meurtres et de vengeance. Jusqu'au jour où la solution se présente enfin, là, sous mes yeux, comme une évidence : prendre le chasseur à son propre piège, l'enfermer dans un livre " , écrit-elle en préambule de ce récit libérateur.

    Plus de trente ans après les faits, Vanessa Springora livre ce texte fulgurant, d'une sidérante lucidité, écrit dans une langue remarquable. Elle y dépeint un processus de manipulation psychique implacable et l'ambiguïté effrayante dans laquelle est placée la victime consentante, amoureuse.
    Mais au-delà de son histoire individuelle, elle questionne aussi les dérives d'une époque, et la complaisance d'un milieu aveuglé par le talent et la célébrité.

    --> Un livre à la fois pesant et d'une certaine manière libérateur. Oser écrire l'indicible. Une "histoire" qui a ses témoins dont chacun peut en être par une recherche google. Ce livre peut être insupportable: pourquoi? Je laisse chacun trouver ses réponses dans son intimité comme dans sa conscience collective.
    Pour ma part, après avoir hésité, c'est sans regret aucun que j'ai découvert ce récit: il m'éclaire sur un sujet qui retombera d'actualité en septembre avec le procès Matzneff, il met sous les projecteurs les traits d'une époque qui me parle. Il me laisse également très admirative d'une femme qui nous donne à voir toute la difficulté de saisir la frontière entre consentement et abus, sans apitoiement. Cette frontière est une clé pour comprendre toutes les victimes de pédophilie, mais si difficile à exprimer.
    Dépassant l'intime, le grand public doit s'emparer de cette histoire: de Denise Bombardier décidée à s'en indigner sur le plateau d'apostrophes à Franck Riester qui prend la décision de soumettre le versement de l'aide pour rayonnement artistique et littéraire, cette histoire nous concerne tous.

    Citations:

    - Plus tard, avec un peu plus de maturité et de courage, j'opterai pour une stratégie différente: dire toute la vérité, avouer que je me sens comme une poupée sans désir, qui ignore comment fonctionne son propre corps, qui n'a appris qu'une seule chose, être un instrument pour des jeux qui lui sont étrangers.
    Chaque fois, la révélation se soldera par une rupture. Personne n'aime les jouets cassés.

    - Comment admettre qu'on a été abusé, quand on ne peut nier avoir été consentant ?

     


    votre commentaire
  • L'amie, la mort, le fils

    Anne Dufourmantelle a péri le 21 juillet 2017 pour sauver des enfants de la noyade en Méditerranée, dont le propre fils de l'auteur.Elle était psychanalyste, philosophe, romancière, auteure d’une œuvre reconnue de par le monde. Sa notoriété culturelle ne suffit pourtant pas à expliquer l’émotion considérable qui s’est répandue à l’annonce de sa mort, en France et au-delà, jusqu’auprès de gens qui ne l’avaient jamais lue ni entendue.Ce récit de chagrin livre le portrait d’une femme exceptionnelle, en même temps qu’il médite sur les rapports père-fils, l’origine du sacré et l’aura d’un être qui avait « la passion de l’amitié ».« Ses traits s’étiraient dès qu’elle voyait autrui heureux. Il n’y a pas beaucoup de gens qui nous donneraient envie d’être heureux rien que pour les rendre heureux. »

    --> Séduisant témoignage, intimiste, récit d'un drame qui touche et transforme à jamais ceux qui le vivent. J'ai abandonné ma lecture: d'autres livres m'attendaient.


    votre commentaire
  • Nous sommes tous des féministes

    Chimamanda Ngozi Adichie

    «Partout dans le monde, la question du genre est cruciale. Alors j'aimerais aujourd'hui que nous nous mettions à rêver à un monde différent et à le préparer. Un monde plus équitable. Un monde où les hommes et les femmes seront plus heureux et plus honnêtes envers eux-mêmes.

    Et voici le point de départ : nous devons élever nos filles autrement. Nous devons élever nos fils autrement.» Chimamanda Ngozi Adichie aborde le sujet controversé du féminisme avec lucidité, éloquence et humour.

