• ou l'enterrement de Mémé

    Adieu Berthe (2012)

    Réalisateur: Bruno Podalydès

    Avec Valérie Lemercier, Denis Poldalydès, Isabelle Candelier... 

    Synopsis et détails

     

    Mémé is dead. Berthe n'est plus. Armand avait "un peu" oublié sa grand-mère… Pharmacien, il travaille avec sa femme Hélène à Chatou. Dans un tiroir de médicaments, Armand cache ses accessoires de magie car il prépare en secret un tour pour l'anniversaire de la fille… de son amante Alix. Et mémé dans tout ça ? On l'enterre ou on l'incinère ? Qui était Berthe ?

    --> ça démarre bien, et même très bien. De l'humour pour distiller quelques vérités. La réalisation nous laisse libre de choisir dans le film ce qui nous touche le plus: la mort, la rupture de la quarantaine, les ados à la maison, la place de l'épouse et de la maîtresse, la bellemère "supérieure", les pompes funèbres... Quel dommage que passé la belle surprise je me sois ennuyée dans la deuxième moitié du film.


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  • Anthony Browne

    --> 4 points de vue narratifs pour une même histoire, des illustrations très riches. C'est un album riche par son récit et ses références culturelles, pas toujours perçues au premier coup d'oeil : un album vers lequel on aime retourner.
    Petite aversion pour les singes au début, que j'ai bien fait de dépasser.

    Anthony Browne

    --> Et oui, on dit tellement que l'arrivée d'un enfant va tout changer. Mais comment ça va changer? On ne découvre qu'à la fin que c'est un bébé qui va arriver, et en attendant, on se demande vraiment ce qui va changer, comment ça va changer. Un de mes favoris chez Antony Browne.

    Anthony Browne

    --> Un conte qui raconte les différences et les conflits d'un frère et d'une soeur et leur réconciliation dans l'épreuve. Les illustrations évoquent l'imaginaire de l'enfance. A lire en famille!


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  • Les lettres de mon moulin

    d'après Alphonse Daudet

    de Thouret et Duthil

    Résumé de"Les lettres de mon moulin en BD"

     

    Adaptation joyeuse et pittoresque des célèbres nouvelles d'Alphonse Daudet en BD !
    Partez à la rencontre du berger de La Chèvre de Monsieur Seguin, du Curé de Cucugnan et de bien d'autres personnages pittoresques à l'accent chantant !
    Des petites histoires pour se ressourcer au chant des cigales et à l'ombre des oliviers.

    --> un dessin doux, un texte raffiné. Les auteurs ont voulu coller au texte original d'Alphonse Daudet. Mais cela rend les histoires incompréhensibles à qui ne connait pas déjà ces magnifiques lettres. A lire donc éventuellement en prolongement du chef d'oeuvre original, sinon à éviter.


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  • Veuf

    de Jean Louis Fournier

    Présentation de l'éditeur

     « Je suis veuf, Sylvie est morte le 12 novembre, c’est bien triste, cette année on n’ira pas faire les soldes ensemble. Elle est partie discrètement sur la pointe des pieds, en faisant un entrechat et le bruit que fait le bonheur en partant. Sylvie m’a quitté, mais pas pour un autre. Elle est tombée délicatement avec les feuilles. On discutait de la couleur du bec d’un oiseau qui traversait la rivière. On n’était pas d’accord, je lui ai dit tu ne peux pas le voir, tu n’as pas tes lunettes, elle ne voulait pas les mettre par coquetterie, elle m’a répondu je vois très bien de loin, et elle s’est tue, définitivement. 
    J’ai eu beaucoup de chance de la rencontrer, elle m’a porté à bout de bras, toujours avec le sourire. C’était la rencontre entre une optimiste et un pessimiste, une altruiste et un égoïste. On était complémentaires, j’avais les défauts, elle avait les qualités. Elle m’a supporté quarante ans avec le sourire, moi que je ne souhaite à personne. Elle n’aimait pas parler d’elle, encore moins qu’on en dise du bien. Je vais en profiter, maintenant qu’elle est partie. »

    Jean-Louis Fournier souhaitait mourir le premier, il a perdu. Sa femme partie, il n’a plus personne avec qui parler de lui. Alors pour se consoler, ou pour se venger, en nous parlant d’elle, il nous parle de lui.

    Biographie de l'auteur

    Jean-Louis Fournier est l’auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels Grammaire française et impertinente, Il a jamais tué personne, mon papa, Le CV de Dieu, Poète et paysan… Il a reçu le prix Femina pour Où on va, papa ? (2008).;.

    --> avec une écriture fort semblable à Où on va papa?; Jean-Louis Fournier, toujours à la première personne du singulier, nous parle du départ de sa compagne. Un bien bel hommage, mais j'ai trouvé l'ensemble assez inégal, avec des longueurs. Je n'irai pas lire un troisième livre sur cette lancée: le style s'essouffle.

    CITATIONS:

    - Le jour où l'eau courante ne court plus on regrette sa fraîcheur, quand la lampe s'éteint on regrette sa lumière, et le jour où sa femme meurt, on se rend compte à quel point on l'aimait. C'est triste de penser qu'il faut attendre le pire pour enfin comprendre. Pourquoi le bonheur, on le reconnaît seulement au bruit qu'il fait en partant?

    - Si je dis que je vais bien, ce n'est pas vrai; si je dis que je vais mal, ce n'est pas vrai non plus. Je vais.

    - Sur mon téléphone portable, j'ai retiré ton nom de mes contacts. J'ai appuyé sur "chercher", j'ai fait dérouler tous les noms jusqu'à "Sylvie", puis j'ai appuyé sur "option" et là j'ai choisi "supprimer". Mon écran a affiché une terrible question : "Supprimer Sylvie ?". J'ai hésité longtemps. Finalement, j'ai enfoncé avec émotion la touche "OK". J'avais l'impression d'être le président de la République qui appuyait sur le bouton rouge de la bombe atomique. Est apparu alors sur l'écran une petite poubelle avec un couvercle sautillant qui s'est posé dessus pour la fermer. Voilà, c'était fait, je t'avais mise à la poubelle.

    - Sylvie est partie discrètement sur la pointe des pieds , en faisant un entrechat et le bruit que fait le bonheur en partant. Elle ne voulait pas déranger, elle m'a dérangé au-delà de tout.

    - Elle a été ma cale, elle m’a empêché de tomber, je me suis tenu droit à ses côtés. Elle m’a décapé, elle m’a poli, elle m’a fait briller. En échange, je l’ai fait rire. Pleurer aussi.

    - Si tu lis tout ce que j'ai écrit, tu vas avoir envie de revenir. Je pense ne t'avoir jamais dit autant de choses agréables, sans doute à cause de mon imbécile pudeur. Autant je suis habile pour dire des choses désagréables, autant les choses agréables restent bloquées dans ma gorge. Maintenant que tu n'es plus là, j'ai moins honte. Et puis j'ai l'impression que c'est plus facile d'écrire que de dire.


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  • L'empreinte de l'ange

    de Nancy Huston

    "Ch. b. à tt f. pour petit ménage, logée, sach. cuisiner." Saffie a vingt ans. Elle est allemande. À peine arrivée à Paris, elle répond à l'annonce du jeune musicien, Raphaël. Celui-là même qui lui ouvre la porte et qui reste médusé devant ces yeux de silence et cette présence-absence de la jeune femme. Amoureux, oui, déjà. Il lui propose le mariage quelques semaines plus tard. Elle accepte comme elle le fait de tout le reste : passivement. Son mutisme sec, pierreux, ne s'ébranle pas même à la naissance de leur fils. Il faut attendre LA rencontre, avec András, le luthier. Lui sait dialoguer avec le silence. En elle alors tombe la peur, comme une pluie ; se lève l'amour, comme le soleil... et fond le secret.
    Nancy Huston aime ses personnages. C'est pour cela sans doute que dès les premières lignes, on s'y attache avec une telle force. Comme dans Trois fois septembre (1989) ou La Virevolte (1994), elle rend admirablement dans L'Empreinte de l'ange (Grand Prix des Lectrices de Elle en 1998), et sans jamais juger, les passions, parfois dévastatrices, des êtres authentiques. --Laure Anciel --Ce texte fait référence à lédition Poche .

    Quatrième de couverture

    Paris, 1957. Saffie, vingt ans, arrive d'Allemagne. Rien ne semble lui donner l'envie de profiter de la vie. Elle s'éveille pourtant lorsqu'elle rencontre András, un juif hongrois émigré lui aussi. Ensemble, ils font face aux souvenirs, aux traumatismes que la guerre leur a fait subir à l'un comme à l'autre. Ce roman questionne l'Histoire, celle du passé, celle à venir, qui en découle. Il montre comment elle imprègne nos vies, sans distinction, sans récompense, et nous pousse subrepticement à toujours rester sur nos gardes.

    --> Bouleversante histoire construite par la féministe Nancy Huston. et ancrée à Paris entre 1957 et 1962, il y est question de migrants, d'Algérie, du génocide juif et surtout d'amour et de passion. J'ai été happée par les histoires de Saffie, Andras, Raphaël et Emil. Héritiers de leur histoire, chaque personnage suit sa propre logique, et on peut y croire. Comment vaincre ses peurs, sont-elles vaincues définitivement? On ne peut ignorer son passé. Qu'offre la passion? Cela peut-il durer?

    CITATIONS:

    - Dans chaque histoire d'amour fou il y a un tournant ; cela peut venir plus ou moins vite mais en général cela vient assez vite ; la plupart des couples ratent le tournant, dérapent, font un tonneau et vont s'écrabouiller contre le mur, les quatre roues en l'air.
    La raison en est simple : contrairement à ce qu'on avait cru pendant les premières heures, les premiers jours, tout au plus les premiers mois de l'enchantement, l'autre ne vous a pas métamorphosé. Le mur contre lequel on s'écrase après le tournant, c'est le mur de soi. Soi-même : aussi méchant, mesquin et médiocre qu'auparavant. La guérison magique n'a pas eu lieu. Les plaies sont toujours là, les cauchemars recommencent. Et l'on en veut à l'autre de ce qu'on n'ait pas été refait à neuf ; de ce que l'amour n'ait pas résolu tous les problèmes de l'existence ; de ce que l'on ne se trouve pas en fin de compte au Paradis, mais bel et bien, comme d'habitude, sur Terre.

    - Faut-il le lui dire? Après tout, se dit Andras, je pourrais m'inventer une autre autobiographie. Les compatriotes de Saffie n'auraient pas gazé les miens. Je n'aurais jamais eu de tantes ni d'oncles ne de grands-parents, chacun avec sa forme du nez, sa courbe du cou, sa couleur des yeux, ses rides de rire, les balles dans la nuque, le visage broyé sous des bottes... Je ne serais même pas d'origine hongroise, je ne m'appellerais pas Andras... Pourquoi lui dire ces choses là plutôt que d'autres? Sous prétexte qu'elles sont vraies? En quoi, au fond, cette vérité la concerne-t-elle? De quelles vérités se doit-on d'être au courant, et lesquelles peut-on se permettre d'ignorer? Puis-je me foutre de ce qui s'est passé ce matin, mais à l'autre bout du monde - ou alors ici même, mais en l'an mille? Saffie connaît-elle seulement le nom de Hiroshima? De quoi, se demande Andras, toujours dans la même fraction de seconde, a-t-on le droit de se foutre?


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  • Le parfum d'Adam

    de Jean-Christophe Rufin

    Présentation de l'éditeur

    Pologne, printemps 2005. Juliette, jeune française, libère des animaux de laboratoire. Cette action militante va l'entraîner au coeur de l'écologie radicale... Des territoires indiens d'Amérique aux ghettos pour milliardaires du Lac Léman, ce roman explore le monde de l'écologie radicale consitutant selon le FBI la deuxième source de terrorisme mondial.

    Biographie de l'auteur

    Avant de connaître le succès littéraire avec ses romans (L'Abyssin, Rouge Brésil - prix
    Goncourt 2001 -, Globalia...), Jean-Christophe Rufin a été médecin, pionnier de l'action humanitaire " sans frontières ". Il a été sollicité à plusieurs reprises pour mener des opérations secrètes, notamment dans le cadre de libération d'otages (en Afrique et dans les Balkans). En créant une intrigue au croisement de la médecine et de l'espionnage, il explore deux mondes qu'il connaît de l'intérieur et qui ont de plus en plus de liens entre eux. Mais il utilise son expérience pour en faire une pure fiction, à la force narrative et descriptive peu commune.

    --> Aucune difficulté pour entrer dans ce livre, alors que j'étais plutôt impressionnée par l'idée de lire JC Rufin. On plonge dans l'intrigue...une enquête au coeur de l'écologie radicale. L'auteur, diplomate, en profite pour distiller quelques informations de bon sens. La surpopulation est parfois vue comme un danger pour l'homme, cela peut donner naissance à des thèses comme celle présentée dans le livre... à vous faire froid dans le dos. Un roman à lire, à partager. 


    Citations: 

    - Une image m'est venue: celle de deux fils ingrats qui dépouillent leur pauvre mère, la ruinent par leurs caprices. C'est un peu nous avec notre mère-nature,n'est-ce pas? Mais voilà, j'ai imaginé que l'un d'eux se servait de ce qu'il tirait de sa mère pour se rendre autonome, devenir indépendant et riche. L'autre restait brouillon, parasite et misérable. Eh bien, lequel fait le moins de mal à sa mère selon vous? Le riche. Au moins lui s'en va un jour et peut aider sa mère en retour. Le pauvre sera toujours à charge.
    Kerry ne savait pas de quoi elle était excédée: de piétiner les crottes des oies qui jonchaient le sol ou d'entendre ces paraboles écologiques.
    (p:471)

    - Elle [Kerry] réfléchit longuement à ce que devait être l'obéissance. Finalement elle parvint à la conclusion qu'Harrow avait raison. La foi n'a rien avoir avec la raison. Quand apparaît un saint-Augustin, c'est que déjà le feu sacré des premiers chrétiens s'est refroidi. Les grands choses ne se font que dans la soumission aveugle, une fois passée la première illumination de la conversion.


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  • d'Emily Brontë

    Là où la terre est sauvage et le vent glacial, là où les pentes sont hostiles, les esprits peuvent devenir rudes, tenaces. Ils peuvent aussi être incroyablement imaginatifs et poétiques.

    Enfant du Yorkshire, Emily Brontë se fait à la fois peintre réaliste, romancière gothique et poète du surnaturel dans cet ouvrage qui retrace, sur deux générations, les conséquences désastreuses d'un amour contrarié, celui d'Heathcliff et de Catherine. Elle y décrit à merveille la lande monochrome que seule la bruyère égaie ici et là, les marais dont l'humidité ronge les os et alourdit le coeur, les vents monotones et agressifs dont le sifflement effraie l'imagination. Elle dépeint avec véracité les tourments violents de la passion, de la vengeance et de la peur. Mais surtout, Emily Brontë démontre ses talents de composition, orchestrant sans dissonances les retours dans le temps, les intrusions de l'étrange et les changements de point de vue. Elle dévoile enfin la disposition romantique d'une jeune femme qui semble croire que le repos de l'âme ne se gagne qu'au terme d'une douloureuse errance. --Sana Tang-Léopold Wauters

     

    Présentation de l'éditeur

    Les Hauts de Hurle-Vent sont des terres balayées par les vents du nord. Une famille y vivait, heureuse, quand un jeune bohémien attira le malheur. Mr. Earnshaw avait adopté et aimé Heathcliff. Mais ses enfants l'ont méprisé. Cachant son amour pour Catherine, la fille de son bienfaiteur, Heathcliff prépare une vengeance diabolique. Il s'approprie la fortune de la famille et réduit les héritiers en esclavage. La malédiction pèsera sur toute la descendance jusqu'au jour où la fille de Catherine aimera à son tour un être misérable et fruste. Ce roman anglais, le plus célèbre du XIXe siècle à nos jours, a été écrit par une jeune fille qui vivait avec ses soeurs au milieu des landes de bruyère. Elle ne connut jamais cette passion violente ni cette haine destructrice. Elle imagina tout, même le fantôme de la femme aimée revenant tourmenter l'orgueilleux qui l'a tuée.

    Lecture à compléter par la bande dessinée:


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  • de Xabi Molia

    Présentation de l'éditeur

     

    Paris, dans un futur très proche. Antoine Kaplan est un médecin chargé de traquer les premiers signes de la maladie qui transforme certains de ses concitoyens en êtres bestiaux et assoiffés de violence. L’épidémie gagne du terrain. Assiégés par les "infectés" et retranchés derrière des fortifications de fortune, les survivants sont exposés aux rigueurs de l’après-catastrophe : pénuries, promiscuité, soupçons…La femme de Kaplan, Hélène, scénariste d’une bande dessinée à succès, disparaît brusquement. La police découvre bientôt le cadavre de l'épouse, qui s'est visiblement donné la mort. Mais il apparaît aussi qu'elle avait un amant. Le doute s'installe autour des mobiles du suicide. Antoine Kaplan veut savoir qui était vraiment sa femme. Il reprend l’enquête à son compte. Et, sur les traces de la disparue, dérive de plus en plus vers les zones clandestines de la citadelle. Les souterrains de la ville sont les lieux de tous les trafics. Kaplan va s’y perdre, jusqu’à passer derrière les lignes ennemies. Car il veut connaître de la bouche de François Murillo, un activiste de l’ultragauche qui a été l'amant de sa femme, la vérité sur la disparition d’Hélène. Lors d'une rencontre finale glaçante, il découvre surtout que l'humanité n'est pas forcément une valeur partagée...

    Biographie de l'auteur

    Xabi Molia est né à Bayonne en 1977. Il est cinéaste et romancier. Son premier long métrage, Huit fois debout, est sorti en salle en 2009. Avant de disparaître est sont cinquième livre.

    --> Texte de science fiction dans le domaine de la littérature. L'histoire se déroule après 2013, à Paris. On survit à une infection. Après le suicide de son épouse, le narrateur veut comprendre ce qu'était sa vie. Ce livre nous porte vers des questions existentielles, des cheminements que l'on prend dans des situations extrêmes. C'est un livre de la rentrée littéraire 2011. C'est une lecture à enrichir par l'écoute de cette émission:
    http://www.franceculture.fr/emission-du-jour-au-lendemain-xabi-molia-2011-11-02
    Malheureusement, je n'ai pas terminé ma lecture: le sentiment de ne pas comprendre son écriture, je l'ai trouvée trop obscure ou trop paradoxalement trop répétitive. Elle est peut-être simplement trop littéraire pour moi... Pourtant la quête de Kaplan avait réussi à me captiver.


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  • Où on va papa?

    de Jean-Louis Fournier (prix Fémina 2008)

    Présentation de l'éditeur

     "Cher Mathieu, cher Thomas,

    Quand vous étiez petits, j ai eu quelquefois la tentation, à Noël, de vous offrir un livre, un Tintin par exemple. On aurait pu en parler ensemble après. Je connais bien Tintin, je les ai lus tous plusieurs fois.
    Je ne l ai jamais fait. Ce n était pas la peine, vous ne saviez pas lire. Vous ne saurez jamais lire. Jusqu à la fin, vos cadeaux de Noël seront des cubes ou des petites voitures... "

    Jusqu à ce jour, je n ai jamais parlé de mes deux garçons. Pourquoi ? J avais honte ? Peur qu on me plaigne ?
    Tout cela un peu mélangé. Je crois, surtout, que c était pour échapper à la question terrible : « Qu est-ce qu ils font ? »
    Aujourd hui que le temps presse, que la fin du monde est proche et que je suis de plus en plus biodégradable, j ai décidé de leur écrire un livre.
    Pour qu on ne les oublie pas, qu il ne reste pas d eux seulement une photo sur une carte d invalidité. Peut-être pour dire mes remords. Je n ai pas été un très bon père. Souvent, je ne les supportais pas. Avec eux, il fallait une patience d ange, et je ne suis pas un ange.
    Quand on parle des enfants handicapés, on prend un air de circonstance, comme quand on parle d une catastrophe. Pour une fois, je voudrais essayer de parler d eux avec le sourire. Ils m ont fait rire avec leurs bêtises, et pas toujours involontairement.
    Grâce à eux, j ai eu des avantages sur les parents d enfants normaux. Je n ai pas eu de soucis avec leurs études ni leur orientation professionnelle. Nous n avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de savoir ce qu ils feraient plus tard, on a su rapidement ce que ce serait : rien.
    Et surtout, pendant de nombreuses années, j ai bénéficié d une vignette automobile gratuite. Grâce à eux, j ai pu rouler dans des grosses voitures américaines.

    Jean-Louis Fournier

    Pour la première fois dans son oeuvre, Jean-Louis Fournier parle de ses garçons, pour ses garçons. Parce que le temps presse et qu il faut dire autrement. Dire autrement la question du handicap, sans l air contrit ou la condescendance.
    Comme il l a fait en 1999 en évoquant son père, Jean-Louis Fournier conserve, pour ce nouveau roman, l équilibre maîtrisé entre le drôle et la désespérance.
     

    Biographie de l'auteur

    Jean-Louis Fournier est l auteur de nombreux succès depuis 1992 (Grammaire française et impertinente), Il a jamais tué personne mon papa (1999), Les mots des riches, les mots des pauvres (2004), Mon dernier cheveu noir (2006). Autant de livres où il a pu s entraîner à exercer son humour noir et tendre. Où on va, papa est peut-être son livre le plus désespérément drôle.

    --> C'est un très court roman, constitué de pensées successives d'un père concernant la place de ses deux enfants handicapés dans sa vie. Des pensées parfois troublantes parce qu'elle vont remuer nos pensées les plus profondes. La lecture est à compléter par la réaction de l'ex-épouse de Jean Louis Fournier, maman de ses enfants. http://mamanmathieuetthomas.monsite-orange.fr/index.html : afin de ne pas avoir une vue étriquée du roman en rappelant sa dimension romanesque et fictive.

    CITATIONS:

    - L' humour, c'est comme les essuie glaces,
    ça n'arrête pas la pluie, mais ça permet d'avancer.

    - Elle est terrible la mort de celui qui n'a jamais été heureux, celui qui est venu faire un petit tour sur Terre seulement pour souffrir.

    - " Mes petits oiseaux, je suis bien triste de penser que vous ne connaîtrez pas ce qui, pour moi, a fait les plus grands moments de ma vie.

    Ces moments extraordinaires où le monde se réduit à une seule personne, qu'on existe que pour elle et par elle, qu'on tremble quand on entend ses pas, qu'on entend sa voix et qu'on défaille quand on la voit. Qu'on a peur de la casser à force de la serrer, qu'on s'embrase quand on l'embrasse et que le monde autour de nous devient flou.

    Vous ne connaîtrez jamais ce délicieux frisson qui vous parcourt des pieds à la tête, fait en vous un grand chambardement, pire qu'un déménagement, une électrocution, ou une exécution. Vous chamboule, vous tourneboule et vous entraîne dans un tourbillon qui fait perdre la boule et donne la chair de poule. Vous remue tout l'intérieur, vous donne chaud à la gueule, vous fait rougir, vous fait rugir, vous hérisse le poil, vous fait bégayer, vous fait dire n'importe quoi, vous fait rire et aussi pleurer.

    Parce que, hélas, mes petits oiseaux, vous ne saurez jamais conjuguer à la première personne du singulier et à l'indicatif du présent le verbe du premier groupe: aimer. "

    - Quand on a des enfants handicapés, il faut supporter, en plus, d'entendre dire pas mal de bêtises. Il y a ceux qui pensent qu'on ne l'a pas volé. [...] Il y a ceux qui disent que si on a des enfants handicapés, ce n'est pas du hasard. [...] Il y a ceux qui disent : "Je l'aurais étouffé à la naissance, comme un chat". [...] Il y a aussi ceux qui disent : "L'enfant handicapé est un cadeau du Ciel." Et ils ne le disent pas pour rire. Ce sont rarement des gens qui ont des enfants handicapés. (NB: et là, je pense à ma cousine Marie... rare)

    - Que ceux qui n'ont jamais eu peur d'avoir un enfant anormal lèvent la main.
    Personne n'a levé la main.
    Tout le monde y pense, comme on pense à un tremblement de terre, comme on pense à la fin du monde, quelque chose qui n'arrive qu'une fois.
    J'ai eu deux fins de monde.

    - "Cher Mathieu, cher Thomas,
    Quand vous étiez petits, j'ai eu quelquefois la tentation, à Noël, de vous offrir un livre, un Tintin par exemple. On aurait pu en parler ensemble après. Je connais bien Tintin, je les ai lus tous plusieurs fois.
    Je ne l'ai jamais fait. Ce n'était pas la peine, vous ne saviez pas lire. Vous ne saurez jamais lire. Jusqu'à la fin, vos cadeaux de Noël seront des cubes ou des petites voitures... "

    - Mathieu et Thomas n'auront jamais de Carte bleue ni de carte de parking dans leur portefeuille. Ils n'auront jamais de portefeuille, leur seule carte, ce sera une carte d'invalidité.

    - Un enfant handicapé a le droit de vote.
    Thomas est majeur, il va pouvoir voter. Je suis sûr qu'il a beaucoup réfléchi, pesé le pour et le contre, analysé méticuleusement les programmes des deux candidats, leur fiabilité économique, il a fait l'inventaire des états-majors de chaque parti.
    Il hésite encore, il n'arrive pas à choisir.
    Snoopy ou Minou ?

     


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  • De rouille et d'os (2012)

    de Jacques Audiard

    Avec Marion Cotillard, Matthias Schoenaerts

    Synopsis : Ali a 25 ans et vit dans le Nord de la France. Il n’a pas d’argent et n’en a jamais eu. A bout de course et à cours d’idées, il appelle sa sœur qui habite à Antibes. C’est là où il va se réfugier, ensemble avec son fils. Il enchaîne les petits boulots : veilleur de nuit, videur, etc. C’est dans une boîte de nuit qu’il rencontre la belle Stéphanie, qui a une profession incroyable: dresseuse d’orques au Parc Aquatique d’Antibes. Quand un spectacle tourne au drame pour Stéphanie, un coup de téléphone nocturne les rapproche davantage. Entre eux va naître une relation particulière, charnelle et codifiée. Et lorsqu’Ali se voit offrir de participer à des combats clandestins pour gagner de l’argent, Stéphanie décide de le soutenir.

    --> Un film dramatique et sentimental. Des interprétations poignantes. L'excès des situations ne tourne pas à la caricature excessive, j'ai été emportée par le film sans m'ennuyer un instant.


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  • Le prénom (2012)

    réalisé par Alexandre de La Patellière, Matthieu Delaporte

    avec Patrick Bruel, Valérie Benguigui, Charles Berling

    Synopsis et détails

     

    Vincent, la quarantaine triomphante, va être père pour la première fois. Invité à dîner chez Élisabeth et Pierre, sa sœur et son beau-frère, il y retrouve Claude, un ami d’enfance.
    En attendant l’arrivée d’Anna, sa jeune épouse éternellement en retard, on le presse de questions sur sa future paternité dans la bonne humeur générale... Mais quand on demande à Vincent s’il a déjà choisi un prénom pour l’enfant à naître, sa réponse plonge la famille dans le chaos.

    --> C'est un film au climat tendu d'un huis clos. Dans le même esprit, et dernièrement, j'ai préféré Carnages où les tensions étaient plus "pernicieuses" peut-être. Dans le prénom, les acteurs ont tendance à crier trop souvent, il n'y a pas de retour au calme, c'est dommage. Cependant le sujet de tension tourne, il n'y a pas d'accalmie et on ne s'ennuie pas. On rit beaucoup aussi.


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  • Le sel de la vie

    de Françoise Héritier

    Présentation de l'éditeur

     " II y a une forme de légèreté et de grâce dans le simple fait d'exister, au-delà des occupations, au-delà des sentiments forts, au-delà des engagements, et c'est de cela que j'ai voulu rendre compte. De ce petit plus qui nous est donné à tous : le sel de la vie". Dans cette méditation tout en intimité et en sensualité, l'anthropologue Françoise Héritier traque ces choses agréables auxquelles notre être profond aspire, ces images et ces émotions, ces moments empreints de souvenirs qui font le goût de notre existence, qui la rendent plus riche, plus intéressante que ce que nous croyons souvent et dont rien, jamais, ne pourra être enlevé à chacun.

    Biographie de l'auteur

    Auteur notamment des Deux Soeurs et leur mère et de Masculin/Féminin, Françoise Héritier est professeur honoraire au Collège de France, où elle a dirigé le Laboratoire d'anthropologie sociale. Elle a été directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales et présidente du Conseil national du sida.

    --> après avoir lu Le sel de la vie, on n'a qu'une envie: continuer la liste: sentir la chaleur du soleil à travers le pare-brise, frémir pendant toute la durée de l'éclipse, attendre patiemment le retour du libraire qui s'est absenté, s'évader en conduisant, recevoir une lettre, observer les oiseaux, manger des langoustines à la mayonnaise, croquer dans un abricot mûr, manger un kig ar farz avec de la sauce tomate, être client chez Histoire de chocolat à Brest, lécher ses doigts quand on prépare un gâteau au chocolat, faire une surprise, recevoir une surprise, regarder tomber la neige, entendre "je t'aime", cueillir des fraises, manger des framboises, choisir les petites routes plutôt que les autoroutes, rouler en 2CV, vivre quelques heures sans électricité, admirer un arc-en-ciel, écouter une chorale d'enfants, gravir des sommets, contempler la nature, réussir ses boutures, se présenter à un entretien, faire l'éloge de la lenteur, sentir l'odeur des vestiaires après un match, se présenter à un entretien, tondre la pelouse un jour de beau temps, passer une nuit dans la cité corsaire, sentir le foin, écouter France culture, choisir des épices, rendre service, manger des réglisses, écouter des paroliers francophones, retrouver son fils à la sortie de l'école, offrir un livre, annoncer à son garçon qu'il peut regarder le match de foot, recevoir les remerciements d'un élève, avoir des nouvelles d'un ancien élève, échanger sa maison...


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  • Le photographe  Le photographe  Le photographe

    Tome 1:

    Présentation de l'éditeur

     

    "D'un même élan, d'une même foulée, on attaque notre premier col. C'est la montagne-frontière, le Dewana Baba, le col du vieux fou. 5 000 mètres. On m'a prévenu que ce ne serait pas une partie de plaisir. Effectivement, c'est très pénible. Toute la nuit, on grimpe au pas de charge un tas de cailloux sans fin qu'on ne voit pas. Tandis que ma raison me répète en boucle que je ne vais pas y arriver
    mes pieds continuent d'avancer. Il fait de plus en plus froid. Vers cinq heures, l'aube point. Saoul de fatigue, au passage du col, je dois avouer qu'au fond de moi, je me demande ce que je fous là. Et comme d'habitude, je me réponds en prenant des photos.
     

     

    Biographie de l'auteur

    Fin juillet 1986. Didier Lefèvre quitte Paris pour sa première grande mission photographique : accompagner une équipe de Médecins Sans Frontières au cœur de l'Afghanistan, en pleine guerre entre Soviétiques et Moudjahidin. Cette mission va marquer sa vie comme cette guerre marquera l'histoire contemporaine. Au croisement des destins individuels et de la géopolitique, à l'intersection du dessin et de la photographie, ce livre raconte la longue marche des hommes et des femmes qui tentent de réparer ce que d'autres détruisent

    Tome 2:

    Présentation de l'éditeur

    " Je ne sais pas combien de temps durera cette guerre, mais je sis que plus elle dure, plus elle déracine, ratiboise et mutile d'enfants et plus ce sera difficile d'en sortir. "Fin juillet 1986. Didier Lefèvre quitte Paris pour sa première grande mission photographique accompagner une équipe de Médecins Sans Frontières au cœur de l'Afghanistan, en pleine guerre entre Soviétiques et Moudjahidin. Cette mission va marquer sa vie
    comme cette guerre marquera l'histoire contemporaine. Au croisement des destins individuels et de la géopolitique,
    à l'intersection du dessin et de la photographie, ce livre
    raconte la longue marche des hommes et des femmes
    qui tentent de réparer ce que d'autres détruisent.

    Tome 3:

    Présentation de l’éditeur

    L'Afghanistan chevillé au coeur
    Fin 1986. Après trois mois passés avec les MSF en Afghanistan, Didier Lefèvre, le Photographe, décide de rentrer seul en France. Juliette, la chef de mission, s'y oppose ; sans la protection de l'équipe, sans parler la langue, c'est trop dangereux. Didier insiste. Juliette, finalement, lui cède la responsabilité qu'elle exerce sur lui : "Tu es majeur et vacciné. Si tu veux partir, pars". Et c'est le retour. Un retour riche en péripéties et en rencontres, léger et heureux dans les premiers jours, âpre et pénible à l'extrême les jours suivants. Ses photos et sont récit en témoignent. La mission et le chemin du retour marqueront sa vie à jamais. De la même façon que longtemps encore après avoir refermé ce livre poignant, merveilleusement écrit, photographié et dessiné, les lecteurs auront l'Afghanistan chevillé au coeur, et qu'ils n'oublieront jamais ces hommes et ces femmes qui "tentent de réparer ce que d'autres détruisent".

    --> Le troisième tome est indispensable à cette trilogie, il donne de l'ampleur aux récits des 2 premiers. Il laisse aussi de la place pour les sentiments de l'auteur.

    Le photographe est une bande dessinée qui mêle le dessin et la photographie, racontant le véritable voyage d'un photographe en Afghanistan pour suivre une équipe de médecin sans frontières. Un livre qui réveille notre curiosité sur le conflit afghan. Un regard tout à fait original, un récit que l'auteur a bien peu partagé avant la sortie de cette bande dessinée, presque 20 ans après son retour!


    CITATIONS:

    - Le chadri, d'abord, c'est un phénomène essentiellement urbain. Dans un petit village, tout le monde est de la même famille. Pas besoin de se voiler. En plus, ça coûte cher, un chadri. Une paysanne en voudrait un qu'elle ne pourrait pas se le payer. Ensuite, il faut savoir que le chadri, c'est assez récent. À peu près un siècle. Auparavant, beaucoup de femmes des villes, de toute leur vie, ne mettaient pas le nez dehors de leur maison. [...] Le chadri a été un gain d'autonomie et de liberté. Elles ont enfin pu sortir de chez elles. De toute manière, on en fait un symbole exagéré et idiot de ce chadri. Les vraies priorités, pour les femmes, c'est l'accès aux soins, à l'éducation, au travail et à la justice, pas les fringues. [...] En ce moment, c'est un vrai outil de résistance. Beaucoup de femmes transportent des armes sous le chadri.

    - [...] - L'ennemi c'est l'hélicoptère.
    Les avions sont redoutables mais ils passent et, le temps qu'ils reviennent, tu peux éventuellement te cacher.
    Alors que l'hélicoptère, il survole, il s'arrête, il reste en vol stationnaire, il te cherche, il te traque, c'est horrible.
    Si tu es dans un endroit où il est difficile de se cacher, tu te jettes sous ton patou. Le patou c'est la couverture des afghans.
    - Oui je sais, j'en ai une, marron.
    - Couleur de la terre.
    Tu ne bouges plus et surtout, tu fais en sorte que rien ne dépasse.
    Tu serres les poings avec le pouce à l'intérieur, comme ça. Tu sais pourquoi ?
    - Non.
    - Parce que l'hélicoptère repère tout ce qui brille. Même un ongle.

     

    --> 1979, l'armée soviétique envahit l'Afghanistan. Commence alors une période de guerre qui va durer plus de vingt ans.. En 1986, les résistants afghans, lesMudjahedines, tiennent toujours tête à l'occupant.. Depuis 1982, Médecins Sans Frontières organise clandestinement des missions d'aide humanitaire dans l'extrême nord du pays coupé du monde. Une caravane accompagnée de 10 infimières et médecins doit rejoindre les vallée de Teshkan et Yaftal pour y délivrer des soins et former le personel local. Mais auparavant, il faut traverser mille kilomètres de haute montagne à travers un pays en guerre... c'est la mission racontée par le film glissé en fin de tome 3.

    C'est la mission racontée dans ces 3 tomes. Une bande dessinée qui nous donne à voir un regard sur la guerre, celui des occidentaux en mission pour soigner. Des bandes dessinées à faire circuler.


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  • Manteau de neige

    de Craig Thompson

    Présentation de l'éditeur

     Je voulais le ciel. Et j'ai grandi en m'efforçant d'obtenir de ce monde... un monde éternel.

    Biographie de l'auteur

    Craig Thompson est né en 1975 dans le Michigan. Son premier album, Adieu, Chunky Rice (traduit en français chez Delcourt) lui a valu le Harvey Award for New Talents. Blankets, souvent comparé pour sa qualité à Maus d'Art Spiegelmann ou à Jimmy Corrigan de Chris Ware, a connu un grand succès public et critique Outre-Atlantique.

    --> Après la belle surprise d'Habibi, j'ai eu envie de connaître plus l'oeuvre de cet auteur. On retrouve de beaux dessins, ici pour raconter l'enfance et l'adolescence de l'auteur. Son premier amour. C'est une bande dessinée pleine de sensibilité, avec un peu de sensualité. Tout au long du livre, l'auteur montre comment l'éducation religieuse peut accompagner (briser?) la vie d'un homme. Comment la question d'être ou ne pas être chrétien cherche une réponse. Une bande dessinée qui peut être troublante, qui donne encore envie de lire Craig Thompson.


    CITATIONS:

    -La première fois que je suis allé dans une bibliothèque publique, j'ai eu l'impression d'être un gamin qui rentre dans une confiserie où tous les bonbons seraient gratuits.

    - Je crois toujours en Dieu, à la parole de Jésus aussi, mais le reste du christianisme... cet Bible, ces églises, ce dogme... seulement dressés pour séparer les peuples et les cultures. C'est comme nier la beauté d'être un Humain et ignorer tous ces espaces qui ont besoin d'être remplis par l'individuel

    - Enfant, j'étais convaincu que le vrai monde était horrible et qu'il devait y avoir quelque chose de mieux

     
     

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  • Plusieurs tomes, celui que j'ai lu, c'est "Les souvenirs de Mamette"

    Mamette

    Présentation de l'éditeur

    Pas facile, la vie aux champs, dans les années 30. Surtout quand on est une fillette de 8 ans qui a grandi en ville, que vos parents en crise ont confiée aux grands-parents dans la ferme familiale, et qu'on tombe sur des secrets de famille un peu lourds. Heureusement, la petite Marinette est plus solide qu’elle n'y paraît. C'est le moment de découvrir l'école communale et de faire de nouvelles rencontres !Entre Sans famille et La Petite Fadette, retrouvez une nouvelle tranche de vie de Marinette, une petite fille pleine de bonne humeur baladée par le destin, qui deviendra un jour une grand-mère plus connue sous le nom de Mamette.Le tome 1 des Souvenirs de Mamette était en compétition pour le Prix Jeunesse au Festival International de la BD d'Angoulême en 2010.

    --> Un beau graphisme, une colorisation légèrement pastel. Des sentiments rudes mes finalement tendres.


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  •     

    de Davide Cali / Ninice

    Présentation de l'éditeur

    La très pimpante Madame Lamort élève seule sa fille Joëlle. Elle travaille pour la société TRÉPAS, société dont les opératrices zélées délivrent les très redoutées cartes noires aux «candidats» à l’au-delà... Mais tout se complique lorsque Madame Lamort décide, afin de gagner le titre envié d’employée du mois, de s’occuper du père du meilleur, et seul, ami de sa fille. Une histoire hilarante, tout en rebondissements humoristiques, menée tambour battant par un Davide Cali en grande forme et porté par le dessin léger et drôle de Ninie. La coloration, changeante et terriblement gothique, ravira petits et grands !

    --> Des albums très colorés, sur fond de mort où elle est un commerce, une marchandise distribuée en fonction de quota. Pour les jeunes ados.


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  • Les éditions "Gulf stream"

    Les éditions "Gulf stream"

    J'ai découvert ces éditions en premier lieu en m'intéressant à l'histoire de Brest, séjournant régulièrement dans le Finistère. Un livre intelligent, agréablement illustré, qui s'adresse ouvertement aux jeunes, mais qui en fait trouvera autant de lecteurs comblés chez les adultes.

    Puis à l'occasion d'une journée à Saint-Malo, je découvre un autre titre de la même collection. Même qualité, même plaisir.

    Voici l'adresse de leur site où ils se présentent ainsi:
    http://gulfstreamediteur.blogspot.fr/
    "Créé en 1982 sous le nom "Les Éditions Gulf Stream", Gulf Stream Éditeur, installé à Saint-Herblain (44), est un éditeur de livres et d'images. Gulf Stream Éditeur publie des livres pour enfants et adolescents en espérant être comme le courant qui porte son nom, plein d'énergie, de chaleur et de vie. Gulf Stream publie des planches pédagogiques dressant l'inventaire de notre patrimoine vivant, historique et maritime."

     


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  • Habibi

    de Craig Thomson

    Présentation de l'éditeur

     

    Ancré dans un paysage épique de déserts, harems et bâtiments industriels, Habibi raconte l'histoire de Dodola et Zam, deux enfants liés par le hasard, puis par un amour grandissant. Réfugiés dans l'improbable épave d'un bateau échoué en plein désert, ils essaient de survivre dans un monde violent et corrompu. Seule la sagesse des récits narrés par la jeune femme, issus des Livres sacrés et des traditions orientales, pourra les protéger de l'avidité des hommes. A la fois contemporain et intemporel, Habibi est une histoire d'amour aux résonances multiples, une parabole sensible et lucide sur le monde moderne et la relation à l'autre. Avec Habibi, Craig Thompson signe un travail graphique d'une impressionnante sophistication, marqué du sceau du merveilleux.
     

     

    Biographie de l'auteur

    Craig Thompson est né en 1975 dans le Michigan et a grandi dans la campagne du Wisconsin. Ses trois précédents livres (parus aux éditions Casterman) - Adieu, Chunky Rice (1999), Blankets - manteau de neige (2003) et Un américain en balade (2005) - ont remporté de nombreux prix et ont été publiés dans près de 20 langues. Il vit depuis quinze ans à Portland, dans l'Oregon.

    --> Quelle belle surprise, un livre que j'ai découvert grâce aux lecteurs de babelio, par recoupement. Mon avis ne pourrait qu'être terriblement réducteur. C'est un livre magnifique qui ouvre plusieurs voies de réflexion sur l'identité, les religions, la sexualité... 670 pages de dessins magnifiques. de nombreuses métaphores. Un mélange des sociétés traditionnelles et modernes. La quatrième de couverture: "un récit onirique, érudit et sensuel à l'atmosphère oriental digne des Mille et une nuits". Cependant une retenue et pas des moindres... la place livrée au viol, à l'abus es assez équivoque. Je pense que c'est volontaire. ça pousse à une lecture au deuxième degré.  Et une relecture, que j'ai trouvé moins enthousiasmante que la première, une fois découverts les superbes graphismes.


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  • Une sacré mamie

    de Yoshichi Shimada

    Présentation de l'éditeur

    1958, Hiroshima A cette époque au Japon, il est difficile pour une jeune femme d'élever seule ses deux fils. Acculée, Hikedo décide un jour de confier son plus jeune garçon, Akihiro, à sa mère qui vit à la campagne. Arrivé chez sa grand-mère, une vie complètement nouvelle va commencer pour Akihiro. Pas facile de quitter la ville pour la campagne quand on n'y est pas préparé ! Mais le petit garçon va vite s'habituer à sa nouvelle vie au grand air. Suivant l'exemple de sa super mamie débrouillarde, il apprend à s'adapter à toutes les situations.

    --> Un enfant se voit contraint de partir vivre à la campagne chez sa grand-mère, sans préavis. La famille vit dans la puvreté, et mamie voit toujours le verre à moitié plein. Emprunte d'optimisme, elle transmet à son petit fils des valeurs essentielles, et elle a souvent besoin d'humour pour faire passer la pilule.
    Le thème est plaisant, et cette mamie sacément attachante.
    En revanche, je n'ai pas accroché avec le format manga.

    L'auteur est une star du comique japonais, et ce manga puise ses sources dans son histoire.


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  • Rose

    de Tatiana de Rosnay

    Présentation de l'éditeur

     

    Paris, sous le Second Empire. Des centaines de maisons sont rasées et des quartiers réduits en cendres. Alors que le vieux Paris s'effondre sous les ambitions du baron Haussmann, de nombreux Parisiens protestent sans parvenir à infléchir les ordres d'expropriation. Dans sa maison de la rue
    Childebert, à l'ombre de l'église Saint-Germain-des-Prés, Rose Bazelet mène une vie paisible, rythmée par la lecture du Petit Journal, les visites à Alexandrine, sa locataire et amie fleuriste du rez-de-chaussée, les soins de Germaine et Mariette ses domestiques dévouées. Jusqu'au jour où elle reçoit une lettre de la préfecture, la sentence tombe : le tracé du boulevard St Germain passe par chez elle, rue Childebert. Liée par une promesse faite à son défunt mari, Armand, Rose ne peut envisager de quitter la demeure familiale. Déterminée à résister jusqu'à son dernier souffle, elle confie à Armand, son amour disparu, son combat quotidien. De lettres en lettres, elle replonge dans
    son passé et dévoile peu à peu un secret qu'elle a gardé pendant plus de trente ans. Dans ce roman épistolaire, Tatiana de Rosnay nous entraîne au coeur d'un monde où les petits métiers, herboriste, relieur, chiffonnier fleurissaient, et dont il ne reste que les vestiges. Tandis qu'une page de l'Histoire se tourne, Rose devient le témoin d'une époque et raconte le traumatisme suscité par ces grands travaux d'embellissement. Entre introspection et rédemption, ces lettres rendent hommage au combat d'une femme seule contre tous. Dans cette ode à la capitale, les maisons regorgent de secrets et les murs sont imprégnés de souvenirs.
    Voir : http://www.tatianaderosnay-rose.com/
     

     

    Biographie de l'auteur

    Née en 1961, Tatiana de Rosnay est franco-anglaise.
    Elle est l’auteur de dix romans, dont Elle s’appelait Sarah (Prix Chronos, Prix des lecteurs de Corse et Prix des lecteurs-choix des libraires du Livre de Poche)
    Elle est l’auteur français le plus lu en Europe et aux États-Unis en 2010. Elle s’appelait Sarah et Boomerang se sont vendus à 5 millions d’exemplaires dans le monde…

    --> Ce roman rassemble les dernières confidences de Rose, quasi sexagénaire qui refuse de quitter sa maison lors des grands travaux d'Haussman. Ce sont ses pensées destinées à son défunt mari et la relecture de sa correspondance qui nous entrainent dans sa vie abîmée par la perte d'un enfant, d'un viol, par les décès de son époux et de sa belle-mère. C'est aussi le portrait d'une femme qui n'a pas sû aimer sa fille. Un roman qui donne envie d'en savoir plus sur les transformations de Paris sous le second empire. Un roman qui se lit vite et facilement.


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  • Charade (1963)

    de Stanley Donen

    avec Cary Grant, Audrey Hepburn

    Synopsis et détails

     De retour des sports d'hiver, Reggie Lambert, en instance de divorce, retrouve son appartement parisien sens dessus-dessous et apprend la mort de son mari. L'inspecteur Grandpierre lui explique que son époux avait detourné pendant la guerre un magot destiné à la Résistance française. Ses anciens complices ont dû vraisemblablement l'abattre, voyant qu'il voulait profiter seul du trésor.

    Suspectée par ces derniers, Reggie ne sait plus où donner de la tête. Même Peter Joshua, un séduisant célibataire rencontré aux sports d'hiver, près duquel elle cherchait un appui, semble impliqué dans cette affaire...

    --> Petit coup de coeur pour l'intrigue à rebondissements, le lieu (Paris) -et Megève au début du film, l'époque (années 60). Ce film a beaucoup pour plaire, au delà de l'intrigue policière, il est bourré d'humour.

     


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  • « Un livre est une fenêtre par laquelle on s’évade. » de Julien Green

    « L'art de lire consiste à savoir sauter les pages. » de Philip Hamerton

    « La vertu paradoxale de la lecture est de nous abstraire du monde pour lui trouver un sens. » de Daniel Pennac

    « Dans l'excès du bonheur lire est bien difficile, cependant on s'ennuie à la longue si l'on ne lit pas. » de Stendhal

     


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  • Joyeux ornithorynque

    de Cécile Chartre

    Présentation de l'éditeur

    " Le 4 juin, chez nous, la seule chose à faire, c'est de se faire petit, très petit, et d'attendre que le 5 arrive. Parce que le 4 juin, c'est l'anniversaire de maman. Et quand c'est l'anniversaire de maman, c'estsauve-qui-peut pour le reste de la famille... " Au secours, maman va avoir 40 ans ! et si c'était finalement le plus drôle et le plus émouvant des anniversaires ?

    --> un court roman jeunesse sur une quarantenaire qui n'a jamais aimé sa journée d'anniversaire. Le 4 juin est le pire jour de l'année. Cette année, son époux emmène la famille passer la journée en Espagne, et ils vont faire la rencontre d'une famille qui fête aussi un anniversaire, bien différent.
    Racontée par la fille, le rythme est rapide, il y a de l'humour. A lire? Pourquoi pas.


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  • Comment (bien) rater ses vacances

    de Anne Percin

    Présentation de l'éditeur

    Cet été, Maxime a 17 ans. Il ne veut plus partir en vacances avec ses parents. Il préfère rester chez sa Mamie pour glander devant l'ordinateur. Tant pis pour lui. Il va vivre des journées délirantes !

    --> J'ai apprécié et souri, derrière la légèreté du roman, on découvre un grand adolescent qui malgré doit assumer les évènements qui vont venir perturber ses vacances. Il n'en reste pas moins ado actuel. Livre recommandé par deux amies, et ayant particulièrement apprécié le livre d'Anne Percin Le premier été, j'en attendais beaucoup - trop - pour en faire un incontournable! Ce livre reste un agréable moment de lecture auquel je reproche cependant des phrases trop courtes, certes nécessaires pour placer le profil de Maxime, mais... fatigantes!


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  • Goshu le violoncelliste (1981)

    Synopsis et détails

     Goshu est un violoncelliste maladroit et timide qui souhaite égaler un jour son modèle : Ludwig van Beethoven. Souvent blâmé par le chef d'orchestre, il décide de s'entraîner sérieusement en vue d'un grand concert.

    Mais en dépit de sa persévérance, il ne fait pas de progrès fulgurants. Heureusement, il va se faire aider par un groupe de petits animaux composé d'un chat, d'un coucou, d'un blaireau et d'une souris des champs. Ces derniers vont discrètement lui inculquer des vertus telles que la patience, la rigueur et l'envie de communiquer avec autrui.

    --> Je suis partagée: les idées portées dans ce film sont séduisantes, j'ai eu cependant une nette tendance à m'endormir... C'est une intiation à la musique sur les symphonie de Beethoven.

    Pour le regarder sur la toile:

    Une exploitation pédagogique sur le site de l'IA Rhône


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  • Nous autres

    de Eugène Zamiatine

    Présentation de l'éditeur

    "... On nous attacha sur des tables pour nous faire subir la Grande Opération. Le lendemain, je me rendis chez le Bienfaiteur et lui racontai tout ce que je savais sur les ennemis du bonheur. Je ne comprends pas pourquoi cela m'avait paru si difficile auparavant. Ce ne peut être qu'à cause de ma maladie, à cause de mon âme. "
    Ainsi parle D-503, un homme des siècles futurs. Il vit dans une société qui impose fermement l'Harmonie sous la direction du guide. Or D-503 qui participe activement à l'expansion de cette organisation à l'échelle interplanétaire en arrive à l'autocritique, à la dénonciation, au rééquilibrage psychique.
    C'est en 1920 qu le Soviétique Eugène Zamiatine a conçu cette politique-fiction. Il y aborde, pour la première fois, les mécanismes de l'Utopie au niveau existentiel. Jusque-là, tous les organisateurs de sociétés futurs, sous la bannière de Platon et de saint Thomas More, se contentaient d'une description monomaniaque de leurs structures. Zamiatine introduit l'homme vivant dans ces souricières. La porte poussée, Aldous Huxley et George Orwell vont s'engouffrer dans le corridor.
    Quel extraordinaire prophète que ce Zamiatine, écrivain, mathématicien et ingénieur. Il y a soixante ans, la dissidence n'était pas encore une maladie mentale traitée à l'halopéridol. Le règne du père génial de tous les peuples, Staline, et de ses épigones n'avaient pas commencé. Et les pieux des camps de rééducation n'étaient pas encore systématiquement plantés. Pourtant, le ver était dans le fruit, et même à cette époque pas encore totalement occultée, l'ouvrage ne fut pas publié.
    L'oracle Zamiatine scrutant les brumes de l'Histoire de demain pousse un hurlement solitaire. Lui-même, en nos temps de surdité, condamné au silence et à l'exil, étouffé par l'angoisse, mourra à Paris, en 1937, à l'âge de 53 ans.

    --> Un monde régit par les mathématiques appliquées à toutes les théories humanistes, un constructeur de vaisseaux, dans un monde "parfaitement aseptisé", totalement contrôlé, jusqu'aux sentiments, évidemment.
    D-503 rencontre I-330 et nous sommes témoins de cette rencontre par les notes (journal) rédigés par D-503 chaque jour, pendant ses Heures Personnelles. Le tout sous la surveillance du "Bienfaiteur". L'amour n'a pas de mots, sauf la maladie. D-503 va être soigné : il n'y a pas de place pour l'imagination non plus dans la vie de D.
    Dans nous autres, les hommes vivent dans des immeubles transparents. Ils n'en tirent les rideaux que pour utiliser les coupons roses quui leur permettent une rencontre avec une personne de l'autre sexe. Le jour du vote de l'unanimité, on se rend aux urnes pour le même vote. D. en tombant malade fréquentera "la maison antique": sorte de musée des temps anciens.
    J'ai regretté la froideur du personnage, qui "malade" reste dénué d'envie de changer le monde.
    Les métaphores sont nombreuses et parfois répétitives; ce fut pour moi une lecture fastidieuse, heureusement intéressante car ce roman précède d'autres nombreux romans de science- fiction / dystopie où bonheur et liberté sont antinomiques.

    Citations:

    - "Je l'aime, cette vieille, dit I en montant un escalier large et sombre.
    Pourquoi?
    Je ne sais pas. Peut-être à cause de sa bouche, peut-être pour rien, comme ça, tout simplement."
    Je levai les épaules. Elle continua en souriant à peine, peut-être sans sourire du tout:
    "Je me sens bien coupable. Il est clair qu'on ne doit pas aimer "tout simplement, comme ça", mais "à cause de quelque chose". Tous les élements doivent être...
    "C'est clair", commençai-je, mais je m'aperçus tout de suite que j'avais laissé échapper ce mot et je jetai un regard sur ma compagne pour savoir si elle l'avait remarqué ou non.
    Elle regardait le plancher, ses paupières étaient baissées comme des rideaux.
    (page 37, note 6)

    - La construction de l'Intégral sera achevée dans 120 jours. Une grande date historique est proche : celle où le premier Intégral prendra son vol dans les espaces infinis. Il y a mille ans que nos héroïques ancêtres ont réduit toute la sphère terrestre au pouvoir de l'Etat Unique, un exploit plus glorieux encore nous attend : l'intégration des immensités de l'univers par l'Intégral, formidable appareil électrique en verre et crachant le feu. Il nous appartient de soumettre au joug bienfaisant de la raison tous les êtres inconnus, habitants d'autres planètes, qui se trouvent peut-être encore à l'état sauvage de la liberté. S'ils ne comprennent pas que nous leur apportons le bonheur mathématique et exact, notre devoir est de les forcer à être heureux. Mais avant toutes autres armes, nous emploierons celle du Verbe.
    Au nom du Bienfaiteur, ce qui suit est annoncé aux numéros de l'Etat Unique :
    Tous ceux qui s'en sentent capables sont tenus de composer des traités, des poèmes, des proclamations, des manifestes, des odes, etc... pour célébrer les beautés et la grandeur de l'Etat Unique.
    Ce sera la première charge que transportera l'Intégral.
    Vive l'Etat Unique. Vive les numéros. Vive le Bienfaiteur !
    (Note 1, page 15)

    Une âme? Quel mot étrange et depuis longtemps oublié!
    "C'est...très grave? balbutiai-je.
    - Incurable, tranchèrent les ciseaux.
    - Mais, en somme, en quoi cela consiste-t-il? Je ne me rends pas bien compte...
    - Commet vous expliquer... vous êtes mathématicien?.
    - Supposez une siurface plane, ce miroir par exemple. Nous clignons des yeux pour éviter le soleil qui s'y réfléchit. Vous y apercevez également la lumière d'un tube électrique; tenez, l'ombre d'un avion vient d'y passer. Tout cela ne reste qu'une seconde dans le miroir. Maintenant, supposez que par le feu on amolisse cette surface impénétrable et que les choses ne glissent plus, mais s'incrustent profondément dans ce miroiur, derrière lequel, étant enfants, nous cherchions si souvent avec curiosité ce qu'il pouvait y avoir. Cette surface aurait engendré un volume, un corps, un monde. Nous avons en nous un miroir sur lequel glissent le soleil, le tourbillon de l'avion, vos lèvres tremblantes et les lèvres d'un autre aussi.... Ce miroir froid réfléchit, renvoie, tandis que le vôtre, maintenant, garde trace de tout et à jamais. Vous avez vu un beau jour une légère ride sur la figure de quelqu'un - vous l'avez toujours en vous; vous avez entendu quelque part une goutte d'eau tomberdans le silence, vous l'entendez encore maintenant...
    - Oui, c'est justement ça", dis-je en le saisissant par la main. J'entendais dans le silence des gouttes d'eau tomber lentement du robinet du lavabo, et savais que ce serait pour toujours. "Mais pourquoi ai-je eu tout à coup une âme...Je n'en avais pas et puis, brusquement...Pourquoi personne n'en a--t-il, et moi..."
    - oui
    (Note 16, page 81)



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  • Le tableau

    Synopsis et détails

    Un château, des jardins fleuris, une forêt menaçante, voilà ce qu’un Peintre, pour des raisons mystérieuses, a laissé inachevé. Dans ce tableau vivent trois sortes de personnages : les Toupins qui sont entièrement peints, les Pafinis auxquels il manque quelques couleurs et les Reufs qui ne sont que des esquisses. S'estimant supérieurs, les Toupins prennent le pouvoir, chassent les Pafinis du château et asservissent les Reufs. Persuadés que seul le Peintre peut ramener l’harmonie en finissant le tableau, Ramo, Lola et Plume décident de partir à sa recherche. Au fil de l’aventure, les questions vont se succéder : qu'est devenu le Peintre ? Pourquoi les a t-il abandonnés ? Pourquoi a-t-il commencé à détruire certaines de ses toiles ! Connaîtront-ils un jour le secret du Peintre ?

    --> C'est un beau film, astucieux pour aborder la peinture. Les personnages des peintures en prenant vie nous emmènent en voyage. Le peintre garde des mystères. Les genres picturaux portrait, nature morte, nu, scène de genre sont évoqués. Quelques références sont évidentes, mais j'en ai sûrement loupées.


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  • Les encombrants

    de Marie-Sabine Roger

    Présentation de l'éditeur

     Ils vivent seuls ou en maison de retraite ; ils parlent à leur animal de compagnie ou au téléphone, la plupart n’ont plus grand monde à qui parler. Ils ont en commun leur grand âge, une santé chancelante, et ce terrible et culpabilisant sentiment d’inutilité, comme d’encombrants meubles au rebut. Un recueil de nouvelles cinglantes et tendres, par l’auteur de La Tête en friche (Le Rouergue, 2008). Il y a cette mamie qui se réjouit de la venue de ses enfants et petits-enfants… qui ne resteront finalement pas pour le repas qu’elle aura mis la journée à préparer. Cette brave dame qui travaille en maison de retraite et donne de temps en temps des claques aux plus récalcitrants, aux plus capricieuses, pas de risques qu’ils se plaignent, ils ont trop besoin d’elle. Ce vieux monsieur qui se perd parfois en se promenant, et qu’on retrouve toujours plongé dans la contemplation d’un rosier. Cette centenaire dont l’anniversaire est célébré en grande pompe entre un député pressé et une équipe télé avide…

    Ils vivent seuls ou en maison de retraite ; ils parlent à leur animal de compagnie ou au téléphone, la plupart n’ont plus grand monde à qui parler. Ils ont en commun leur grand âge, une santé chancelante, et ce terrible et culpabilisant sentiment d’inutilité, comme d’encombrants meubles au rebut. Marie-Sabine Roger les évoque avec tendresse, avec bienveillance, sans pourtant épargner les plus acrimonieux mais surtout ceux qui sont autour : les égoïstes, les lâches, les profiteurs et les indifférents. Pleines d’humanité et de fraîcheur, ces nouvelles rendent dignité et reconnaissance aux vieilles personnes, rappelant qu’elles sont avant tout des personnes, simplement.
     

     Biographie de l'auteur

    Née en 1957 près de Bordeaux, Marie-Sabine Roger se consacre à l'écriture. Elle est notamment l'auteur du roman "La Tête en friche" (Le Rouergue, 2008), traduit dans une demi-douzaine de langues et adapté au cinéma par Jean Becker (2010, avec Gérard Depardieu et Gisèle Casadesus), et de "Vivement l'avenir" (Le Rouergue, 2010).

    --> 7 nouvelles très différentes les unes des autres. Tendres, caustiques, acerbes, délicates... chacune de ces nouvelles a sa personnalité, mais toutes parlent de la vieillesse, cette encombrante destinée qui nous concerne tous. Un petit livre rapidement avalé... qui demande un peu de temps à être digéré.

    - Eliette et Léonard --> Léonard assiste à l'agitation positive d'Eliette qui apprend que petits-enfant et arrières petits-enfants vont passer. Agitation qu'il accompagne de commentaires cyniques et de paroles répétitives, et pour cause... Léonard n'est pas celui qu'on croit.

    - Une garde de nuit --> tout ce qu'on n'aimerait jamais entendre sur le travail d'une aide soignante en maison de retraite...

    - Son père --> Une écriture moins directe, avec des sous-entendus, plus emprunte de vécu, peut-être.

    "Son père est en maison de retraite. Il va fêter ses quatre-vingt-neuf ans.
    Elle craint de le revoir. Elle le retrouve un peu plus faible, à chaque fois. Il diminue, il se dissout, par degrés infimes, subtils. Il jaunit, il se parchemine. Les voici presque aux derniers jours. Le temps pour s'aimer se fait court."

    - On n'a pas tous les jours cent ans --> Une centenaire, dans une maison de retraite, ça se fête et ça se montre. Le Maire et les télévisions sont là.

    - Rose thé --> Une femme dans la maison de sa mère décédée, un vieil homme qui se perd dans son jardin, auquel elle offre une rose. Et le fils de l'homme qui vient le chercher. Deux enfants face à la vieillesse de leur parent.

    - Vic --> Un vieil homme auquel on a collé un chien de compagnie, mais l'homme n'aime pas le chien. Le chien s'échappe et meurt.

    "Quoi, son âge? qu'on ne vienne pas l'emmerder avec ça. Soixante-dix-neuf ans aux jonquilles, et alors? Bon pied, bon oeil et bon coup de gachette.
    Et puis un chien, ça ne remplace pas une épouse, ça non! Ca soupire pareil, peut-être, mais ça ne fait pas les repas, ça ne tient pas la maison, ni le linge, ni rien. Ca lui coûte en croquettes, en véto. Même si ça ne parle pas - et c'est tant mieux! - pour faire des reproches, un chien, on a beau dire, c'est surtout du désagrément."

    - Comment fait-elle?


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  • La ballade de Lilia

    de Blandine Le Callet

    Présentation de l'éditeur

    La ballade de Lila K, c’est d’abord une voix : celle d’une jeune femme sensible et caustique, fragile et volontaire, qui raconte son histoire depuis le jour où des hommes en noir l’ont brutalement arrachée à sa mère, et conduite dans un Centre, mi-pensionnat mi-prison, où on l’a prise en charge. 

    Surdouée, asociale, polytraumatisée, Lila a tout oublié de sa vie antérieure. Elle n’a qu’une obsession : retrouver sa mère, et sa mémoire perdue. 
    Commence alors pour elle un chaotique apprentissage, au sein d’un univers étrangement décalé, où la sécurité semble désormais totalement assurée, mais où les livres n’ont plus droit de cité. 
    Au cours d’une enquête qui la mènera en marge de la légalité, Lila découvrira peu à peu son passé, et apprendra enfin ce qu’est devenue sa mère. Sa trajectoire croisera celle de nombreux personnages, parmi lesquels un maître érudit et provocateur, un éducateur aussi conventionnel que dévoué, une violoncelliste neurasthénique en mal d’enfant, une concierge vipérine, un jeune homme défiguré, un mystérieux bibliophile, un chat multicolore... Roman d’initiation où le suspense se mêle à une troublante histoire d’amour, La ballade de Lila Kest aussi un livre qui s’interroge sur les évolutions et possibles dérives de notre société.

    Biographie de l'auteur

    Blandine Le Callet est née en 1969. Elle est maître de conférences à l’université Paris-XII et poursuit des recherches en philosophie ancienne et littérature latine sur les monstres dans la Rome antique (elle a publié un essai, Rome et ses monstres, paru en 2005 aux éditions J. Millon). Elle habite en région parisienne. 
    Son premier roman, Une pièce montée, a remporté un grand succès auprès de la critique et du public en 2006. Il a reçu le Prix des lecteurs du Livre de poche en 2007.

    --> écorchée vive sont les mots qui me sont venus à l'esprit au début de ce roman. Ma surprise a été de découvrir un récit de science fiction, situé dans un siècle. Dans une interview l'auteure explique que ce décalage dans le temps lui a permis de ne pas tomber dans un roman d'analyse sociologique. Le récit est très rythmé, et une fois commencé, on ne lache plus le roman. Après une séparation dramatique d'avec sa mère, Lila K. intègre un centre de rééducation et va devoir se reconstruire. Sa quête et seule raison de vivre la mène sur les traces de sa mère, mais pour cela elle doit déjouer les protections que les éducateurs qui lui veulent du bien ont mis en place. Elle grandit, intégrant un difficile équilibre entre  normes sociales et  développement personnel.

    Citations:

    - Mais ce que j'aimais le plus, c'était sa bienveillance. Tout le monde me considérait comme une détraquée, un mécanisme déréglé à réparer d'urgence. M. Kauffmann était le seul à ne pas me juger, à ne rien exiger. Il y avait chez lui une sorte de douceur, je ne sais comment dire...de tendresse, oui, c'est cela, de tendresse. Il me traitait comme une personne sans problème, avec tous les égards, et c'était merveilleusement réconfortant. Mais ça ne comblait pas le vide à l'intérieur de moi.

    - Pour la première fois, je les sentais démunis, mal à l'aise, et peut-être conscients d'avoir commis une erreur. Je le voyais dans leurs yeux toujours un peu fuyants. Je le devinais dans leurs gestes précautionneux, comme si j'étais faite d'une matière fragile qu'ils tremblaient d'ébrécher en la manipulant. Voulez-vous que je vous dise? La culpabilité, il n'y a que ça de vrai. Arrangez-vous pour que les autres se sentent toujours un peu coupables à votre égard, et vous en obtiendrez ce que vous voulez.

    - Laisse-moi t'expliquer: tu vois, avec un grammabook, on n'a qu'un écran vierge sur lequel vient s'inscrire le texte de ton choix. Un livre, lui, est composé de pages imprimés. Une fois que le texte est là, on ne peut plus rien changer. Les mots sont incrustés à la surface. Tiens, touche.
    J'ai posé la main sur la feuille. J'ai palpé, puis j'ai gratté les lettres, légèrement, de l'index. M.Kauffmann disait vrai: elles étaient comme prise dans la matière.
    - ça ne peut pas s'effacer?
    - Non, c'est inamovible. Indélébile. Là réside tout l'intérêt: avec le livre, tu possèdes le texte. Tu le possèdes vraiment. Il reste avec toi, sans que personne ne puisse le modifier à ton insu. Par les temps qui courent, ce n'est pas un mince avantage, crois-moi, a-t-il ajouté à voix basse. Ex-libris veritas, fillette. La vérité sort des livres. Souviens-toi de ça: ex-libris veritas.

    - C’est cela, sans doute, faire son deuil : accepter que le monde continue, inchangé, alors même qu’un être essentiel à sa marche en a été chassé. Accepter que les lignes restent droites et les couleurs intenses. Accepter l’évidence de sa propre survie.

    - Mon arbre généalogique ne ressemble pas à grand-chose, il faut bien le reconnaître. Deux rameaux coupés courts. Le destin a eu la main lourde, côté sécateur.

    -  Au fil des mois, j'ai appris à me tenir, à me coiffer, à châtier mon langage et, surtout, à imiter les autres. Imiter, d'après Fernand, c'était la clé, le fondement de toute vie en société (…) Avec ça tu devrais pouvoir faire illusion en toutes circonstances. Car c'était bien de cela qu'il s'agissait : faire illusion. Ce que j'étais au fond ne comptait pas vraiment, du moment qu'en surface, tout demeurait conforme.

     


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  • Contagion

    de Steven Soderbergh (2011)

    Synopsis et détails

     

    Une pandémie dévastatrice explose à l’échelle du globe… Au Centre de Prévention et de Contrôle des Maladies, des équipes se mobilisent pour tenter de décrypter le génome du mystérieux virus, qui ne cesse de muter. Le Sous-Directeur Cheever, confronté à un vent de panique collective, est obligé d’exposer la vie d’une jeune et courageuse doctoresse. Tandis que les grands groupes pharmaceutiques se livrent une bataille acharnée pour la mise au point d’un vaccin, le Dr. Leonora Orantes, de l’OMS, s’efforce de remonter aux sources du fléau. Les cas mortels se multiplient, jusqu’à mettre en péril les fondements de la société, et un blogueur militant suscite une panique aussi dangereuse que le virus en déclarant qu’on "cache la vérité" à la population…

    --> Une tension quasi insoutenable pour moi... j'ai vraiment besoin de films doux, de fraternité, d'espoir... Le scénario est plutôt sans surprise, mais le film reste à voir si on aime ces situations de tensions. Il ma fait penser au jeu "Pandémie".

     


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