    --> Après le séduisant Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie, je voulais en savoir plus sur l'auteure. Déception avec l'entrée dans le livre: une retranscription d'une conférence TED, avec son ton, et ses simplicités. Peut-être le contenu a-t-il vieilli, le message (tant mieux) connu... Beaucoup plus convaincante dans sa conférence. Témoignage plus qu'essai. En revanche j'ai apprécié la nouvelle "Les marieuses". Je retrouve l'auteure et sa narration, ou fiction et autobiographie se mêle très certainement... et le message passe mieux! 5 références bibliographique accompagnent ce petit livre: Madame de Lafayette, Denis Diderot, Olympe de Gouges, George Sand, Simone de Beauvoir. Hâte de retrouver l'auteure dans un nouveau roman.


    votre commentaire
  • Otages intimes

    Jeannne Benameur

    Photographe de guerre, Etienne a toujours su aller au plus près du danger pour porter témoignage. En reportage dans une ville à feu et à sang, il est pris en otage. Quand enfin il est libéré, l'ampleur de ce qu'il lui reste à ré-apprivoiser le jette dans un nouveau vertige, une autre forme de péril. De retour au village de l'enfance, auprès de sa mère, il tente de reconstituer le cocon originel, un centre duquel il pourrait reprendre langue avec le monde. Au contact d'une nature sauvage, familière mais sans complaisance, il peut enfin se laisser retraverser par les images du chaos. Dans ce progressif apaisement, se reforme le trio de toujours. Il y a Enzo, le fils de l'Italien, l'ami taiseux qui travaille le bois et joue du violoncelle. Et Jofranka, l'ex petite fille abandonnée, avocate à La Haye, qui aide les femmes victimes de guerres à trouver le courage de témoigner. Ces trois-là se retrouvent autour des gestes suspendus du passé, dans l'urgence de la question cruciale : quelle est la part d'otage en chacun de nous ? De la fureur au silence, Jeanne Benameur habite la solitude de l'otage après la libération. Otages intimes trace les chemins de la liberté vraie, celle qu'on ne trouve qu'en atteignant l'intime de soi.

    --> Après Insurrections singulières puis Ceux qui partent, me voilà entraînée dans l'oeuvre de J. Benameur. Etienne est un otage nouvellement libéré. Sa liberté retrouvé, comment retrouver le passé, panser les plaies, surmonter le traumatisme de l'enfermement ou de ce dernier évènement qui a précédé l'enlèvement? Il y a des gens qui l'attende: sa mère, Irène, ses amis d'enfance Enzo et Jofranka, sa dernière petite amie Emma. Une attente parfois discrète. Ce retour est pour chacun l'occasion de repenser le passé, de repartir avec une nouvelle donne: le retour d'Etienne. J'aime beaucoup comment Jeannne Benameur emmène son lecteur avec simplicité vers des histoires complexes et des personnages fouillés. On a le sentiment que leur vie est influencée par un fort déterminisme, les chemins choisis ont toujours une explication. Ce sont tous des personnages vivants. D'histoires qui pourraient être dramatiques, l'auteure crée des romans puissamment vivants!

    Citations:

    Les fils ne savent pas ce que vivent les mères. J'ai vécu en fonction de toi en croyant être libre. Je ne voyais pas que c'était toi qui avait pris toute la place. Et il n'y a pas à t'en vouloir. C'est comme ça que les mères font. Elles laissent le fils prendre peu à peu toute la place et elles deviennent d'étranges et absolues servantes.


    votre commentaire
  • Compromis

    Deux amis de trente ans dans un appartement vide. L’un est un comédien médiocre, l’autre un dramaturge raté. Le premier vend l’appartement et a demandé au second d’être présent lors de la signature du compromis, pour rassurer l’acheteur. Car s’il écrit de très mauvaises pièces, il a tout de même un visage rassurant. C’est sa grande qualité. La seule ? On attend l’acheteur. D’ailleurs, acheteur ou pigeon ? En l’attendant on parle. On se flatte. On se caresse. On se moque. On se taquine. Cela glisse peu à peu. On se blesse en se lançant à la face ce que l’on retient depuis longtemps. Et l’acheteur finit par arriver, qui va assister à un règlement de comptes, farcesque mais sans concession, entre les deux amis. Va-t-il en demeurer le spectateur, en devenir l’arbitre ou en être au final la seule victime ? La vie nous réserve tant d’occasions de nous compromettre pour garder le peu qu’elle nous donne, et parmi cela l’amitié, qui se nourrit bien souvent de compromis.

    --> Je ne suis pas rompue à lire des textes de théâtre, comme à aller au théâtre... J'ai un piètre regard, je suis une piètre lectrice dans ce genre. Je dirais même plus... les lectures scolaires m'ont clairement éloignée de ce genre. Compromis se laisse lire, j'ai passé un bon moment en compagnie de Denis, Martin et Monsieur Duval. Aucune difficulté à imaginer une mise en scène. J'ai souri. A l'heure où nous ne pouvons plus fréquenter les salles, je recommande.

    citations:

    Denis: Ce n'est parce qu'il n'est pas ce que tu pensais qu'il était, que pour autant il est ce que je te disais qu'il pourrait être. p.122

     

     


    votre commentaire
  • Sur les chemins noirs

    Sylvain Tesson

    Il m'aura fallu courir le monde et tomber d'un toit pour saisir que je disposais là, sous mes yeux, dans un pays si proche dont j'ignorais les replis, d'un réseau de chemins campagnards ouverts sur le mystère, baignés de pur silence, miraculeusement vides.
    La vie me laissait une chance, il était donc grand temps de traverser la France à pied sur mes chemins noirs.
    Là, personne ne vous indique ni comment vous tenir, ni quoi penser, ni même la direction à prendre.

    -->Déception, ce livre n'est pas ce à quoi je m'attendais. le parcours de Sylvais Tesson après son accident interpelle, pousse à l'admiration. Son histoire nous touche. Pas son livre. J'ai eu le sentiment que l'objet était froid, sinon inaccessible. J'avais pris son livre pour un témoignage simple je me suis trompée. Je n'ai pas compris . Je n'ai pas terminé, j'ai passé mon chemin. Je préfère écouter l'auteur.


    votre commentaire
  • Sans jamais atteindre le sommet

    J’ai fini par y aller vraiment, dans l’Himalaya. Non pour escalader les sommets, comme j’en rêvais enfant, mais pour explorer les vallées. Je voulais voir si, quelque part sur terre, il existait encore une montagne intègre, la voir de mes yeux avant qu’elle ne disparaisse.

    J’ai quitté les Alpes abandonnées et urbanisées et j’ai atterri dans le coin le plus reculé du Népal, un petit Tibet qui survit à l’ombre du grand, aujourd’hui perdu. J’ai parcouru 300 kilomètres à pied et franchi huit cols à plus de 5 000 mètres, sans atteindre aucun sommet.

    J’avais, pour me tenir compagnie, un livre culte, un chien rencontré sur la route, des amis : au retour, il me restait les amis.

    --> Nous retrouvons Paolo Cognetti (Les huit montagnes), cette fois dans l'Himalaya. Il s'agit cette fois principalement du récit de son expédition (presque un mois), sans trame narrative forte. Ils sont quarante-sept têtes pour cette expédition (hommes et animaux confondus) pour dix montagnards des Alpes, dont deux amis. Quelques jolis dessins ponctuent ce carnet de voyage. Il souffre toujours quelque peu du mal d'altitude, mais s'en accommode. Un récit tout en simplicité qui nous emmène en voyage, sur la trace de l'ouvrage de Peter Matthiessen, Le léopard des neiges (1991) qui doit être après ça un incontournable.

    Citations:

    - A Juhpal, cela faisait quelques jours qu'il s'activait pour constituer la caravane dont il ferait partie avec son frère, cinq jeunes hommes pour le campement et la cuisine, cinq autres pour l'entretien des bêtes et le transport, et vint-cinq mulets de bât chargés de tout ce qui, pendant cette marche de près d'un mois, nous serait nécessaire. Avec nous dix qui arrivions des Alpes, cela faisait quarante-sept, animaux et hommes confondus.

    - Dire que je m'intéressais aux bharals, aux léopards des neiges ou même aux lamaseries reculées n'était pas répondre à sa question, bien que tout cela fût vrai; Parler de pèlerinage semblait prétentieux et vague et cependant, en un sens, c'était également vrai. J'avouai donc que je n'en savais rien. Comment aurais-je pu lui expliquer que je voulais pénétrer le secret des montagnes, découvrir quelque chose d'inconnu ... ? Peter Matthiessen Léopard des neiges

     

     

     

     


    votre commentaire
  • Ceux qui partent

    Tout ce que l'exil fissure peut ouvrir de nouveaux chemins. En cette année 1910, sur Ellis Island, aux portes de New York, ils sont une poignée à l'éprouver, chacun au creux de sa langue encore, comme dans le premier vêtement du monde.
    Il y a Donato et sa fille Emilia, les lettrés italiens, Gabor, l'homme qui veut fuir son clan, Esther, l'arménienne épargnée qui rêve d'inventer les nouvelles tenues des libres Américaines.
    Retenus un jour et une nuit sur Ellis Island, les voilà confrontés à l'épreuve de l'attente. Ensemble. Leurs routes se mêlent, se dénouent ou se lient. Mais tout dans ce temps suspendu prend une intensité qui marquera leur vie entière.
    Face à eux, André Jonsson, New-Yorkais, père islandais, mère fière d'une ascendance qui remonte aux premiers pionniers. Dans l'objectif de son appareil, ce jeune photographe amateur tente de capter ce qui lui échappe depuis toujours, ce qui le relierait à ses ancêtres, émigrants eux aussi. Quelque chose que sa famille riche et oublieuse n'aborde jamais.

    L'exil comme l'accueil exigent de la vaillance. Ceux qui partent et ceux de New York n'en manquent pas. A chacun dans cette ronde nocturne, ce tourbillon d'énergie et de sensualité, de tenter de trouver la forme de son exil, d'inventer dans son corps les fondations de son nouveau pays. Et si la nuit était une langue, la seule langue universelle ?

     

    -->Ceux qui partent c'est le récit d'une nuit, amorcée par l'arrivée de jour sur Ellis Island d'un flot de migrants. Parmi eux, il y aura Emilia et Donato Scarpa, les Italiens fille et père; Grazia, l'être aimée et décédée, Gabor et Marucca, les bohémiens, amis d'enfance; Esther, la couturière arménienne; Andrew Jonnson, le photographe américain petit fils d'émigrés; Elizabeth (américaine du Mayflower), Sigmundur, ses parents; Ruth et Bjorn ses grands-parents venus d'Islande; Rosalind, cette enfant décédée sur le sol Islandais; Lucile, sa possible destinée; Hazel -Hariklia Antonakis- , fille de plaisir qui lit, émigrée elle aussi et ... ces deux soeurs aux longues tresses.

    Et puis il y a des des exils, l'attente d'un lendemain: Ils rêvent d'enseigner l'Italien, de faire découvrir Virgile à de nouveaux spectateurs, de poursuivre le voyage vers l'Argentine. Un passage obligé par Ellis Island, le réconfort des corps dans la nuit. Jeanne Benameur nous emmène au plus près de ses personnages, de l'un à l'autre. Son récit est envoûtant, sensuel aussi. C'est un voyage en lui-même. Fuir la guerre, fuir pour oublier, fuir la persécution, fuir pour retrouver quelqu'un. Vers une autre vie. Dans son récit, Jeanne Benameur donne également de la place aux questions de la langue maternelle, du sacrifice, de la transmission, des tabous familiaux, du langage des corps et tant d'autres sujets qu'elle aborde avec tout à la fois simplicité, grâce et profondeur...Qu'est-ce que l'amour, la passion? Qu'est-ce qu'être migrant, enfant de migrant? Un récit décidément riche et beau.

    Citations

    - Qu’ont-ils laissé là-bas ?

    Tout. Simplement tout. Maison meubles vaisselle et le reste, ce qui ne se compte pas.

    Peut-il comprendre cela ?

     

    - Doit-on tout avoir de celui qu’on aime ? Doit-on accéder à son être tout entier ? est-ce que l’amour ne peut pas accepter la part manquante ?

     

    - Ils prennent la pose, père et fille, sur le pont du grand paquebot qui vient d’accoster. Tout autour d’eux, une agitation fébrile. On rassemble sacs, ballots, valises. Toutes les vies empaquetées dans si peu.

    Eux deux restent immobiles, face au photographe. Comme si rien de tout cela ne les concernait.

    Lui est grand, on voit qu’il a dû être massif dans sa jeunesse. Il a encore une large carrure et l’attitude de ceux qui se savent assez forts pour protéger. Son bras est passé autour des épaules de la jeune fille comme pour la contenir, pouvoir la soustraire d’un geste à toute menace.

     

     

    -Les voyages, son père ne les a pas faits. Il envoie des journalistes les faire pour lui aux quatre coins du monde. Leur unique voyage familial, c’est pour la maison qu’ils rejoignent près de la mer aux vacances. C’est tout. Elle n’a jamais osé aborder cet épisode ni avec lui ni avec elle. Mais le mot “sacrifice” et le “ce n’est rien” sont devenus une boussole dans sa vie, sans qu’elle y prenne garde.

    Elle, elle ne demandera jamais à un homme de sacrifier ses rêves pour une vie de famille. Elle a trop vu ce que ça donnait. Une vie lisse et en apparence paisible. Dessous, les sables mouvants où l’on peut toujours être englouti si l’on n’y fait pas attention.

     

    - Andrew écoute. Il comprend que son père a continué à construire du solide aussi pour cette enfant qui ne connaitrait jamais la douceur d'une vie dont la faim et le froid sont exclus.

    On ne construit donc pas que pour les vivants. Inexplicablement, cela lui serre le coeur et le soulage à la fois.

     

     

     

     

     


    votre commentaire
  • La petite fille de Monsieur Lihn

    Quatrième de couverture:
    C'est un vieil homme debout à l'arrière d'un bateau. Il serre dans ses bras une valise légère et un nouveau-né, plus léger encore que la valise. Le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est seul désormais à savoir qu'il s'appelle ainsi. Debout à la poupe du bateau, il voit s'éloigner son pays,celui de ses ancêtres et de ses morts, tandis que dans ses bras l'enfant dort. Le pays s'éloigne, devient infiniment petit, et Monsieur Linh le regarde disparaître à l'horizon, pendant des heures, malgré le vent qui souffle et le chahute comme une marionnette.

    Autre résumé:
    Monsieur Linh est un vieil homme. Il a quitté son village dévasté par la guerre, n’emportant avec lui qu’une petite valise contenant quelques vêtements usagés, une photo jaunie, une poignée de terre de son pays. Dans ses bras, repose un nouveau-né. Les parents de l’enfant sont morts et Monsieur Linh a décidé de partir avec Sang diû, sa petite fille. Après un long voyage en bateau, ils débarquent dans une ville froide et grise, avec des centaines de réfugiés. Monsieur Linh a tout perdu. Il partage désormais un dortoir avec d’autres exilés qui se moquent de sa maladresse. Dans cette ville inconnue où les gens s’ignorent, il va pourtant se faire un ami, Monsieur Bark, un gros homme solitaire. Ils ne parlent pas la même langue, mais ils comprennent la musique des mots et la pudeur des gestes. Monsieur Linh est un cœur simple, brisé par les guerres et les deuils, qui ne vit plus que pour sa petite fille. Philippe Claudel accompagne ses personnages avec respect et délicatesse. Il célèbre les thèmes universels de l’amitié et de la compassion. Ce roman possède la grâce et la limpidité des grands classiques.

    --> Derrière un récit grave et sérieux se cache une farce à l'encontre du lecteur. "Farce et gravité" je dirais. C'est court et prenant. On ne peut pas en dire beaucoup plus que le résumé qui évoque l'exil d'un pays asiatique vers un pays occidental. Un récit à découvrir, vous vous souviendrez longtemps de La petite fille de Monsieur Lihn.

     


    votre commentaire
  • Les huit montagnes

    «Quel que soit notre destin, il habite les montagnes au-dessus de nos têtes.»

    Pietro est un garçon de la ville, Bruno un enfant des montagnes. Ils ont 11 ans et tout les sépare. Dès leur rencontre à Grana, au cœur du val d'Aoste, Bruno initie Pietro aux secrets de la montagne. Ensemble, ils parcourent alpages, forêts et glaciers, puisant dans cette nature sauvage les prémices de leur amitié.
    Vingt ans plus tard, c'est dans ces mêmes montagnes et auprès de ce même ami que Pietro tentera de se réconcilier avec son passé — et son avenir.
    Dans une langue pure et poétique, Paolo Cognetti mêle l'intime à l'universel et signe un grand roman d'apprentissage et de filiation.

    --> Marqué par ses vacances estivales en montagne à conquérir les sommets avec son père, Paolo Cognetti nous livre un récit dont la beauté réside dans la simplicité, la force tranquille. Il nous offre de l'évasion. Il réveille des souvenirs pour peu que vous ayiez fait quelques excursions en altitude. On admire, on envie, d'autant que cette vie semble décalée avec nos vies. C'est aussi un monde de "taiseux", des caractères solitaires qui nous sont révélés. L'histoire d'une magnifique et singulière amitié. Un très beau roman.

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique